II.4.4. 3ème programme de mise
à niveau (2003)
A. Impact du 2ème programme de mise
à niveau
Le rapport de diagnostic du 3ème programme
de mise à niveau devrait, en principe, présenter l'impact du
2ème programme, néanmoins, aucune information en ce
sens, n'a été fournie.
B. Positionnement de la société à
la veille du 3ème PMN
L'analyse du positionnement stratégique de l'entreprise
élaboré dans le cadre du 3ème programme de mise
à niveau, a permis de relever les éléments
suivants :
- L'entreprise présente, toujours, trois collections
par an,
- Le style des articles est diversifié,
- La qualité est jugée bonne mais le coût
d'obtention est élevé,
- Le volume des ventes a enregistré, entre
l'année 2000 et 2002, une évolution de 16%,
- La distribution de la quasi-totalité des produits de
l'entreprise est assurée à travers les points de vente de
l'entreprise,
- L'exportation des produits finis a constaté une
régression très importante entre 2000 et 2002 et
- L'exportation de la façon a évoluée de
1,3% entre 2000 et 2002.
C. Diagnostic interne de l'entreprise
Le diagnostic du programme de mise à niveau (2003) a
porté sur l'aspect technique (comme pour les deux programmes
précédents) et sur l'aspect ressources humaines (contrairement
aux anciens diagnostics). Le diagnostic de l'aspect commercial n'a
dégagé aucune insuffisance.
1. Diagnostic des ressources humaines
Le diagnostic des ressources humaines a
dégagé :
- Une productivité qui a enregistré un
fléchissement en 2001 comparativement à l'exercice 2000, puis
elle a amorcé une amélioration en 2002,
- Un taux de rotation « turn-over »
élevé et qui dénote d'une certaine
instabilité ; ce phénomène est très
remarquable au niveau du personnel administratif.
2. Diagnostic technique
Les insuffisances relevées sont les suivantes :
- Le rendement des activités de production est
resté toujours en deçà des normes,
- L'organisation de la fonction méthodes mérite
d'être revue,
- Le coût d'obtention de la qualité n'est pas
contrôlé.
Pour combler à ces carences, il a été
recommandé des actions d'assistance technique et la mise en place des
moyens matériels et de produits logiciels adaptés aux besoins de
l'entreprise.
3. Diagnostic financier
Le diagnostic financier a permis de dégager les
insuffisances suivantes :
- Le fond de roulement persiste à niveau très
faible,
- Le besoin de fond de roulement est très important,
- Le groupe recourt excessivement aux crédits
« court terme » ce qui a pour effet de pénaliser la
rentabilité de l'entreprise,
- Des investissements sont financés par des dettes
à court terme.
Il a été recommandé de :
- Consolider le fond de roulement,
- Ramener les dettes à court terme à un niveau
acceptable,
- Financer le besoin en fond de roulement par des ressources
à long terme,
- Améliorer la rentabilité économique et
financière du groupe par :
la baisse du coût d'endettement
la maîtrise des achats et des charges à travers
la mise en place
- d'un système de calcul de coûts,
- d'un système de suivi par tableaux de bord et
- d'un système de gestion budgétaire
Par ailleurs, la synthèse du diagnostic relatif au
3ème programme de mise à niveau a
présenté un tableau portant sur les investissements
immatériels recommandés permettant de développer les
compétences, renforcer la structure de l'entreprise, et
développer encore le système d'information. La liste des
investissements était la suivante :
- Assistance technique informatique,
- Assistance marketing,
- Assistance méthode,
- Assistance technique coupe,
- Assistance technique bureau d'études,
- Assistance technique planification et logistique de
production,
- Assistance technique organisation production,
- Recrutement cadre marketing,
- Recrutement cadre méthodes,
- Recrutement cadre qualité,
- Assistance pilotage programme mise à niveau,
- Conception et mise en place d'un système de
comptabilité analytique,
- Rédaction d'un manuel de comptabilité
analytique,
- Conception et mise en place d'un système de tableaux
de bord financier,
- Conception et mise en place d'un système
budgétaire,
- Etude de restructuration financière,
- Assistance restructuration financière,
- Acquisition d'un logiciel d'analyse de l'activité de
production « open executif cegid »,
- Acquisition d'un logiciel pour bureau d'études et de
création,
- Acquisition d'un logiciel pour développement et
programmation,
- Acquisition d'un logiciel de planification
« Orliplan »,
- Acquisition d'un serveur,
- Acquisition de 12 PC et
- Acquisition de 7 imprimantes.
