Deuxième partie : LE TABLEAU DE
BORD PROSPECTIF DE L'HÔPITAL
DE ZONE DE COME
2
Nord-Ouest par le Burkina Faso, à l'Ouest par le Togo,
à l'Est par le Nigéria et au Sud par
l'Océan Atlantique.
Sur le plan administratif, le Bénin est
découpé en douze départements comprenant chacun une
ou plusieurs communes. Le département du Mono est celui au
sein duquel se trouve la Zone
sanitaire de Comé (ZS-C) dont l'Hôpital de
référence est l'Hôpital de Zone de Comé (HZ-C).
La Zone sanitaire de Comé se situe au Sud-ouest
du pays à environ 100 km de la capitale
économique, Cotonou, et jouxte la frontière
togolaise. Elle regroupe quatre communes (Comé,
Grand-Popo, Bopa et Houéyogbé) et couvre une
superficie de 1.120 km pour une population
estimée à 279.209 habitants en 2007 .
Le climat est de type subtropical avec deux saisons de pluies et
deux saisons sèches. Le relief
se présente sous la forme de plateaux avec par endroits
des dépressions marécageuses et des
zones de terres hydromorphes. La ZS-C compte trois lacs
à savoir l'Ahémé, le Toho et le
Togbadji ; elle est traversée par le Mono, le Couffo et le
Sazué qui sont des fleuves.
2°) Contexte socio-économique
L'activité économique du Bénin repose
principalement sur l'agriculture qui occupe 53% de la
population et contribue à hauteur de 37% au
Produit Intérieur Brut (PIB) ; le coton reste la
principale ressource car il procure au pays 80% de ses
recettes d'exportation. Le taux de
croissance économique s'est affaibli ces
dernières années pour s'établir à 3,4% contre
une
moyenne qui oscillait autour de 4% entre 1995 et 2002.
Ce rythme de croissance est jugé
assez faible pour amorcer un processus rapide et durable
de réduction de la pauvreté qui
s'installe de façon persistante. Selon l'enquête
Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-
être 2003 (QUIBB), 22% de la population soit
environ 1,5 million de personnes sont
27 Bilan des activités 2007 de la Zone
sanitaire de Comé, p. 4
30
2
27
CHAPITRE I - LE DIAGNOSTIC STRATEGIQUE DE
L'HÔPITAL DE
ZONE DE COME
Le Balanced Scorecard est au coeur de la gestion
stratégique des organisations ; il joue un rôle
central dans la définition de la stratégie et de
son déploiement au sein des organisations afin
de mobiliser les ressources humaines autour de sa mise en oeuvre
; le construire suppose donc
au préalable une analyse approfondie des forces et
faiblesses de l'organisation ainsi que des
menaces et opportunités de l'environnement dans
lequel elle évolue afin de définir sa
stratégie.
I- Analyse de l'environnement externe
A- Contexte géographique et
socio-économique
1°) Contexte géographique
La République du Bénin est située en Afrique
de l'Ouest sur le Golfe de Guinée. Elle s'étend
de l'Océan Atlantique au Fleuve Niger sur une longueur de
700 km et une largeur de 125 km
sur la côte. Sa superficie est de 114.763 km . Le
Bénin est limité au Nord par le Niger, au
considérées comme extrêmement pauvres et
39% soit 2,6 millions de personnes comme
28
pauvres . Le Bénin est classé dans la
catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA) et
bénéficie de l'initiative pour l'allègement
de la dette des pays pauvres très endettés (Initiative
PPTE) ; dans ce cadre, le pays a élaboré et
mis en oeuvre pour la période 2003 à 2005 son
premier Document de Stratégies de Réduction de la
Pauvreté (DSRP).
Malgré son état de pauvreté, la
population assure le financement d'une bonne partie des
dépenses en santé ; en effet,
conformément à l'Initiative de Bamako, le paiement direct
constitue le principal mode de paiement au niveau des
formations sanitaires du Bénin ; en
2003, 52,1% des 96 milliards de la dépense totale
de santé au Bénin proviennent du
financement direct opéré par les
ménages ; les collectivités locales, les assurances
et
mutuelles de santé, les entreprises publiques et
privées ont contribué pour seulement 0,6% .
30
pour des raisons économiques, la population
émigre vers la Côte-d'Ivoire, le Gabon, le
Nigéria et le Congo où elle forme d'importantes
communautés.
Dans la ZS-C, il existe des initiatives de mutuelle de
santé mais leur impact reste assez faible
pour renverser la tendance de la forte contribution des
ménages aux dépenses de santé. Ainsi,
avec le faible pouvoir d'achat lié à la faiblesse
de l'activité économique, les populations de la
ZS-C sont confrontées à un véritable
problème d'accessibilité financière aux soins de
santé.
B- La demande en santé et l'offre de soins
1°) La demande en santé
Les variables les plus fondamentales de la demande de
santé sont la taille de la population
ainsi que ses structures par âge et par taille. Selon les
projections démographiques de l'Institut
31
National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) ,
la population béninoise en
2007 se situerait autour de 8.053.690 habitants. Elle est soumise
à l'effet conjugué de l'exode
28 Plan National de Développement Sanitaire
(PNDS) 2007-2016, p. 11
29 Ibid., p.18
30 Bilan des activités 2007 de la Zone
sanitaire de Comé, p. 5
31 INSAE, www.insae-bj.org (consulté le 06
octobre 2008).
31
29
Mais prenant conscience des effets négatifs de cette
pauvreté sur la santé des populations, le
Bénin a mis en place depuis 2002 un fonds d'indigence pour
financer les soins de santé des
plus pauvres.
La Zone sanitaire de Comé s'inscrit dans ce
contexte général du Bénin. Les principales
activités génératrices de revenu sont
l'agriculture, la pêche et l'exploitation des carrières.
L'artisanat y est prépondérant. Sur le plan
industriel, la ZS-C abrite une usine d'embouteillage
d'eau minérale connue sous le nom de
Possotomé ; sa bordure avec la mer associée à la
notoriété du lac Ahémé contribue
au développement d'une petite filière touristique ; elle
abrite trois marchés, Comé, Lobogo et Sè,
qui bénéficient d'une audience sous-régionale.
L'activité économique que développent
les populations ne contribue pas à leur procurer des
ressources nécessaires pour s'assurer des
conditions d'existence viables alors qu'il faut
subvenir aux besoins de ménages dont la taille est
estimée en moyenne à 6 personnes . Ainsi,
rural et de l'urbanisation ; au recensement de 1961, la
population rurale représentait 90% de la
population totale, en 1973, elle est passée à 73%,
puis à 64% en 1964 et enfin à 60% en 2002.
La population béninoise est essentiellement jeune
à dominance féminine. En effet, en 2002,
les jeunes de moins de 15 ans représentaient 47% de la
population totale ; de même de 1979 à
2002, 52% de la population était féminine ;
cette dominance de la population béninoise est
plus marquée en milieu rural qu'en ville avec 61,1%.
