4.2.2.2 L'UTILISATION DES
RESSOURCES EXTERNES ET HUMAINES
On peut s'interroger sur la faible mobilisation de certaines
ressources en rapport avec le dispositif :
§ Une seule personne mentionne avoir mobilisé des
ressources en lien avec les regroupements, soit des notes
prises pendant ces séances.
§ Deux mêmes personnes, dans les deux
séries, mobilisent du matériel externe au
dispositif, soit différents livres.
§ Moodle (TIC dispositif), une
ressource du dispositif de formation, est mentionné par deux personnes
dans le premier entretien et par une seule dans le second entretien.
§ L'utilisation d'internet (TIC hors
dispositif) n'est mentionnée que par une personne dans la
seconde série, soit significativement moins que dans la première
série (trois personnes).
§ La mobilisation des ressources humaines du
dispositif identifiées comme des pairs est le fait des deux
mêmes personnes dans les deux séries d'entretiens. Les autres
participants ne les mentionnent pas. Les formateurs ne sont jamais
cités. Les ressources humaines hors dispositif sont
mentionnées par ces deux mêmes personnes.
Le questionnement sous-jacent et relatif à la
transformation de la situation - à quelle ressource faut-il faire
appel pour transformer la situation ? - est, rappelons-le,
implicite dans la compétence en action et a « avant tout
pour objet de faire progresser le sujet dans la démarche en cours
(tâches, résolution d'un problème, réalisation d'un
projet, etc.) et de lui permettre de la mener à son
terme » (Masciotra, 2005).
La grande majorité des activités qui ont
été réalisées sont de type individuel et ont
consisté en un travail de prise de conscience de ses propres
représentations, ou de réflexion sur sa pratique professionnelle,
ou de mise en récit de sa pratique professionnelle. La teneur même
des activités rejoint donc le paradigme du praticien réflexif.
Si nous renversons la perspective en nous situant sur le
versant de l'ingénierie des compétences, l'enjeu consiste
à permettre à l'individu de devenir compétent, non pas en
sanctionnant son activité finalisée par la mention acquis, mais
à « décrire des actions et des ressources sur
lesquelles ces actions peuvent reposer, et qui pourraient être utiles au
traitement compétent d'une situation » (Jonnaert, 2007).
Dans le cas de l'enquête, la compétence des
participants est attestée dans la façon dont ils racontent avoir
compris la situation problème, s'y être positionnés et
avoir procédé à un traitement satisfaisant de la situation
par le recours à diverses ressources. Cependant, une définition
de la compétence en action requiert de s'interroger d'une part sur la
configuration de la situation problème en amont, c'est-à-dire
l'activité, et d'autre part sur les conditions d'exercice de la
compétence.
Le premier point consiste donc à déterminer si
l'activité préconisée fournit une occasion favorable de
construire une compétence en situation et en action, selon une
perspective constructiviste.
Le second point se réfère au contexte de
l'action, en tant qu'espace de moyens et ressources mobilisables et
contextualisables par la personne engagée dans une situation
significative pour elle.
La faiblesse de recours aux ressources humaines, dans les
résultats de l'enquête, ne signifie nullement que la
résolution d'un problème ou l'accomplissement d'une
activité d'apprentissage soit un acte uniquement individuel. Ce
processus « s'inscrit nécessairement dans une relation -
ou plus précisément, une interaction à
autrui » (Bourgeois, 2004, p. 301). L'apprentissage ou le
déploiement d'une compétence « ne peut se
réaliser que dans la confrontation interactive à l'autre, au
« non-identique » à
soi » (ibidem), laquelle n'engage par forcément un autre
être humain, puisque l'autre, c'est aussi tout ce qui peut faire l'objet
d'un investissement symbolique. Cela peut être un texte, une
référence trouvée sur internet, un film vu à la
télévision. «L'interaction dans ce cas est purement
symbolique, cognitive : le sujet mobilise son équipement cognitif
pour traiter l'information... En retour l'information ainsi traitée peut
avoir pour effet de transformer les structures de connaissances initiales
mobilisées » (ibidem).
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