D. Résultats des investigations
empiriques
Un récapitulatif des principales réalisations
comparées aux programmes d'actions prévues avec les premier,
deuxième et troisième plans de mise à niveau de
l'entreprise présente une synthèse de la situation de changement
du groupe MC. (Voir tableau ci-après) :
|
Projections
|
Actions non réalisées
|
Structure
|
- Mise en place de nouvelles fonctions (logistique,
étude ...)
- Elaborer l'organigramme du groupe
- Instaurer un manuel des procédures
- Recours à l'écrit et fiche de fonctions
- Définition de centres de responsabilité
|
Les principales projections ont été
réalisées
|
Style de management
|
- Mettre en place un système de planification et de suivi
des processus
- Mettre en place le « management
logistique »,
- Mettre en place un système de contrôle de
gestion,
- Recrutement d'un personnel qualifié (administratif et
financier, qualité)
- Instaurer un système de comptabilité analytique
de gestion, de gestion qualité
- Orientation stratégique (pour aborder la disparition des
barrières douanières,
- Elaborer une stratégie marketing et commerciale,
- Formation du personnel (cadre supérieurs) et assistance
technique (GPAO)
- Orientation équilibre financier, maîtrise des
coûts, tableau de bord et gestion budgétaire
|
L'essentiel est réalisé sauf le système de
comptabilité analytique et celui de contrôle de gestion
|
Comportement
|
|
|
Système d'information
|
- Acquisition de TIC,
- Mise en place d'un système de CAG
- Intégration des programmes
- Assistance technique informatique
|
Acquisition de TIC et diverses assistances sauf celle du
« open executive cegid »
|
Tableau n° 4 : les projections et les
réalisations de changement du cas MC
A la fin du 1er plan de mise à niveau,
l'entreprise a mis en oeuvre plusieurs actions recommandées, sauf celles
relatives à la mise en place d'un système de comptabilité
analytique et d'un système de contrôle de gestion.
A l'achèvement du 2ème plan de mise
à niveau, les mêmes insuffisances, que celles constatées
à la fin du 1er plan, ont été constatées.
A la fin du 3ème plan de mise à
niveau, toutes les recommandations étaient mises en oeuvre, sauf celles
relatives à l'acquisition d'un logiciel d'analyse de l'activité
de production « open executif cegid » qui semble être
abandonnée par la direction sur proposition d'un ingénieur
informaticien nouvellement recruté et qui s'est engagé pour la
résolution du problème d'interfaces et le développement du
système d'aide à la décision.
L'entreprise tend à occuper la meilleure position sur
le marché local et elle est en train d'agir sérieusement sur le
marché international, à travers sa propre marque.
Le changement est considéré comme réussi,
dans la mesure ou la direction a toujours soutenu le changement et a fournit un
effort considérable, pour lutter contre tout phénomène de
résistance. En effet, la direction n'a pas hésité de
licencier de hauts cadres pour leur manque de rigueur et de
ténacité. Les actions de formation sont continues et touchent
à tous les niveaux.
Le turn-over est considéré comme assez
important, parce que les dirigeants considèrent que leur entreprise
n'ait plus droit à l'erreur et elle n'hésite pas de changer le
personnel, lorsqu'il ne suit pas la voie de changement où lorsqu'il
s'avère incompétent pour s'acquitter convenablement des
prérogatives qui lui sont allouées.
Si aucune action visant à changer le comportement des
dirigeants et des employés n'a été mentionnée,
c'est parce que le groupe avait déjà une gestion plutôt
décentralisée et favorisant la participation et la
responsabilisation. La motivation des employés est
développée par des moyens monétaires (salaires et
prêts sans intérêts) et non monétaires.