Cette population a connu une accélération de son
rythme de croissance ; de 1,8% entre 1910
et 1950, le taux de croissance est passé à 2,8%
entre 1979 et 1992 puis à 3,2% entre 1992 et
2002. Avec un taux d'accroissement de 3,25% par an selon
le Recensement Général de la
Population et de l'Habitat de 2002 (RGPH 2002), le
Bénin est l'un des pays à fort taux de
croissance démographique au monde, un niveau
expliqué par une fécondité encore
élevée
exprimée par l'indice synthétique de
fécondité qui s'établit à 5,7 enfants par femme .
Cette croissance démographique exerce une influence
sur l'évolution de la demande sociale
notamment de santé. Parmi les critères utiles pour
apprécier l'ampleur et la nature des besoins
de santé, figurent l'espérance de vie, la
mortalité et la morbidité
Au Bénin, malgré les nombreux efforts fournis, le
profil sanitaire du pays reste caractérisé par
un tableau de morbidité élevée . Les
indicateurs ci-après illustrent cette situation :
- selon les données de l'Enquête
Démographique et de Santé (EDS) III réalisée
en 2006, le
taux de mortalité maternelle est de 397 femmes pour 100
000 naissances vivantes en 2006 ;
- la mortalité infantile demeure élevée
à 67 pour mille naissances en 2006 (EDS III) ;
- le taux de mortalité infanto-juvénile est de 125
pour mille naissances vivantes en 2006 (EDS
III) ;
- l'espérance de vie s'établit à 57, 18 pour
les hommes et à 61,25 pour les femmes .
Face à l'ampleur ainsi notée de la demande en
santé, quelle est donc la réponse apportée en
termes d'offre de soins ?
2°) L'offre de soins
L'appréciation de l'offre de soins prendra appui sur trois
éléments principaux : l'accessibilité
géographique, la couverture en équipements et celle
en ressources humaines.
L'accessibilité géographique aux soins et aux
services de santé est définie par le pourcentage
de la population qui vit à moins de 5 kilomètres
d'un centre de santé ; au Bénin, environ 66%
des ménages ont accès à une formation
sanitaire dans leur localité dans un rayon de 5
kilomètres . En ce qui concerne
l'accessibilité aux formations sanitaires de première
32 Rapport préliminaire de l'EDS III 2006, p. 9
33 PNDS 2007-2016, p.14
34 Dossier Technique et Financier du Projet d'Appui
à la Zone Sanitaire Comé-II, p. 18
35 PNDS 2007-2016, p. 15
32
32
33
34
35
référence, plus de 50% de la population
béninoise a accès à un hôpital de
référence en cas de
nécessité tandis que 13% vit encore à
plus de 30 kilomètres d'un hôpital de
référence. En
milieu rural, la situation est davantage
préoccupante car seulement 34% des communautés
rurales ont accès à un hôpital à moins
de 5 kilomètres contre 74% en milieu urbain.
En matière de ressources humaines en santé,
on comptait 6275 agents de santé dans les
formations sanitaires publiques et privées du pays ;
avec cet effectif, le nombre d'habitants
par médecin est de 7006 dans l'ensemble du pays
; il s'agit là d'un ratio relativement
37
cache la réalité dans certaines régions. La
Zone sanitaire de Comé présente des particularités.
Selon les résultats du monitoring des
activités du premier semestre 2008, l'accessibilité aux
38
soins curatifs dans cette Zone sanitaire a
été estimée à 76,72% . L'accessibilité
aux soins
reste ainsi une préoccupation comme il reste
également des efforts à faire en matière de
couverture en infrastructures et équipements.
36
satisfaisant au regard des normes de l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) mais qui
En effet, la ZS-C enregistre une couverture en
infrastructures de 96%
39
avec toutefois des
40
ratios relatif au nombre d'habitants par infirmier et
sage-femme sont satisfaisants au regard
des normes OMS dans cette zone sanitaire.
En conclusion, le secteur santé ne se trouve pas dans une
situation de surcapacité car l'offre
de soins reste insuffisante.
C- Les acteurs du secteur de la santé
1°) Les acteurs opérationnels
Trois acteurs principaux contribuent à l'offre de soins au
Bénin : le secteur public, le secteur
privé et la médecine traditionnelle.
L'offre de soins du secteur public est fournie par un
réseau de formations sanitaires intégrées
dans une organisation pyramidale et étendu à
l'ensemble du pays. Au niveau central ou
36 PNDS 2007-2016, p. 21
37 1 médecin pour 10000 habitants, 1 infirmier
pour 5000 habitants et 1 sage-femme pour 5000 habitants.
38 Rapport du monitoring des activités du
premier semestre 2008 de la Zone sanitaire de Comé
39 Annuaire des statistiques sanitaires 2006 de la
Direction départementale de la Santé du Mono et du Couffo, p.
18
40 Annuaire des statistiques sanitaires 2006 de la
Direction départementale de la Santé du Mono et du Couffo, p.
22
33
insuffisances ; certaines formations sanitaires ne sont pas
conformes aux normes en vigueur,
d'autres sont vétustes et nécessitent donc une
réhabilitation. Il n'existe pas de statistiques sur
le taux d'équipement dans la ZS-C ; mais l'intervention
belge de 1999 à 2003 a contribué au
renforcement des équipements au niveau des formations
sanitaires de cette zone. Aujourd'hui,
l'une des préoccupations reste le renouvellement de
ces équipements devenus vétustes et
insuffisants.
Au niveau des ressources humaines, la ZS-C enregistre 1
médecin pour 30284 habitants, 1
infirmier pour 3494 habitants et 1 sage-femme pour 2029 habitants
. Il apparaît que seuls les
national, on retrouve comme structures de soins le
Centre National Hospitalier et
Universitaire (CNHU) Hubert Koutoukou MAGA, le
Centre National de Pneumo-
phtisiologie, le Centre National de Psychiatrie et
l'Hôpital de la Mère et de l'Enfant Lagune
(Ex Maternité Lagune). Au niveau intermédiaire
ou départemental, le Centre Hospitalier
Départemental (CHD) constitue le centre de
référence pour les cas référés par les
hôpitaux de
zone ou par les centres de santé ; il en existe
actuellement 5 à raison d'un pour deux
41
départements , à l'exception du
département de l'Atlantique-Littoral qui ne dispose pas d'un
CHD. Enfin le niveau périphérique qui
représente l'entité opérationnelle la plus
décentralisée
du système sanitaire. Le territoire national est
réparti en 33 zones. Chaque zone dénommée
Zone Sanitaire regroupe un certain nombre de services de
santé publics de premier contact,
Unités Villageoises de Santé ou Centres de
Santé (UVS et CS), et des formations sanitaires
privées, appuyés par un hôpital de
référence (public ou privé), appelé
Hôpital de Zone. La
Zone sanitaire de Comé constitue l'une des deux
zones du Département du Mono. Au plan
technique, cette zone est constituée d'un hôpital de
zone, hôpital de première référence, relié
à
34 centres de santé.
