3.2.5 Attentes par rapport au médiateur
Concernant le rôle du médiateur, divers points de
vue émergent malgré un consensus sur certains
éléments. Par exemple, tous les acteurs s'attendent à ce
que le médiateur soit crédible, impartial et compétent
pour bien gérer le processus et pour gagner la confiance des parties en
conflit. Ils croient aussi que le médiateur doit intervenir pour
convaincre les parties d'adhérer à une solution qu'il juge la
meilleure selon les circonstances. D'un autre côté, un acteur a
exprimé clairement que le médiateur détient une obligation
de résultats et que la finalité du processus consiste à
obtenir une entente de règlement où la responsabilité de
l'échec ou de la réussite incombe en bonne partie au
médiateur. Cette attitude par rapport au
médiateur confirme la méconnaissance du rôle du
médiateur comme étant un intervenant qui a une obligation de
moyens afin de transformer une situation conflictuelle en un problème
commun à résoudre et dont la solution sera la meilleure chose
à faire selon les circonstances.
Aussi, les gestionnaires rencontrés considèrent
que le médiateur doit posséder les habiletés requises pour
rapprocher les parties et établir un climat de confiance entre les
belligérants. De même, il doit être
compétent pour orienter les parties sur des pistes de solution et pour
évaluer avec neutralité les conséquences pour chaque
partie advenant une éventuelle poursuite devant les tribunaux. Le besoin
de ce genre de médiation appelée « évaluation neutre
» est très courant dans l'industrie de la construction, surtout aux
États-Unis où elle est perçue comme la dernière
étape d'un continuum avant de s'adresser au tribunal. Pour cette raison,
les gestionnaires interviewés s'attendent à ce que le
médiateur possède certaines compétences techniques
compatibles avec la nature du conflit afin qu'il puisse donner une
appréciation neutre des solutions possibles du conflit. Il doit donc
posséder les capacités de convaincre les parties de la meilleure
solution selon les circonstances.
Par ailleurs, trois acteurs sur sept s'attendent à ce
que le médiateur soit en mesure de bien gérer le volet
émotionnel du conflit, car dans certains cas, derrière une
position tenue par une partie se cache un conflit de personnalité avec
son vis-à-vis. Pour cette raison, il est primordial en premier lieu de
régler la partie émotionnelle afin de se consacrer à la
partie
rationnelle du différend. Ainsi, selon les acteurs, la
recherche de toute solution doit s'appuyer sur des arguments écrits,
objectifs et rationnels. Cette obsession de toujours mettre de l'avant les
arguments rationnels et d'associer la médiation à un processus
quasijudiciaire où on parle souvent des faits, des pièces
justificatives, etc., s'explique par la culture juridique
québécoise qui est fortement influencée par une culture
romaine, latine, française qui a le culte de la Loi135
écrite, par rapport à la culture anglo-saxonne du Commun
Law basée sur la négociation et la jurisprudence. Ceci peut
expliquer d'ailleurs pourquoi la médiation est plus utilisée dans
le reste de Canada et aux États-Unis qu'au Québec et en
France.
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