Aujourd'hui l'entreprise présente les facteurs de
réussite suivants :
- Une structure organisationnelle basée sur la
délégation des pouvoirs, la responsabilisation et la mesure des
performances,
- Un style de management usant de l'approche par les
systèmes où, tous les éléments du système
organisationnel à savoir, les caractéristiques de l'entreprise,
son système opérationnel, son environnement, sa structure
organisationnelle, les conditions de travail, le comportement des individus,
sont pris en considération,
- Un comportement du dirigeant caractérisé par
un style participatif et considérant que les subordonnés sont
compétents et ont atteint un niveau élevé de
maturité et où le souci est plutôt porté sur les
relations que sur les tâches,
- Une équipe dirigeante dotée de toutes les
compétences requises. En effet, et s'agissant d'une entreprise
familiale, chacun des membres de la famille dispose d'une compétence
spécifique distinguée de celle de l'autre. Actuellement le
père assure les fonctions de la direction générale, le
fils aîné qui assure les fonctions de directeur
général adjoint et de la direction commerciale et marketing,
ayant les compétences requises pour cette fonction et la fille qui
assure les fonctions de direction des approvisionnements. Cette équipe
présente l'avantage d'avoir la capacité de travailler au sein
d'une équipe, la capacité de concevoir, de modéliser et de
formuler, la capacité d'écoute et de respect de l'autre, etc.,
- Un système d'information relativement
intégré et toujours en amélioration,
- Un système de motivation dans l'entreprise
très développé. Les ouvriers sont motivés sur la
base de la productivité. Le salaire mensuel varie en fonction de la
productivité. Le personnel administratif bénéficie de
plusieurs avantages, ils sont payés 14 mois sur 12, outre les autres
avantages comme l'octroi de prêts sans intérêts et qui sont
souvent assez importants,
- La motivation, les actions de formation continue et le style
participatif ne laissent pas l'occasion aux subordonnés de manifester
une réticence au changement. D'ailleurs le phénomène de
changement a toujours été dans les habitudes de l'entreprise.
III. Synthèse des cas
Le changement constitue dans l'univers des organisations un
thème majeur de la recherche en gestion, dans la mesure où une
réflexion en terme de transformation se substitue à des
raisonnements de stabilité et de permanence. Le changement devient une
préoccupation inhérente à l'univers de la gestion, il
engendre de ce fait la nécessité d'une meilleure
compréhension de ses mécanismes.
Aujourd'hui l'efficacité et la pérennité
de l'entreprise constituent les résultantes de sa capacité de
changement. En effet le changement est conçu comme une solution
permettant à l'organisation de répondre au problème
crucial de l'adaptation à l'environnement dont elle dépend. La
quête de solutions spécifiques dans l'espace et dans le temps
remet en cause l'idée de modèle universel et définitif et
amène à concevoir le changement comme une
nécessité. L'efficacité, la performance et la
pérennité de l'organisation ne sont assurées que par sa
capacité à évoluer et à s'adapter. Cependant le
changement organisationnel ne pourra être envisagé comme une
véritable réponse aux défis de l'environnement externe que
dans la mesure où l'organisation dispose d'une telle capacité de
changement.
La capacité traduit la réussite ou
l'échec d'un projet de changement organisationnel. C'est sur cette
capacité de changement des systèmes de l'entreprise que nos
travaux se sont penchés.
L'analyse des objectifs initiaux d'un projet de changement
devrait mettre en opposition deux aspects de changement : l'aspect
déterministe par opposition à l'aspect volontariste du
changement.
L'aspect déterministe se manifeste par le
caractère inflexible de l'organisation et voit dans la structure, le
système et la culture des facteurs de rigidité et d'inertie. Ces
facteurs tendent à préserver l'organisation des changements.
Cette conception déterministe met l'accent sur les facteurs de
permanence de l'organisation et voit dans les pressions de l'environnement le
principal moteur des transformations. Il en est le cas de la
société SP qui enregistre une faible rentabilité et qui
subit l'effet de la concurrence asiatique et du marché
parallèle ; et de la société TM qui est
menacée par l'ouverture des frontières et la concurrence
internationale.