Figure n° 10 : Vue générale de la
position de l'Hôpital dans la Zone sanitaire
CENTRE
DE SANTE
CENTRE
DE SANTE
HÔPITAL
DE ZONE
CENTRE
DE SANTE
CENTRE
DE SANTE
Le secteur public apparaît ainsi être le
principal acteur de l'offre de soins dans la Zone
sanitaire de Comé. A ce titre il apporte une contribution
notable au financement des activités
de soins. En 2003, la contribution du budget national
représentait 30,8% des 96 milliards de
41 Il faut souligner que l'ancienne l'organisation
administrative du Bénin découpait le pays en six
départements ;
avec la réforme de l'administration, les anciens
départements ont été découpés chacun en deux
; les CHD des
nouveaux départements n'ayant pas été
construits, ceux existants continuent de couvrir leur ancienne aire
sanitaire, donc deux départements actuels.
34
dépense totale en santé du Bénin dont
29,5% consacrés aux hôpitaux . En 2006, l'Etat a
43
matière d'équipements et de personnel
spécialisé.
On peut constater l'intégration des structures
privées au niveau périphérique de la pyramide
sanitaire ; cependant, il importe de porter un regard
attentionné au secteur privé. Depuis
l'adoption du libéralisme, on assiste à une
émergence du secteur privé. Déjà en 1998, on
dénombrait 660 formations sanitaires privées
au Bénin avec 60% d'entre elles concentrées
44
dans la seule ville de Cotonou . On distingue le
privé libéral et le privé confessionnel et
associatif. L'Etat béninois a entrepris de
réglementer les activités du secteur privé sans y
parvenir. De nombreuses entités privées
exercent sans avoir obtenu l'agrément des autorités
sanitaires du pays. Dans la seule Zone sanitaire de Comé,
on dénombre environ 24 structures
privées exerçant pour la plupart dans
l'illégalité et ne fournissant aucune statistique
sanitaire. Elles échappent ainsi à tout
encadrement et n'offrent aucune garantie en termes
d'équipements et de personnel qualifié alors
qu'elles exercent une forte attraction sur les
populations. Le risque engendré par cette situation
reste une prise en charge inefficace des
problèmes de santé des populations
couplée d'une prise en charge tardive au niveau des
structures publiques mieux équipées.
La médecine traditionnelle enregistre une forte
fréquentation car elle reste très ancrée dans les
habitudes culturelles ; cependant, il est difficile de disposer
de statistiques la concernant, les
ressources et les activités étant mal connues ;
elle n'est pas intégrée à la médecine moderne et
il n'existe aucune confiance entre les agents de
santé et les guérisseurs traditionnels. Les
autorités sanitaires ont encouragé les
praticiens de la médecine traditionnelle à se constituer
en association nationale avec pour objectifs de
codifier leur pratique, d'assurer la
disponibilité, l'accessibilité et l'usage
rationnel des médicaments traditionnels efficaces. Un
programme de promotion de la médecine traditionnelle a
été lancé mais est loin de porter les
fruits escomptés. Dans ces conditions, nul ne
mesure l'impact négatif de cette modalité de
prise en charge des problèmes de santé des
populations ; les mêmes risques évoqués en ce qui
concerne le secteur privé dans la Zone sanitaire de
Comé restent préoccupants ici.
L'analyse des différents acteurs de l'offre de
soins dans la Zone sanitaire de Comé fait
apparaître le rôle primordial joué par
l'Etat dans la mise en place d'un réseau public qui
bénéficie d'un financement ; on note
également la présence d'un secteur privé et la
médecine
traditionnelle qui sont loin d'offrir des garanties
de qualité en ce qui concerne leurs
prestations. Dans ces conditions, le réseau public
apparaît plus à même de garantir des soins
de qualité dans la Zone sanitaire de Comé
surtout qu'aucune structure privée ne peut
prétendre au rang d'hôpital de
référence à l'instar de l'HZ-C.
45
42
contribué au fonctionnement de la Zone sanitaire de
Comé pour un montant de 136,238
millions de francs CFA . Cet apport est cependant loin de
combler les attentes notamment en
42 PNDS 2007-2016, p. 18-19
43 Annuaire des statistiques sanitaires 2006 de la
Direction départementale de la Santé du Mono et du Couffo, p.
25
44 Ibid., p. 27
45 Dossier Technique et Financier du Projet d'Appui
à la Zone Sanitaire Comé-II, p. 13
35
2°) Les partenaires présents
De 1999 à 2003, le Projet d'Appui aux Zones
Sanitaires du Mono (PAZS-Mono) a été le
principal partenaire de l'HZ-C. Après avoir
apporté son appui technique et financier au
réaménagement, à l'achèvement et
à l'équipement de cet hôpital, le PAZS-Mono lui a
apporté
un important appui budgétaire et technique qui
représentait environ le tiers de son budget de
fonctionnement. Le PAZS-Mono a pris fin en décembre
2003 mais l'HZ-C a bénéficié en
2005 d'un appui financier pour l'achat de
médicaments d'un montant de 23.591.845 francs
CFA.
D'autres partenaires ont apporté et continuent
d'apporter leur appui à l'HZ-C depuis 2006.
Ainsi :
- les organisations non gouvernementales Médecins du Monde
(MDM) et Africare à travers le
Projet IST/VIH/SIDA Ahémé (PIVA) ont apporté
un appui en équipements de laboratoire, en
matériels pour le service social et les services
médicaux dans le cadre de la prise en charge du
VIH/SIDA ;
- l'Association pour la Promotion de l'Enseignement et de la
Formation à l'Etranger (APEFE)
a assuré l'équipement complet du service de
kinésithérapie d'une valeur de 5 millions de
francs CFA et un accompagnement technique grâce au Projet
d'Appui au Développement de
la Kinésithérapie (PADK) ;
- le Programme Alimentaire Mondial (PAM) apporte un appui
alimentaire pour la prise en
charge des Personnes vivant avec le VIH/SIDA (PVVIH/SIDA) ;
Mais l'appui le plus déterminant vient encore une
fois de la Coopération belge à travers le
Projet d'Appui à la Zone Sanitaire de Comé
II (PAZS-C II). Ce projet dont le démarrage
initial a lieu en janvier 2007 prévoit d'investir comme
contribution belge un budget total de
2.984.866 € sur une durée de trois
ans. Il vise une amélioration des capacités des
institutions, de leur personnel et des interactions entre les
acteurs. Cependant, 22% du budget
seront consacrés aux investissements.
L'innovation principale de ce projet reste
l'institutionnalisation de la demande de soins avec
la création d'une Plate-forme Société
Civile et Santé (PSCS). La PSCS, appuyée par des
professionnels de la santé, remplit une série
de fonctions dont la plus notable reste celle
d'achat de services de santé et d'appui au
mouvement du mutualisme. Au total 31,1% du
budget seront destinés à l'appui à la
demande.
Toute cette intervention du PAZS-C II est étendue
à l'ensemble de la Zone sanitaire de
Comé ; cependant, l'HZ-C du fait de sa position
privilégiée au coeur de cette zone sanitaire en
tirera un grand profit notamment en termes d'apport en
matériels, de motivation de son
personnel avec la prime à la performance et enfin
de contribution à l'amélioration de
l'accessibilité financière des populations
grâce à l'action de la PSCS.
