2.4 Le
financement à court terme, le risque de liquidité et les
opportunités d'investissement
Diamond (1991) argumente que le financement à court
terme expose la firme à un risque de liquidité : si les
prêteurs refusent le refinancement, la firme sera liquidée. A
cause de ce risque de liquidité, il argumente que seules les firmes
disposant d'une bonne notation peuvent se financer à court terme.
Sharpe (1991) remet en cause l'efficacité de
l'endettement à court terme dans la résolution des conflits
d'agence et considère que les conflits d'intérêt entre les
emprunteurs et les prêteurs entraînent des coûts d'agence
aussi bien dans les contrats de dette à court terme que dans les
contrats de dette à long terme. Par ailleurs, il voit que la dette
à court terme pose un problème quand la valeur de la firme est
faible et que le risque de faillite est élevé. Les
créanciers exigent alors le versement d'une prime de risque plus
élevée. En remettant en cause toute vertu de la dette à
court terme à résoudre les conflits d'intérêt,
Sharpe (1991) propose l'endettement à long terme comme alternative qui
s'avère plus efficiente.
En plus, Childs, Mauer et Ott (2005) pensent que même
si le court terme peut atténuer les motivations à sous investir
dans les options de croissance et à procéder à des
substitutions d'actifs, cet avantage doit être balancé contre le
grand risque de liquidité de refinancement des dettes à court
terme. Ils montrent que pour les firmes
risquées, l'endettement
optimal décroît quand la maturité de la dette
décroît.
De même, les recherches menées par Denis et Mihov
(2003), Johnson (2003) ont trouvé une relation inverse entre
l'endettement et la proportion des dettes à court terme pour les firmes
de mauvaise qualité. Par la suite, le grand risque de liquidité
du financement à court terme pourrait avoir un
effet direct négatif sur l'endettement.
En conséquence, selon Johnson (2003), pendant que le
financement à court terme réduit le coût du
problème de sous investissement et donc augmente l'endettement optimal,
il peut aussi augmenter le risque de liquidité et donc réduire
l'endettement optimal.
Etant donné ces deux effets, Johnson (2003) voit qu'en
choisissant le financement à court terme, les firmes devraient
arbitrer entre le coût du problème de sous investissement et le
coût de l'augmentation du risque de liquidité : Une firme pour qui
les opportunités de croissance représentent ses
préoccupations les plus importantes, devrait choisir le
financement à court terme, mais elle peut toujours choisir de
réduire son endettement parce que le court terme augmente le risque de
liquidité. Par contre, une firme pour qui les problèmes de
liquidités représentent ses préoccupations les plus
importantes devrait choisir des échéances plus longues, mais
elle peut toujours choisir de réduire son endettement parce que le long
terme augmente le coût des problèmes de sous investissement.
Par ailleurs, les firmes présentant de fortes
opportunités mais qui ne peuvent pas contracter une dette à court
terme à cause d'un risque de liquidité élevé se
trouvent obligées de se financer à long terme. Mais est ce que
dans ce cas, ces firmes opteraient pour une dette bancaire à long terme
ou pour une dette obligataire ?
2.5 Les déterminants du choix entre la dette
bancaire et la dette obligataire
Les études précédentes postulent que le
financement par une dette bancaire a un avantage significatif sur celui
effectué par une dette obligataire en terme d'accès à
l'information privée (Fama, 1985), de l'efficience de la liquidation et
de la renégociabilité en période de détresse
financière (Chemmanur et Fulghieri, 1994) et en terme d'efficience du
contrôle exercé sur le dirigeant (Diamond, (1984, Boyd et
Prescott, (1986)). On va dans ce qui suit étudier les
déterminants du choix entre la dette bancaire et la dette
obligataire.
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