Par opposition à cette vision, l'approche volontariste
met en évidence le rôle prépondérant des choix
stratégiques, de l'acteur comme facteur de transformation de
l'organisation. L'action intentionnelle acquiert le rôle central dans les
capacités de l'organisation à répondre à son
environnement externe et les facteurs internes deviennent les réels
moteurs de la dynamique organisationnelle. C'est le cas de la
société MC qui réalise des actions permanentes de
changement. En effet, MC est considérée toujours en
période de changement, que les actions soient intégrées
dans le cadre d'un programme de mise à niveau ou réalisée
en dehors de ce cadre. Il semble que la réussite des actions de
changement repose sur une certaine prédisposition de l'entreprise au
changement d'une manière générale.
Les difficultés qui viennent à l'encontre de la
réussite d'un projet de changement résident dans les
mécanismes qui poussent l'organisation à maintenir une certaine
permanence. Les différents composantes du conteste organisationnel comme
l'histoire de l'organisation, ses structures et ses systèmes de gestion,
sa culture ou son système de pouvoir développent des
résistances qui freinent et font échouer le changement.
Ces composantes du contexte organisationnel devraient
être prises en compte dans l'élaboration et la mise en oeuvre du
changement dans la mesure où c'est sur elles qu'il va falloir agir pour
parvenir aux changements souhaités.
Un projet de changement doit être toujours
considéré sous son aspect volontariste à partir du moment
où il est, soit décidé sous la contrainte de
l'environnement, soit décidé dans un cadre stratégique.
La réussite nécessite préalablement de
relever l'intention des décideurs en premier lieu et de prendre
connaissance des éléments de diffusion et de réalisation
effective en deuxième lieu.
En effet, il semble que le changement ne peut pas
réussir si le grand patron n'est pas lui-même supporter ;
néanmoins il faut que le projet réunisse autour de lui des
personnes qui partagent le même engagement que celui du patron.
Lorsque les dirigeants des entreprises SP, SM et TM de par
leur système de gestion, leur culture et leur système de pouvoir
semblent ne pas être convaincu du changement qui touche l'éventail
de leur pouvoir, elles ne peuvent pas s'attendre à la réussite de
leurs projets de changement.
Lorsque le dirigeant estime que le développement ne
passe qu'à travers des investissements en matériel pour
intégrer d'autres segments de marché ou d'autres secteurs
porteurs et abandonner des secteurs en activité pris par la concurrence,
sans oser comprendre ce qui se passe autour de lui, il ne peut pas s'attendre
à la réussite de son projet de changement, s'il mérite
d'être appelé projet de changement.
Quelquefois, les dirigeants sont paralysés par les
risques. Ils craignent de susciter des réflexes défensifs chez
les employés les plus anciens, de perdre le contrôle des
événements, de menacer les résultats à court terme
et de se voir reproché d'avoir provoqué une situation de
crise.
Lorsque le projet de changement ne s'intègre pas dans
un cadre stratégique de développement et qu'il est
décidé sous contrainte, on ne peut s'attendre à sa
réussite.
Par ailleurs, si le dirigeant se caractérise par un
comportement autoritaire, il ne peut pas exceller dans la conduite des hommes,
et de ce fait, il ne peut pas se faire champion du changement. Le changement
est un travail d'équipe et un comportement autoritaire ne peut mener
nulle part.
En conséquence pour assurer la réussite de tout
projet de changement, il va falloir développer la mentalité des
dirigeants et les compétences orientées vers une gestion
stratégique de l'entreprise, avant de s'engager dans un tel projet.
L'enjeu étant très délicat
Cependant, il convient de comprendre le changement non pas
uniquement au niveau des décideurs mais également au niveau des
acteurs qui animant les systèmes d'actions concrets et qui, par leur
capacité à accepter, adopter ou au contraire résister,
transformer les intentions, construisent le changement organisationnel.
La notion des autres acteurs du changement, qui constituent
les principaux éléments de diffusion et de réalisation
effective du changement, couvre, en premier lieu, les conseillers auxquels les
décideurs font souvent appel ; (faute de réserves de
compétences) et couvre, en deuxième lieu, les acteurs peuplant
l'organisation, dans la mesure où, se sont eux qui animent les
structures et les systèmes organisationnels et se sont eux qui vont
donner une vie, sens et efficacité aux changements envisagés.