46
46 Ibid., p. 75
36
Après cette première période de trois
ans, il est envisagé une seconde phase qui portera la
durée de l'intervention jusqu'à 10-15 ans
dans un souci de consolidation des acquis qui
auront été obtenus à la suite de la
première période.
II- Analyse de l'environnement interne
A- Cadre institutionnel et opérationnel de
l'Hôpital de Zone de Comé
L'organisation administrative, technique et institutionnelle
de l'Hôpital de Zone repose sur
deux textes essentiels :
- le décret N° 2002-0113 du 12 mars 2002
portant approbation des statuts des Hôpitaux de
Zone en République du Bénin ;
- le règlement intérieur de l'Hôpital de Zone
de Comé du 02 mars 2004 adopté par le Conseil
de Gestion et homologué par la Direction
Départementale du Travail du Mono.
De façon pratique, l'Hôpital fonctionne sur la
base des dispositions issues de ces textes qui
fixent le cadre juridique et les modalités d'exercice de
ses activités.
1°) Cadre institutionnel
Au plan institutionnel, l'Hôpital de Zone de Comé
est doté de la personnalité morale et jouit
de l'autonomie de gestion ; le cadre institutionnel de
l'Hôpital de Zone de Comé met en relief
les différentes structures contribuant au fonctionnement
de l'établissement, à savoir :
- le Conseil de Gestion (CG) : organe délibérant
faisant office de conseil d'administration ; il
est composé des représentants des
collectivités locales, de l'Etat et des organismes qui
participent au développement du secteur santé dans
la Zone. Le Conseil de Gestion se réunit
en session ordinaire deux fois par an et en session
extraordinaire chaque fois que nécessaire ;
- le Comité de Direction (CODIR) : organe consultatif
obligatoire ; il est consulté sur toutes
les questions relatives à l'élaboration du
budget et à la politique générale de
l'hôpital ; il se
réunit en session ordinaire une fois par mois et en
session extraordinaire en cas de besoin ;
- la Commission Médicale Consultative (CMC) : organe
consulté sur les principales affaires
concernant les activités de santé, la
répartition, l'organisation et le fonctionnement des
services médicaux et médico-techniques. Elle est
composée des chefs des services médicaux
et médico-techniques de l'Hôpital et se
réunit en séance ordinaire une fois par trimestre et, en
cas de nécessité, en séance extraordinaire.
- la Commission d'Hygiène et de
Sécurité (CHS) : qui s'occupe des questions relatives
à
l'hygiène, à la gestion des déchets produits
en milieu hospitalier, à la salubrité et à la
sécurité.
Elle regroupe l'Infirmier Général et un
représentant par service. Elle se réunit en session
ordinaire une fois par trimestre et en session extraordinaire en
cas de nécessité.
47
47 Ibid., p.12
37
- Enfin, les Assemblées Générales du
personnel dans les services et l'Assemblée Générale de
tout le personnel de l'Hôpital constituent des cadres de
concertation, d'échanges et de prise
de décisions pour la bonne marche de l'institution.
2°) Cadre opérationnel
Deux aspects fondamentaux seront abordés : l'organisation
administrative et celle technique.
L'organigramme de l'Hôpital (annexe n° 1) permet
de relever la gestion administrative de
l'HZ-C. La direction de l'HZ-C est assurée par le
Directeur assisté d'un staff composé du
Chef du Service des Affaires Administratives et
Economiques, du chef du Service des
Affaires Financières, des chefs des services
médicaux et techniques ainsi que de l'Infirmier
Général. Réunis en CODIR, ces
différents responsables assurent la gestion administrative de
l'HZ-C. Les décisions prises sont relayées au
niveau des services par les chefs de service dont
l'implication dans la mise en oeuvre desdites décisions
est déterminante.
Au plan technique, il convient de souligner que
l'hôpital de Zone est le centre de première
référence en matière de prestation de
soins des centres de santé de la Zone Sanitaire de
Comé ; il est ainsi l'un des éléments
clés du système de santé et est complémentaire au
réseau
des centres de santé qu'il soutient. Il est chargé
de la prise en compte des problèmes de santé
dépassant les compétences desdits centres et
dispose pour jouer ce rôle des services et unités
techniques ci-après :
·
·
·
·
·
·
·
·
·
Le Service de la Gynécologie et de l'Obstétrique ;
Le Service de la Chirurgie ;
Le Service de la Médecine et de la Pédiatrie ;
Le Service des Urgences et Soins Intensifs ;
Le Service de l'Ophtalmologie ;
Le Service de la Stomatologie ;
Le Service de Laboratoire d'Analyses et de Banque de Sang ;
Le Service de Radiologie ;
Le Service de Kinésithérapie ;
Pour le fonctionnement de ces services, l'Hôpital
dispose de ressources et de compétences
dont l'analyse suit.
B- Analyse des ressources et compétences de
l'Hôpital de Zone de Comé
1°) Les ressources immatérielles
L'activité principale de l'HZ-C est de produire des
services de santé pour satisfaire la
demande en santé des populations de la Zone
sanitaire de Comé ; la principale ressource
38
immatérielle dont l'HZ-C peut se prévaloir
reste la renommée dont il peut jouir au sein des
bénéficiaires des services qu'il offre, les
patients et les prestataires des centres de santé
périphériques.
Aujourd'hui, l'HZ-C ne bénéficie pas d'une bonne
renommée au sein de ses clients. Lors des
activités de sensibilisation initiées par le PAZS-C
II avec les représentants des communautés
et des élus locaux, plusieurs récriminations
ont été faites à l'endroit de l'HZ-C ; le rapport
préliminaire de cette série de séances
qui s'est déroulée dans la période du 28 juillet
au 12
août 2008 a rapporté la fréquence
élevée des expériences malheureuses que les
populations
déclarent avoir vécues à l'HZ-C ; elles
ont le plus souvent trait à la qualité de la prise en
charge, au coût des prestations et des modalités de
paiement desdites prestations. Par ailleurs,
les relations entre l'HZ-C et les centres de santé
périphériques sont presque inexistantes du
fait des dysfonctionnements notés à l'HZ-C. Il
existe une grande insatisfaction des prestataires
de ces centres car les patients référés ne
sont plus certains de bénéficier d'une prise en charge
à l'HZ-C.
L'attitude de la population en rapport avec le coût des
prestations tire en partie sa source de la
première intervention belge. Dans le cadre de la recherche
opérationnelle, l'Hôpital a démarré
ses activités avec un système de tarification au
forfait ; après avoir payé un forfait, le malade
était intégralement pris en charge ; ce
mécanisme de paiement avait donc deux avantages :
faciliter l'accessibilité financière du patient
et assurer la continuité des soins. Le système a
fonctionné tant que l'appui financier belge le
soutenait ; cependant, dans le cadre du retrait
belge, et en prélude à la fin du PAZS-Mono, une
étude sur la viabilité financière de l'Hôpital
a conclu à la nécessité d'apporter des
corrections à ce mécanisme ; depuis août 2004, les
médicaments ne font plus partie du montant forfaitaire
payé par le malade. Par ailleurs, une
étude récente initiée par l'Administration
de l'HZ-C auprès des hôpitaux de la région sud du
Bénin a révélé qu'en
réalité, les tarifs des prestations pratiqués au niveau de
l'HZ-C sont pour
la plupart en deçà de ceux pratiqués
dans ces hôpitaux ; à cela s'ajoute la réduction,
par le
Ministère de la Santé en 2007, de la marge
bénéficiaire réalisée sur les médicaments
par les
structures sanitaires. Malgré ces efforts, la
population a des difficultés à honorer dès
prescription les ordonnances de médicaments
délivrées tout le long du traitement.
