·Senard
(Antoine-Marie-Jules)526(*) :
Né à Rouen, le 9 avril 1800, Jules Senard, fils
d'un architecte, fait ses études au lycée de Rouen et est
reçu avocat à Paris mais s'inscrit à 19 ans, au barreau de
sa ville natale. Il y remporte de brillants succès de Cour d'assises,
prend parti contre la branche aînée lors des Ordonnances de
Juillet, mais ne tarde pas à faire de l'opposition au gouvernement de
Louis-Philippe : il préside, le 24 décembre 1847, le banquet
réformiste de Rouen. Bâtonnier de l'Ordre des avocats, il est
nommé par le gouvernement provisoire, procureur général
à Rouen (mars 1848) ; mais il résigne ces fonctions, pour se
faire élire, le 23 avril suivant, représentant de la
Seine-Inférieure à l'Assemblée Constituante, le 18e
sur 19. Des troubles ayant éclatés à Rouen, il y
revient, n'étant pas encore remplacé comme procureur
général, réussit à triompher de l'émeute,
et, de retour à Paris, fait partie du comité du travail, et est
nommé président de l'Assemblée. L'appui qu'il prête
à la dictature du général Cavaignac lors des
journées de Juin, lui vaut les félicitations de
l'Assemblée et le portefeuille de l'Intérieur (25 juin) ; il
s'efforce, dans ce poste, de réorganiser l'administration, donne sa
démission le 13 octobre, et fait de l'opposition au Prince
Louis-Napoléon-Bonaparte, après l'élection
présidentielle du 10 décembre. Il vote pour le
rétablissement du cautionnement, contre le droit au travail, contre
l'impôt progressif, contre l'amendement Duvergier de Hauranne sur les
deux chambres, pour l'amendement Grévy, pour le remplacement militaire,
pour la proposition Rateau, contre la diminution de l'impôt du sel, pour
la mise en accusation du président et de ses ministres. Non
réélu à la Législative, Senard se fait inscrire au
barreau de Paris. Au 4 septembre 1870, le gouvernement de la Défense
nationale l'envoie en mission à Florence pour réveiller en notre
faveur les sympathies italiennes, et pour demander des explications sur le
mouvement séparatiste qui semblait se dessiner à Nice. Bien que
Senard croit devoir féliciter officiellement Victor-Emmanuel
« de l'heureux événement qui délivre Rome et
consacre l'unité de l'Italie » (les troupes
piémontaises venaient d'occuper Rome), il n'obtient satisfaction que sur
le second point de sa mission. De retour en France, (23 octobre), il se porte
candidat à l'Assemblée Nationale dans la Seine-Inférieure,
aux élections du 8 février 1871 ; mais il échoue.
Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris (juillet1874), il se
représente à la députation, le 18 octobre de la même
année, à l'élection partielle motivée dans le
département de la Seine-et-Oise par le décès de M.
Labélonye, et est élu. Il prend place à gauche et vote
pour les lois constitutionnelles. Il refuse de se représenter le 20
février 1876 ; mais, après la dissolution de la Chambre par
le cabinet du 16 mai, il est élu (14 octobre 1877) député
de la 1ère circonscription de Pontoise contre M. Dehaynin,
candidat conservateur. Il soutient la politique des cabinets
républicains, réclame du ministère au nom des gauches,
après l'élection d'une majorité républicaine au
Sénat en janvier 1879, une politique fermement républicaine, et
est nommé vice-président de la Chambre le 24 mai suivant. Les
élections du 21 août 1881 ne lui sont pas favorables : la
1ère circonscription de Pontoise ne lui donne que 4876 voix
contre 7053 au candidat radical élu, M.Vermond. Nommé chevalier
de la légion d'Honneur par M. Dufaure en 1876, M.Senard a refusé
cette distinction.
* 526 Adolphe Robert, Gaston
Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français,
op. cit.
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