Lorsque l'entreprise ne dispose pas des compétences
requises pour engager une action d'appréhension de ses forces et ses
faiblesses, des menaces qu'elle risque et opportunités qu'elle lui sont
offerts, elle a souvent recours à des consultants externes pour faire le
travail à sa place.
S'agissant surtout de structures légères,
plusieurs phénomènes peuvent être à l'origine de
l'échec du projet.
1. l'incapacité de l'intervenant à bien
percevoir toutes les sources d'échec. Il s'agit essentiellement d'une
structure qui ne dispose pas de réserves de compétences et il
s'agit aussi de la réticence au changement émanant et du
dirigeant et des subordonnés (principaux acteurs de changement).
2. l'incapacité de l'intervenant à adapter les
recommandations qu'il propose aux moyens disponibles de l'entreprise. En effet,
il serait aberrant de recommander à une entreprise, ayant une
légère structure et un chiffre d'affaires relativement faible ou
réalisant des marges très faibles, de lancer des projets
coûteux et qui dépassent largement les moyens de l'entreprise.
Par exemple, recommander la mise en place d'un système de GPAO,
alors que le processus de fabrication est très simple, ou que
l'entreprise ne dispose pas des compétences requises pour le
manipuler ; ou encore, recruter quelqu'un pour le faire, alors que la
coûts sont supérieurs aux avantages. C'est le cas de la
société SP.
3. le troisième phénomène incombe
à l'arrière-pensée de l'intervenant à vouloir
présenter un rapport consistant cherchant une facturation
« consistante ». C'est le cas de la société
TM où l'intervenant a été obligé de faire la
confusion entre la structure de la société mère et la
structure de la société objet du diagnostic pour aménager
son rapport.
Par ailleurs l'entreprise ne peut pas espérer voir son
projet réussir si ses acteurs ne disposent pas des compétences
requises pour les projets d'amélioration et de développement. Le
changement ne peut réussir sans réserves de compétences.
L'incompétence semble être la source de réticence et par
suite d'échec de changement.
La structure entrepreneuriale de la Tunisie présente
des entreprises familiales ayant démarré et évolué
dans un environnement stable et protégé et ayant appris des
méthodes de gestion qui ne sont plus valables pour gérer
l'entreprise dans un environnement instable. L'entreprise se retrouve
chargée d'un effectif qui ne peut pas facilement accepter le changement.
Le travail étant appris sur le tas, il est parfois même difficile
de le modifier.
Le lancement d'un programme de changement exige la
coopération active d'un maximum de gens. Faute d'une motivation
suffisante, personne ne viendra en renfort
Il semble, par ailleurs, que l'entreprise ne peut pas aspirer
à la réussite de son projet de changement, si elle ne dispose pas
des moyens financiers nécessaires pour le faire.
Ainsi il faut que le projet de changement soit à la
hauteur des moyens humains et financiers de l'entreprise. Il en est le cas des
entreprises SP et TM. Les pertes financières laissent moins de latitude
à l'action ; c'est le cas de la société SP. Par
ailleurs, les bons résultats ne donnent pas envie de changer ;
c'est le cas de l'entreprise SM.
En définitive, il convient tout d'abord de
préparer le dirigeant puis les subordonnés à l'idée
du changement. La formation et l'information sont deux facteurs
nécessaires.
La formation est un facteur de motivation qui donne l'occasion
à l'employé de gagner plus que confiance en lui-même. Ainsi
lorsqu'on lui attribue une nouvelle tâche, il saura facilement
l'assimiler et l'appliquer à partir du moment où on lui a appris
les théories de base. Un employé intelligent saura même
prendre des initiatives d'amélioration et de changement. L'idée
du changement commence à s'accrocher dans son esprit et ses
comportements. Il devient beaucoup plus ouvert au changement.