2°) Les ressources matérielles
L'Hôpital de Zone de Comé dispose d'un minimum de
matériels et équipements nécessaires à
l'exécution de ses activités. Il dispose
d'unité d'échographie avec un échographe, d'un bloc
opératoire à deux salles (une petite et une
grande), des unités de stérilisation, d'un dispositif
anesthésique, d'un appareil de radiologie, d'une
unité de transfusion sanguine, d'une unité
d'examens biologiques, ainsi que du matériel
complémentaire qui permettent à l'HZ-C de
disposer d'un plateau technique en relation avec sa
mission ; il faut signaler également les
équipements de stomatologie et d'ophtalmologie. Il
existe également un groupe électrogène
qui prend la relève de la fourniture de
l'énergie électrique en cas de difficultés du
réseau
public. Une ambulance est également disponible pour le
transport des malades référés.
Des efforts sont faits pour la bonne gestion de ces
équipements et matériels ; ainsi, tout le
matériel médico-technique a été
immatriculé en 2004 et chaque service dispose d'un registre
39
de matériels. Ce registre contient la liste exhaustive
des matériels existants dans le service et il
est actualisé pour toute nouvelle acquisition ou
transfert vers un autre service ; de même au
sein de l'Hôpital, trois ateliers de plomberie,
d'électricité et de mécanique sont mis à
contribution pour la maintenance de ces équipements.
Cependant, il subsiste des problèmes. La plupart de ces
matériels et équipements acquis dans
le cadre de l'exécution du PAZS-Mono ont été
mis en service en octobre 2001 au démarrage
des activités de l'Hôpital. Après
presque sept années d'utilisation, la plupart des
matériels
sont obsolètes et les équipements en
place sont désuets par rapport aux nouvelles
technologies. En conséquence, leur entretien et leur
réparation nécessitent de gros moyens ;
les réparations sont effectuées au cas par cas sans
un mécanisme de maintenance préventive et
curative approprié. Par ailleurs, il subsiste
quelques insuffisances liées aux matériels
disponibles ; l'ambulance déjà
complètement amortie n'est pas médicalisée ; la
deuxième
table du bloc opératoire n'est pas
opérationnelle car il n'existe pas de table d'anesthésie.
Il
faut souligner également la mauvaise utilisation des
équipements par les utilisateurs.
Face à ces problèmes, l'effort de renouvellement
des matériels et équipements fait par l'HZ-C
ne semble pas être à la hauteur des besoins. En
2006, le montant de l'investissement réalisé
sur fonds propres s'est élevé à 7.566.495
francs CFA ; il a servi principalement à l'acquisition
de climatiseurs et d'une tondeuse à gazon pour
5.921.570 francs CFA, d'un aspirateur
électrique pour le service de pédiatrie et d'une
imprimante pour l'appareil d'échographie pour
940.000 francs CFA. ; en 2007, au total 3.996.400 francs CFA ont
été consacrés à l'achat d'un
onduleur pour l'appareil d'échographie, d'un
oxymètre de pouls, d'un laryngoscope, d'un
poupinel électrique et d'un chariot pour obus
d'oxygène.
La faiblesse des efforts de renouvellement des
matériels et équipements peut être due à
l'insuffisance des ressources financières et à la
prépondérance des charges de fonctionnement.
3°) Les ressources financières
L'analyse des ressources financières de l'HZ-C se fera au
regard de ses ressources et de ses
charges.
Tableau n° 3 : Evolution des ressources de l'HZ-C
Sources
Recettes propres
Etat
Crédit délégués
Crédits non délégués
2004
64891871
30951600
2005
90912140
31080000
2006
2007
PAZS-Mono
TOTAL
2003
63785300
30751600
46732972
36844542
115225199 119072501
34000000 21500000
50981064 105255872 131242782 131242782
n.d* 23591845 0
0
178114414 146824535 250839857 280469987
271817290
* le salaire des agents de la maintenance a été
assuré par une partie du reliquat du PAZS-Mono
Source : Service des Affaires financières de l'HZ-C
40
L'examen des données du tableau fait ressortir que de
2003 à 2007, les ressources de l'HZ-C
proviennent de trois sources : les recettes liées aux
activités, les subventions de l'Etat béninois
et celles du PAZS-Mono.
L'Etat béninois contribue au financement de l'HZ-C
à travers deux types de subventions ;
d'abord celles déléguées dont la gestion
directe ne relève pas de l'HZ-C mais plutôt du bureau
de coordination de la Zone sanitaire de Comé
; il s'agit des crédits délégués pour
l'exploitation de l'HZ-C qui permettent à ce
dernier de réceptionner des biens et services
acquis à son profit par ce bureau; ensuite celles non
déléguées qui se présentent sous la forme
des rémunérations payées aux agents de
l'Etat mis à la disposition de l'HZ-C. De 2003 à
2006, les crédits délégués ont connu
une augmentation régulière avant de subir une baisse de
36,76% en 2007 par rapport aux crédits de 2005,
une baisse liée aux difficultés financières
rencontrées par l'Etat béninois ; par contre
les crédits non délégués ont suivi une
évolution
positive, preuve de l'importance du personnel mis en place sur
financement de l'Etat.
Les subventions du PAZS-Mono sont notées en 2003
puis en 2005 ; celles de 2005 sont
d'ordre exceptionnel et ont été faites sur les
reliquats, étant donné que le PAZS-Mono a pris
fin en 2003.
Quant aux recettes propres de l'HZ-C, leur analyse
présente un intérêt certain puisqu'elles
donnent des indications sur le volume d'activités
de l'HZ-C. Les données indiquent une
évolution positive de 2003 à 2007. Mais il convient
de noter qu'en 2007, les recettes propres
réalisées intègrent les créances
antérieures recouvrées d'un montant de 9.628.028 francs
CFA ; cette information permet de révéler
qu'en réalité, les recettes propres ont baissé
d'environ 5% par rapport à leur niveau de 2006.
Les statistiques financières disponibles ne
permettent pas de faire la même analyse pour les
années antérieures. Par ailleurs, il faut
remarquer que l'essentiel des recettes propres est
réalisé grâce à la conservation des corps des
personnes décédées et à la vente des
médicaments.
