SECTION III : LANGUE DE COMMUNICATION : FACTEUR
DE MOTIVATION ET DE PARTICIPATION DES ACTEURS
Les informations recueillies révèlent que
près de 47% des personnes interviewées sont analphabètes.
Cette proportion est encore plus grande à l'échelle communautaire
où selon les autorités de la CRD, plus de 90% des populations de
Diari sont analphabètes. Ces données soulignent l'importance du
choix de la langue de communication dans la stratégie d'intervention des
ADC dans la CRD. Ainsi, pour les membres des comités locaux du PACV
interrogés, la communication dans la langue du terroir facilite la
compréhension des messages par les populations locales. D'ailleurs, ils
se réjouissent du fait que les ADC affectés dans leur CRD parlent
la langue du terroir qui est le poular.
D'après une étude du `'Réseau dialogues
sur la gouvernance en Afrique'' (1998), il faut s'adresser aux populations
locales dans les langues qu'elles comprennent le mieux à savoir leur
langue maternelle. Communiquer dans la langue des populations est un facteur de
motivation et d'acceptation et donc de communication réussie. Selon
cette étude, l'utilisation de la langue officielle dans certains milieux
peut entraîner des mal compréhensions ou des
hésitations.
En effet, on ne peut arriver à faire comprendre aux
populations ce que l'on attend d'elles, à recueillir et satisfaire leurs
besoins réels si on leur impose de communiquer dans des langues qu'elles
ne comprennent pas et ne maîtrisent pas.
Poursuivant dans le même ordre d'idées, Bessette
(2004) dira que, les barrières de langues entre les intervenants et les
membres des communautés locales sont une frontière à
franchir. S'affilier un animateur parlant les langues locales, est une
nécessité. Pour l'auteur, les discussions doivent avoir lieu dans
la langue de ceux dont on veut faciliter la participation.
En parlant de la langue comme facteur de participation, Calvet
(1997), quant à lui dira qu'étant donné que le
développement est un processus, le succès d'une telle
démarche passe par l'implication de la population qui doit se
l'approprier. La population a l'opportunité de saisir l'importance des
enjeux que dans la langue et le langage proche de son vécu quotidien.
Dans les activités de formation, les données
recueillies révèlent que les ADC assurent la formation des
élus locaux, des membres des comités mais aussi des AV sur les
techniques de choix des actions prioritaires, la gestion et le suivi des
infrastructures réalisées mais aussi sur les activités de
sensibilisation, d'information et de vulgarisation des pratiques. Aux dires des
ADC, ces formations s'effectuent pour la plupart dans la langue du terroir qui
est le poular. Ce choix dérive selon eux, de la volonté de se
faire comprendre par les populations concernées et de susciter leur
participation aux actions du programme.
Partageant ces affirmations, Diki cité par Calvet
(1997) dira que la langue est considérée comme véhicule
privilégié du transfert des connaissances et des idées, de
ce fait, elle joue un rôle irremplaçable dans la formation des
acteurs locaux et des bénéficiaires, et donc dans tous les
processus de développement.
Pour la FAO (1995), la formation qui vient en appui à
l'exécution des actions, à pour objet de fournir aux populations
le complément de connaissances techniques nécessaires et de
faciliter la mise en oeuvre du programme d'activités dans le temps et
dans l'espace. Pour assurer cette formation, des séances
d'alphabétisation en langue nationale s'avèrent le plus souvent
extrêmement utiles pour aider les populations non seulement à
maîtriser dans un langage accessible les différentes techniques,
mais également la gestion des affaires de leur localité.
Il faut cependant signaler qu'en dépit de ce facteur de
partage linguistique entre agents de développement et la
communauté, les ADC soulignent la nécessité de les
outiller en matériel de formation notamment la production et la
distribution des manuels d'alphabétisation traduits en langues locales
pour les participants. Car, selon eux, ces manuels permettront la vulgarisation
rapide et efficace des connaissances et pratiques aux populations
bénéficiaires.
Enfin, le PNUD (2004), reconnaît, que c'est le
déficit de communication qui semble être à la base des
échecs enregistrés dans les actions de développement en
Afrique. Aucun processus de développement ne saurait aboutir sans la
participation des communautés d'en bas, celles directement
concernées par l'innovation.
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