L'information est le 2ème facteur de
motivation de changement. Informer les subordonnés revient à leur
donner conscience de l'évolution des phénomènes
environnementaux qui influent sur l'évolution de l'entreprise. Les
informer des risques à courir si l'entreprise n'accepte pas le
changement et ne s'adapte pas à l'environnement. Il faudrait introduire
dans les esprits, l'idée qui consiste à faire le lien entre la
pérennité de l'entreprise et la survie de l'employé et que
la disparition de l'entreprise pourrait entraîner la perte de l'emploi et
le risque de chômage.
Il faudrait que le changement passe dans les habitudes de
l'entreprise ; pour cela, il convient de faire comprendre à chacun
le rôle des nouvelles approches, attitudes et comportements pour
l'amélioration des performances. Toute bonne compréhension passe
par une bonne communication. Il convient pour les PME de communiquer à
travers les réunions d'information, d'évaluation ou autres. Pour
assurer une bonne communication, il faudrait que les dirigeants fassent passer
leurs messages à tous les niveaux. Il s'agira d'apprécier dans
chaque réunion, par exemple, comment les solutions proposées
correspondent (ou non) au schéma global du changement ; on
examinera lors des séances d'évaluation, comment l'attitude de
tel ou tel employé concorde ou non avec cette vision.
Le changement devrait émaner de l'entreprise et mis en
oeuvre par les compétences de l'entreprise. Dans le cas des entreprises
ayant une structure organisationnelle légère et ne disposant de
réserves de compétences, celles-ci n'ayant pas les moyens pour
mettre en oeuvre leurs projets de changement ont souvent recours à des
compétences externes. La réussite du changement n'est pas
évidente si l'intervention du conseiller consiste à concevoir et
mettre en place, elle est par contre normalement évidente, si les
conseillers interviennent pour assister les employés de l'entreprise
dans leur projet de changement en termes conceptuel et institutionnel.
C'est parce qu'elle dispose d'une réserve de
compétences et des moyens matériels requises, c'est parce que les
dirigeants sont ouverts et compétents, c'est parce une culture de
changement a été introduite dans les habitudes de l'entreprise,
que l'entreprise MC a vu ses projets de changement réussir.
Trois éléments semblent déterminants dans
la réussite du changement dans le cadre de la mise à niveau des
entreprises tunisiennes. Il y a d'abord l'attitude des dirigeants qui parfois,
sans pour autant être profondément engagé et convaincu des
actions de changement, prétendent vouloir entreprendre la mise à
niveau pour abandonner le plan prévu à la moindre
difficulté. Leur motivation était surtout axée sur les
fonds que le programme offre. Une fois acquis, le souci de la recherche d'une
meilleure compétitivité ne les préoccupe plus
véritablement.
Vient ensuite la taille de l'entreprise. En effet, les PME
sont connues pour leurs ressources financières relativement
limitées par rapport aux grandes entreprises. Pour cette raison, il leur
est parfois difficile de mobiliser les ressources nécessaires pour faire
face à certaines situations imprévues dans le cadre du programme.
Par contre, les grandes entreprises se prêtent mieux à facilement
pallier à de telles situations du moment où elles disposent du
potentiel nécessaire.
Le troisième point est la réserve de
compétences c'est-à-dire les ressources humaines
compétentes disponibles. Dans une situation de changement, les
ressources humaines d'une entreprise devraient pouvoir facilement s'adapter aux
nouvelles situations. Or, pour s'adapter, une certaine polyvalence ou un
certain niveau de qualification est nécessaire. Les entreprises qui
disposent d'un personnel compétent et dynamique peuvent facilement
suivre la dynamique environnementale.
Les trois éléments déterminants ne sont
pas indépendants, au contraire, ils sont étroitement liés
l'un les autres. Par exemple, à supposer qu'une entreprise dispose d'un
personnel très compétent, si la direction ne voit pas
l'opportunité de permettre aux employés de faire preuve de ces
compétences (dans le cas d'une forte centralisation), les chances de
réussir le changement dans le cadre de la mise à niveau restent
très faibles.
Pareillement, lorsque l'entreprise est dirigée par un
responsable qui accepte de faire participer son personnel compétent aux
différentes prises de décisions, le changement ne pourrait
facilement être mener à terme si cette entreprise est de taille
réduite et ne dispose pas de suffisamment de ressources pour faire face
à la dynamique environnementale.
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