Tableau n° 4 : Contribution de la morgue et de la
pharmacie aux recettes de l'HZ-C
Sources de recettes
Pharmacie (P)
Morgue (M)
Total P & M
Recettes totales
Total autres services
Contribution P & M
(%) aux recettes
propres
2004
10207931
23921150
34131085
64891871
30760786
53%
2005
28681930
20727000
49410935
90912140
41501205
54%
2006
44890720
27136500
72029226
115225199
43195973
63%
2007
35908640
28883000
64793647
109444473
44650826
59%
Source : Service des Affaires financières de l'HZ-C
A elles seules, la vente de médicaments et la conservation
des corps contribuent aux recettes
propres à plus de 50%. Ces deux activités
présentent une particularité : la majorité des corps
41
conservés à la morgue proviennent de
l'extérieur de l'HZ-C et beaucoup d'usagers de la
pharmacie proviennent de l'extérieur et donc font des
achats de médicaments qui ne sont pas
demandés par les services de l'HZ-C dans le cadre du
traitement des malades reçus à l'HZ-C ;
en ce qui concerne la pharmacie, il n'existe pas de
données statistiques sur les achats
extérieurs aux besoins des malades de l'HZ-C ;
à la morgue, cependant, les données sont
disponibles ; ainsi, les statistiques de 2007 ont
révélé que 86,1% des corps conservés
proviennent de l'extérieur de l'HZ-C. D'autres
unités de l'HZ-C comme la radiologie, le
laboratoire ou encore l'échographie enregistrent des
sollicitations non liées aux besoins des
malades de l'HZ-C et relevant de demandes
extérieures. Il convient de faire observer qu'en
2007, le Ministère de la Santé a réduit la
marge bénéficiaire sur les produits pharmaceutiques
qui est passé de 1,5 à 0,5 du prix d'achat. Ce qui
réduira sensiblement à l'avenir les recettes
sur médicaments.
L'analyse des dépenses se fera en considérant les
charges sur fonds propres.
Tableau n° 5 : Dépenses de personnel et
d'investissement sur fonds propres de l'HZ-C
Destination
Charges sur fonds
propres
Masse salariale
Part consacrée au
personnel
Investissement
Part investissement
2004
69230807
20750637
30%
650000
1%
2005
103589277
29650452
29%
0
0%
2006
119880511
35582035
30%
7566495
6%
2007
116878496
36807421
31%
3996400
3%
Source : Service des Affaires financières de l'HZ-C
De ce tableau, on peut relever trois constats ; d'abord,
les charges sur fonds propres sont
supérieures aux recettes propres
réalisées ; ensuite, les investissements
réalisés sont
faibles avec un pic seulement à 6% en 2006 ; enfin, les
dépenses de personnel occupent une
part importante, environ 30%, des charges sur fonds propres.
42
4°) Les ressources humaines
L'effectif du personnel de l'Hôpital de Zone de
Comé au 31 août 2008 est de 114 agents
répartis comme suit :
Tableau n° 6 : Répartition du personnel de
l'HZ-C
Catégories de personnel
Personnel médical
Personnel paramédical
Personnel administratif et logistique
Total
Effectif total
8
76
30
114
Source : Service des Affaires Administratives et
Economiques/Division chargée du Personnel
Cet effectif est largement au-dessus des normes et standards en
matière de personnel édictés
au début de l'expérience des hôpitaux
de zone qui prévoyaient au total 56 agents. En effet,
l'esprit qui a prévalu lors de l'édiction de
ces normes pour les hôpitaux de zone est en
déphasage aujourd'hui avec l'ampleur que ces structures
hospitalières ont prise ; par ailleurs,
le type d'organisation mis en place contribue à
accroître la demande en personnel. Ainsi,
chaque service dans son rôle de surveillance et de
traitement continu des malades qu'il reçoit
met en place une organisation des soins 24 h/24 h ; ce qui
nécessite que plusieurs équipes se
relaient en tenant compte de la durée légale
hebdomadaire du travail qui est de 40 h ; pour
assurer donc la continuité et la permanence des services,
plusieurs postes doivent être occupés
par 3 à 4 personnes. Il en découle un
important besoin en personnel notamment médical
auquel l'Hôpital est confronté.
En effet, le personnel paramédical constitue
à lui seul 67% de l'effectif du personnel de
l'Hôpital de Zone de Comé au 31 août
2008 tandis que celle médical n'en fait que 7%.
Lorsqu'on s'intéresse de près à
l'évolution du personnel spécialisé de l'HZ-C, on
se rend
compte des difficultés rencontrées.
Tableau n° 7 : Evolution de l'effectif du personnel
spécialisé de l'HZ-C
Catégories
Chirurgien
Médecin généraliste
Médecin pédiatre
Gynécologue
Anesthésiste
Total
2004
1
5
1
1
1
9
2005
2
5
1
1
4
13
2006
1
3
1
1
2
8
2007
1
3
1
1
3
9
2008
2
2
1
3
1
9
Source : Service des Affaires Administratives et
Economiques/Division chargée du Personnel
43
De 2004 à 2008, les données expriment une
insuffisance du personnel spécialisé qui est au
coeur de la mission de l'Hôpital de Zone de
Comé ; dans sa fonction d'hôpital de première
référence, la disponibilité du personnel
spécialisé est indispensable pour apporter la qualité du
service attendue par les populations et qu'elles n'ont pu obtenir
dans les formations sanitaires
de premier niveau. Par ailleurs, la fluctuation du nombre
de spécialistes s'explique par
l'instabilité notée chez ceux recrutés sur
les fonds propres de l'Hôpital de Zone de Comé car
pour être à la hauteur, l'HZ-C a dû
recourir à des spécialistes extérieurs parfois
à temps
partiel. Cette insuffisance du personnel
spécialisé entraîne une présence médicale
qui n'est
pas permanente.
Cependant, on peut toujours s'interroger sur la pertinence
du mode d'organisation mis en
place, car on peut estimer que l'HZ-C aurait pu
s'accommoder du personnel existant et
développer des synergies entre les services, synergies qui
n'existent pas aujourd'hui.
5°) Le management de l'Hôpital de Zone de
Comé
L'organigramme de l'Hôpital de Zone définit
trois niveaux : la Direction, les Chefs de
services aidés des Majors et le personnel
affecté aux tâches opérationnelles. Les Chefs de
service participent peu aux séances du
Comité de Direction, ce qui entraîne des
dysfonctionnements dans la chaîne de commandement de
l'HZ-C. Le rôle de relais que
devraient jouer les Chefs de service entre l'Administration et le
personnel est insuffisamment
joué et il en découle une lenteur ou une non
application des décisions prises soit en Comité de
Direction soit lors des séances de concertation avec le
personnel. Par ailleurs, il n'existe pas
une définition claire des attributions des chefs de
service et il est observé un faible sens de
responsabilité en ce qui concerne la gestion de leur
service.
D'un point de vue général, on observe des
dysfonctionnements au niveau des organes ;
irrégularité des réunions, absences
des membres aux réunions en sont les manifestions
visibles ; il en découle pour les membres une
inappropriation de leurs responsabilités.
