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Les crises biologiques du Toarcien et du Cenomanien-Turonien, similarités et différences:

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par Yannick LE GAC
Université Pierre et Marie CURIE, PARIS VI - maitrise 2001
  

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Figure 9 : Abondance et tendance de la diversité pour CT

Paleogeography, Paleoclimatology, Paleoecology 154 (1999) P 58)

Figure 9 : Abondance et tendances de la diversité pour CT pour la zone du Pueblo. Paleogeography, Paleoclimatology, Paleoecology 154 (1999) P 58)

Tant que cet intervalle d'extinction progresse, la diversité diminue à une moyenne de 2.3 espèces ; la faune est dominée par les bivalves benthiques, spécialement les inocéramides. Dans l'intervalle d'extinction, la diversité augmente peu jusqu'à 2,4 espèces ; les bivalves épifaunes continuent à dominer avec les inocéramides et les huîtres. Quelques huîtres, telles que Pseudoperna bentorensis étaient dépendantes des valves inocéramides qu'ils utilisaient comme substrat.

Notons l'extinction et la radiation observées chez les radiolaires pour le CT (Erbacher et Thurow, 1996)

C) Bilan

Notons que les données de la crise Ti ne concernent qu`une partie de l'intervalle de reconquête. Cela entraîne des conclusions limitées. Cependant des tendances peuvent être soulignées. En effet, les données montrent une augmentation de la diversité et également un changement concernant la dominance.

Ce changement montre une amélioration des conditions avec notamment une grande source de nourriture riche en éléments organiques à l'origine des dépôts noirs argileux.

L'intervalle de reconquête du pré-CT indique une hausse de la diversité et de l'abondance sauf chez les bivalves benthiques. Cela s'explique probablement par le fait que les bivalves benthiques représentent une portion très faible de la faune pendant cet intervalle de fond.

Les pulsations suivant directement les frontières des extinctions pourraient simplement représenter:

- Des événements évolutifs similaires à d'autres radiations de l'intervalle de fond à l'intérieur du groupe

- Une hausse dans les niches des colonnes d'eau supérieures associée avec des pics de transgressions.

Une analyse des morphotypes d'ammonites du CT suggère que les formes habitant les plus hautes zones atteintes par les colonnes d'eau ne sont pas affectées par l'extinction de masse.

En outre, les données sur les céphalopodes montrent que certains taxons ne sont pas sensibles aux même pressions sélectives et évolutives que les organismes vivants dans le domaine benthique. Cette différence s'exprime dans les taux rapides d'évolution subit par les céphalopodes alors que certains groupes benthiques ont une extinction marquée. Pour Ti, l'extinction principale d'ammonites précède l'extinction en masse. Cette évolution rapide fut favorisée par l'événement d'extinction, créant une place vacante dans l'écosystème dans laquelle les céphalopodes se seraient développés. En effet, lorsqu'un taxon s'éteint, il libère une niche écologique. Celle-ci est alors utilisée par un autre taxon, ce qui lui permet de se « développer ».

Néanmoins aucune disparition ne semble affecter les compétiteurs potentiels à l`intérieur du domaine pélagique.

La réponse biotique pour les taxons marins de ces deux événements est équivalente en général.

Les extinctions ont des valeurs très proches. La diversité est initialement élevée et distribuée équitablement.

Les tendances à long terme de la diversité montrent des traits similaires pour les événements du Ti et du CT

Notons que la diversité pendant la repopulation du CT est seulement légèrement supérieure à la moitié de celle durant l'intervalle d'extinction, cela entraîne que les changements dans la dominance sont relatifs plus qu'absolus.

Toutes ces données (fig4) qui peuvent paraître un peu rébarbatives permettent de mettre en évidence quatre principales tendances qui sont valables pour ces deux crises :

- 1er tendance : La diversité ne  varie presque  pas lors de l'extinction et les intervalles de repopulation sont relégués à « l'intervalle de fond ». Cela tend à un grand renouvellement sauf s'il y a des survivants. Ce model est le plus souvent réalisé dans les groupes à renouvellements rapides, tels que les ammonites et les bélemmites pour Ti et les inocèramides du CT fig 3 et 4.

- 2ème tendance : Elle se caractérise par une extinction de la majorité des taxons avant la « frontière », suivi par l'explosion évolutive très tôt dans la repopulation. Cela est illustré par les bivalves benthiques et les gastéropodes pour les deux extinctions ou les brachiopodes pour Ti.

- 3ème tendance : Les groupes ont quelques survivants mais aussi un retard évolutif avant l'apparition de nouveaux taxons, citons les crinoïdes de Ti et les bivalves fouisseurs du CT.

- 4éme tendance : Elle répond au concept « espèces lazares », cela traduit la disparition pour une période d'un groupe, qui trouvant refuge dans un lieu, réapparaît lors de la repopulation. Cela est valable pour les gastéropodes du Ti.

Ces deux crises présentent un intervalle de survie possédant une diversité et une abondance basses, reflétant la perturbation écologique de l'écosystème. Mais également un intervalle de reconquête étendu fig 3 et 4.

Toute la repopulation peut être considérée comme un événement important de diversification. Il existe plusieurs formes de réponses à l'événement : citons celle des ammonites ou des belemmnites du Ti et celle des inocéramides du CT, qui évoluent et rayonnent rapidement, cela suggère que les extinctions de masse représentent, pour certains groupes, un élément de radiation.

La réponse biotique suggère que les conditions rapidement améliorées permettent une expansion de la diversité et de l'abondance.

Harrie et Little ont étudié ces crises dans des sédiments qui ont été déposés dans des mers épicontinentales, tandis que Philip montre que le milieu récifal, lieu de vie des rudistes, a été également affecté par la crise CT.

L'ensemble des modèles des crises Ti et CT sont identiques à des échelles variées. De même, les intervalles d'extinction, de survie et de reconquête possèdent la même ressemblance. Dans les deux cas, les organismes planctoniques et nectiques habitant la partie supérieure de la colonne d'eau sont protégés des événements d'extinctions. Ces groupes ont aussi maintenu leur évolution.

Les bivalves benthiques ne furent pas affectés et devinrent dans les deux cas les organismes dominant dans les dernières portions de l'intervalle d'extinction et dans l'intervalle de survie.

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