Les divers entretiens ont révélé que
ces dysfonctionnements ont un impact certain sur
l'encadrement du personnel affecté aux tâches
opérationnelles. La communication est difficile
entre le personnel et l'Administration ; les
représentants du personnel ne prennent aucune
initiative dans ce sens pour en améliorer la
qualité ; le personnel estime que l'Administration
ne réagit pas promptement à ses sollicitations
relatives aux conditions de travail ; des salles de
garde sans serrures, des robinets qui coulent, des toilettes en
panne ajoutés à des besoins non
satisfaits de matériels de travail, constituent les
motifs de récriminations du personnel à
l'endroit de l'Administration. A ces éléments
de démotivation du personnel s'ajoutent les
préoccupations relatives aux incitations
financières que le personnel juge insuffisantes ; la
conséquence décriée par l'Administration,
c'est le faible niveau de conscience professionnelle
du personnel qui s'acquitte sans enthousiasme de ses
tâches. Mais au-delà des torts que se
jettent le personnel et l'Administration, se projette un
énorme besoin en communication
autour d'objectifs clairement définis
accompagnés de moyens de réalisation discutés et
partagés par les acteurs de l'HZ-C.
44
En effet, les entretiens ont révélé
qu'après le premier plan directeur élaboré et mis en
oeuvre
pour la période 2003-2005, l'HZ-C n'a plus mené
aucune réflexion sur son futur ; il n'existe
pas de vision ni de valeurs partagées par les
différents acteurs à travers une réflexion
participative ; la mission de l'HZ-C ne semble pas
être bien précisée en dehors de ce
qu'indique le cadre juridique lui aussi approximatif ; il
n'existe pas non plus un plan
stratégique qui définit des actions à mener
pour construire un meilleur avenir pour l'Hôpital
de Zone. Une autre faiblesse, c'est l'inexistence d'un
mécanisme formel de suivi et de
pilotage de la performance de l'HZ-C au niveau de la
Direction et à celui des services. Le
système d'information sanitaire présente des
défaillances ; il se confine dans un rôle de
reporting pour les autorités centrales et sa production ne
fait aucunement l'objet d'une analyse
au niveau de l'HZ-C si ce n'est pour réaliser le
bilan annuel des activités. La réflexion
stratégique est menée au niveau de l'Equipe
d'Encadrement, responsable de la gestion
administrative de la Zone sanitaire, dont fait partie la
plupart des chefs de service de
l'Hôpital, mais elle n'est plus poursuivie au sein de
l'HZ-C.
6°) L'évolution des activités de
l'Hôpital de Zone de Comé
L'analyse des activités se fera au regard de
l'évolution des consultations et accouchements,
celle des prestations des services techniques et celle des
principaux paramètres hospitaliers.
Tableau n° 8 : Evolution des consultations et des
accouchements
Activités
Consultations
Nombre d'accouchements
2004
2181
450
2005
3136
492
2006
3783
604
2007
4144
459
48
niveau d'activités du Service de
Gynéco-obstétrique reste assez faible ; cette situation est une
résultante des dysfonctionnements observés au
niveau du système de référence et de contre
référence ; il s'agit du système reliant le
réseau de centres de santé périphériques à
l'Hôpital
de Zone et leur permettant de référer les cas dont
le traitement nécessite un plateau technique
du niveau de l'HZ-C ; les problèmes organisationnels
de l'HZ-C ont contribué à la perte de
confiance des prestataires du réseau de ces centres
de santé en la capacité de l'HZ-C à
satisfaire leurs attentes et celles de leurs patients. Ce faible
niveau d'activités est aussi observé
au niveau des prestations des services techniques.
48 Le nombre total des accouchements attendus est
calculé en multipliant la population totale par le taux de
natalité ; au Bénin, le taux de
natalité se situe aujourd'hui autour de 4% ; lorsque ce taux
est rapporté à la
population de la Zone sanitaire de Comé en 2007 qui est de
279209 habitants, on obtient 11168 accouchements ;
l'OMS estime qu'environ 15% du total des accouchements
attendus est susceptible de présenter des
complications, soit environ 1675 accouchements ; du fait du
rôle d'hôpital de référence que joue l'HZ-C, ces
accouchements doivent y être pris en charge.
45
Source : Service des Affaires Administratives et
Economiques/Division des Statistiques
Les consultations ont progressé comme les accouchements ;
ces derniers ont cependant connu
une baisse en 2007. Malgré cette augmentation
progressive, on peut noter que la moyenne
journalière des consultations varie entre 6 et 11 et que
celle des accouchements varie entre 1
et 2. En considérant les normes, le nombre
d'accouchements attendus en 2007 à l'HZ-C est
d'environ 1675 soit une moyenne journalière de 4
accouchements. On constate donc que le
Tableau n° 9 : Evolution des prestations des
services techniques de l'HZ-C
Activités
Nombre d'examens de
radiologie
Nombre d'examens
d'échographie
Nombre d'examens de
laboratoire
2004
456
91
6643
2005
813
518
9313
2006
828
685
17816
2007
519
796
18498
Source : Service des Affaires Administratives et
Economiques/Division des Statistiques
Le niveau d'activités de ces services reste
également bas ; la moyenne journalière des
examens de radiologie varie entre 1 et 2, celle des examens
d'échographie varie entre 0 et 2 ;
seuls le niveau des examens de laboratoire parait
élevé avec une moyenne journalière entre 18
et 50 examens de laboratoires. Mais il convient de
souligner que ces chiffres intègrent les
demandes extérieures à l'HZ-C. C'est beaucoup
plus au niveau des paramètres hospitaliers
que l'on apprécie le faible niveau d'activités de
l'HZ-C.
Tableau n° 10 : Evolution des paramètres
hospitaliers de l'HZ-C
Paramètres
Population
Nombre de lits
Nombre d'hospitalisations
Nombre de journées
d'hospitalisation
Durée moyenne de séjour
Taux d'occupation des lits
Taux d'hospitalisation
Taux d'utilisation global
Nombre de décès
2004
258410
120
1253
8905
7 jours
28,30%
5%°
1,5%
48
2005
267000
120
2317
10922
5 jours
24,10%
9%°
2,0%
112
2006
272562
119
2943
14137
5 jours
30,70%
10%°
3,0%
180
2007
279209
134
2779
13061
5 jours
28,60%
10%°
3,0%
163
Source : Service des Affaires Administratives et
Economiques/Division des Statistiques
Le taux d'hospitalisation évolue de 5% °
pour se stabiliser à 10% .°
Cet indicateur de
l'évolution de l'activité de 2004 à
2007 indique que l'utilisation de l'HZ-C reste largement
sous optimale, car le taux d'hospitalisation est de 3
à 4 fois en deçà de la performance à
espérer d'un hôpital du niveau de celui de
Comé. D'ailleurs, le taux d'occupation moyen des
lits sur la même période laisse percevoir la
possibilité de tripler l'utilisation actuelle de
l'Hôpital de Zone de Comé. Par ailleurs, le taux
d'utilisation global varie entre 1 et 3% ; ce
49 Dossier Technique et Financier du Projet d'Appui
à la Zone Sanitaire Comé-II, p. 28
50 Il est obtenu suivant le rapport nombre de nouveaux
cas reçus sur population totale multiplié par 100.
46
49
50
taux révèle le faible niveau d'attraction que
l'HZ-C exerce sur l'ensemble de la population de
la Zone sanitaire de Comé.
C- Analyse des principaux processus de
l'Hôpital de Zone de Comé
L'analyse de la vue globale des processus à
l'Hôpital de Zone de Comé (annexe n° 2) met en
relief trois types de services qui agissent en interrelation :
- les services administratifs occupés aux aspects de
management de l'HZ-C ;
- les services techniques qui apportent un concours pour
éclairer les diagnostics médicaux ;
- les services médicaux qui offrent des prestations pour
répondre à la demande de soins ;
L'analyse des processus de l'HZ-C sera davantage
consacrée aux services médicaux car ils
constituent le coeur de sa mission. On distingue principalement
quatre services médicaux : le
Service des Urgences, le Service de
Gynéco-obstétrique, le Service de
Médecine-Pédiatrie et
le Service de Chirurgie.
Il existe deux principales modalités
d'entrée au niveau des services médicaux : les
consultations externes et les urgences. L'analyse
s'intéresse plus particulièrement aux
urgences car elles témoignent de l'efficacité du
système en termes de réactivité.
Le Service de Gynéco-obstétrique reçoit
directement ses urgences tandis que les services de
Médecine-Pédiatrie et de Chirurgie
reçoivent les leurs par l'entremise du Service des
Urgences ; ce dernier, en ce qui concerne ses liens avec
le Service de Médecine-Pédiatrie,
après avoir reçu le malade, lève
l'urgence et au bout de 48 heures transfert le malade à ce
service ; le transfert de l'urgence au Service de la
Chirurgie est presque instantané après la
réception du malade en collaboration avec l'équipe
de santé de ce service.
De l'analyse globale des différents processus mis en
oeuvre au niveau des services médicaux
techniques, il ressort trois grandes phases :
- la réception des malades et le diagnostic : le malade
est reçu le plus souvent par une équipe
paramédicale composée de l'infirmier(e) ou de la
sage-femme assisté de l'aide-soignant(e) ; le
diagnostic qui est fait par le médecin peut
être précédé d'un examen rapide du malade par
l'infirmier(e) ou la sage-femme, destiné à
solliciter éventuellement le concours des services
techniques pour éclairer le diagnostic du médecin ;
- les prescriptions et le traitement : après le
diagnostic, le médecin prescrit les soins à
administrer ; le traitement est administré par
l'équipe paramédicale qui assure également le
suivi ; lors de ce suivi, l'équipe
paramédicale reste sous la supervision du médecin qui,
à
l'occasion, peut ajuster le traitement en fonction de
l'évolution de l'état de santé du malade ;
- la sortie du malade : à la fin du traitement,
ce qui suppose, une amélioration positive de
l'état du malade, le médecin autorise la sortie du
malade et l'équipe paramédicale accomplit
les formalités de sortie, libérant ainsi le malade.
47
Il subsiste cependant des spécificités au niveau
de chacun des services ; on note au Service de
Chirurgie (annexe n° 3), l'intervention conjointe du
chirurgien et de l'anesthésiste dans la
prescription des soins post-opératoires et la
responsabilité de l'anesthésiste dans le suivi et le
traitement du malade pendant son séjour à
l'unité du post-opératoire en attendant son transfert
au pavillon hospitalisation ; au Service de
Médecine-Pédiatrie (annexe 4), on note également
la possibilité d'une intervention urgente du
médecin, malgré l'action du Service des Urgences
(annexe n° 5) pour lever l'urgence avant le
transfert du malade ; au Service de Gynéco-
Obstétrique (annexe n° 6), il faut observer les trois
options offertes au gynécologue : la mise
sous traitement du malade, l'intervention gynécologique et
la référence du malade à nouveau.
Les dysfonctionnements observés au niveau des
différents processus sont principalement liés
à la continuité des soins ; on note qu'il est
souvent difficile aux accompagnants des malades
de s'acquitter des ordonnances prescrivant les produits
pour l'administration des soins ; en
outre, en l'absence d'une présence médicale
ou pour indisponibilité de sang, le malade est
référé à nouveau vers une structure
hospitalière capable d'assurer la prise en charge correcte ;
enfin, le suivi du malade mis sous traitement souffre
d'insuffisances, l'équipe paramédicale
chargée du suivi n'étant pas toujours disponible
pour répondre promptement aux besoins des
malades. Par ailleurs, la question de l'accueil demeure une
préoccupation centrale au coeur du
dispositif des processus ; enfin, on observe que la prise en
charge des urgences médicales et
pédiatriques au Service des Urgences ne se fait
pas en collaboration avec le Service de
Médecine-Pédiatrie ; le fait d'attendre la
levée de l'urgence avant d'intervenir enlève à la
qualité des soins.
Au terme du diagnostic stratégique de l'Hôpital de
Zone de Comé, la grille d'analyse FFMO
(Forces-faiblesses-menaces-opportunités) permet de faire
une synthèse.
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Tableau n° 11 : Synthèse du diagnostic
stratégique de l'Hôpital de Zone de Comé
Forces
Infrastructures en place
Minimum de matériels et équipements
nécessaires à l'exécution des
activités
Existence d'un personnel qualifié
Immense potentiel humain
Faiblesses
Mauvaise renommée au sein des
bénéficiaires (accueil, qualité des soins,
coût
des prestations et mode de paiement direct,
héritage du PAZS-Mono sur la tarification,
dysfonctionnements du système de référence
et de contre référence)
Problèmes liés aux matériels et
équipements
(obsolescence, insuffisance de matériels,
mauvaise utilisation, faible effort de
renouvellement, insuffisances dans la
maintenance)
Difficultés liées aux ressources
financières
(Faiblesse des recettes générées par les
services médicaux, charges propres
supérieures aux ressources propres)
Difficultés liées aux activités et
à l'utilisation
des services (discontinuité des services due à
la présence médicale non permanente, faible
niveau d'activités et d'utilisation des
services)
Insuffisances dans la chaîne de
commandement (sens de responsabilité des
chefs de service faible, lenteur ou non
application des décisions du CODIR)
Démotivation du personnel (faible niveau de
conscience professionnelle, absence
d'objectifs accompagnés de moyens de mise
en oeuvre, conditions difficiles de travail)
Insuffisances dans le management prospectif
(pas de vision et de valeurs partagées,
mission peu précise et absence de plan
stratégique, système de suivi embryonnaire,
dysfonctionnements au niveau des organes)
Opportunités
Forte demande en soins exprimée par un
tableau de morbidité élevée ;
Mouvement mutualiste embryonnaire ;
Important financement de l'Etat (finances,
infrastructures, équipements, personnels,
consommables) ;
Aucun autre plateau technique du niveau de
celui de l'HZ-C dans la ZS-C
Actions de nombreux partenaires (MDM,
Africare, APEFE, PAM)
Nouvelle intervention de la Coopération
Belge à travers le PAZS-C II
Menaces
Offre de soins insuffisante dans la Zone
sanitaire (taux d'accessibilité à 76,72% ;
taux de couverture en infrastructures à
96% ; personnel médical insuffisant avec 1
médecin pour 30.284 habitants) ;
Faible accessibilité financière aux soins de
santé liée à la pauvreté et au faible
pouvoir
d'achat ;
Recours à des structures sanitaires privées
non agréées et à la médecine
traditionnelle
sans aucune garantie de qualité, entraînant
le plus souvent un recours tardif à l'Hôpital
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