3. Quelques résultats : les comptes de la
ville et de sa zone d'influence
Les comptes économiques de la ville et de sa zone
d'influence montrent l'importance de la polarisation et de la structuration de
l'hinterland par son pôle urbain principalement par la demande en
produits alimentaires. Cette importance de la demande en produits alimentaires
en direction de l'hinterland est porteuse de changement pour les agro
systèmes ruraux. Pour l'hinterland rural, une demande importante va
entraîner plus qu'une augmentation linéaire de la production. Elle
va se traduire par un changement structurel dans la qualité des facteurs
de production d'une part, et de l'autre dans la meilleure combinaison
productive de ces facteurs de production. Les implications en terme de valeur
ajoutée et de revenu sont alors importantes pour l'hinterland rural du
fait d'activités induites à l'échelle du bassin versant
économique. La pluriactivité, généralement
motivée par un impératif de minimiser la
vulnérabilité des ménages aux différents risques,
se développe alors et renforce l'intensité des échanges.
Cependant, cette plus ou moins grande capacité de la ville à
induire le développement dépend grandement des coûts de
transaction, de l'accessibilité des zones sous influence et de la
facilité avec laquelle le milieu rural pourra avoir accès au
marché par une meilleur information, une meilleure qualité des
infrastructures de transport, etc.
L'illustration des enseignements des économies locales
peut se faire selon deux types d'économie locale : une
économie locale de type côtière et une économie
locale du sahel. Pour cela, nous considérons pour les besoins de
l'analyse, trois tailles d'économie locale avec trois niveaux
d'urbanisation : une économie locale de 250 000 habitants avec
20% d'urbanisation soit 50 000 habitants dans la ville et 200 000
habitants dans l'hinterland ; une économie locale de 400 000
habitants avec un niveau d'urbanisation de 40% soit 150 000 habitants dans
la ville et 250 000 habitants dans l'hinterland ; une économie
locale de 500 000 habitants avec un niveau d'urbanisation de 60%.
La schématisation du fonctionnement des
économies locales qui découlent des cas étudiés est
la suivante (cf. tableau 1). Une ville côtière de 150 000
habitants avec un hinterland de 250 000 habitants produit une richesse
locale d'environ 75 milliards de francs CFA dans la ville et 38 milliards de
francs CFA dans l'hinterland. Une ville sahélienne ayant le même
poids démographique produit seulement 60 milliards de francs CFA dans la
ville et 30 milliards dans l'hinterland. La ville côtière de
50 000 habitants pèse 20 milliards de valeur ajoutée tandis
que son hinterland est aussi à 20 milliards ; la ville
sahélienne de même taille produit un quart moins,
c'est-à-dire 15 milliards dans la ville et 16 milliards dans
l'hinterland. Pour les villes de 300 000 habitants, on relève 180
milliards et 140 milliards de francs CFA respectivement à la côte
et au Sahel et 40 milliards et 30 milliards respectivement dans l'hinterland
côtier et l'hinterland du Sahel. Dans tous les cas, la contribution
urbaine au PLB est supérieure à sa part en population.
Tableau 1: Produit Local Brut (PLB) dans les économies
locales types
|
Côte
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
ville
|
20
|
400 000
|
75
|
500 000
|
180
|
600 000
|
Hinterland
|
20
|
100 000
|
38
|
150 000
|
40
|
200 000
|
ratio ville/hinterland
|
|
4,0
|
|
3,3
|
|
3,0
|
% ville
|
50
|
|
60
|
|
80
|
|
|
Sahel
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
Total (milliards)
|
Total/hab.
|
ville
|
15
|
300 000
|
60
|
400 000
|
140
|
450 000
|
Hinterland
|
16
|
80 000
|
30
|
120 000
|
30
|
150 000
|
ratio ville/hinterland
|
|
3,7
|
|
3,3
|
|
3
|
% ville
|
50
|
|
60
|
|
80
|
|
Tableau 2: Composition structurelle de l'économie
locale
|
Côte
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Secteur primaire
|
20
|
50
|
30
|
27
|
28
|
13
|
Secteur secondaire
|
5
|
12
|
42
|
37
|
92
|
42
|
Secteur tertiaire
|
15
|
38,0
|
41
|
36,0
|
100
|
45,0
|
Total
|
40
|
|
113
|
|
220
|
|
|
Sahel
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Secteur primaire
|
16
|
52
|
27
|
30
|
25
|
15
|
Secteur secondaire
|
3
|
10
|
20
|
22
|
55
|
32
|
Secteur tertiaire
|
12
|
38,0
|
43
|
48,0
|
90
|
53
|
Total
|
31
|
|
90
|
|
170
|
|
L'analyse transversale des composantes de l'économie
locale que permet la schématisation des économies locales peut
être faite selon le secteur primaire, moderne et informel (cf. tableau
3). Pour la côte, les données suggèrent dans le cas d'une
économie locale de 400 000 habitants, que le secteur primaire et le
secteur informel pèsent chacun aux environs de 30% de l'économie
locale, le secteur moderne environ 40% de l'économie. Cela s'explique
par la présence d'un secteur d'industries agroalimentaires d'une part et
de l'autre d'un pôle de services en tout genre. Dans le cas du Sahel, le
secteur informel pèse la moitié du PLB, au détriment du
secteur moderne qui est ici moins important.
On relève que dans le cas de l'économie locale
de 250 000 habitants, le secteur primaire et le secteur informel
contribuent respectivement pour 40% et 50% de l'industrie locale. Le secteur
moderne est encore embryonnaire, de l'ordre du cinquième de la
contribution du primaire. A cette taille d'économie locale, c'est la
production primaire et l'informel qui assurent la croissance économique
locale.
Pour l'économie locale de 500 000 habitants, les
données suggèrent qu'aussi bien à la Côte qu'au
Sahel, c'est le développement concomitant du secteur moderne et de
l'informel qui conforte le rôle de la ville comme pôle de service
et lieu de commerce et d'échange. On remarque un même volume
d'activité du secteur informel dans les deux cas et une part plus
importante prise par le secteur moderne dans le cas de la ville
côtière.
Tableau 3 : Composition structurelle de l'économie
locale: primaire, moderne et informel
|
Côte
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Secteur primaire
|
20
|
50
|
30
|
27
|
28
|
13
|
Secteur moderne
|
4
|
10
|
50
|
44
|
110
|
50
|
Secteur informel
|
16
|
40,0
|
33
|
29,0
|
82
|
37,0
|
Total
|
40
|
|
113
|
|
220
|
|
|
Sahel
|
|
250 000 habitants
|
400 000 habitants
|
500 000 habitants
|
|
20% urbanisation
|
40% urbanisation
|
60% urbanisation
|
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Total (milliards)
|
% du total
|
Secteur primaire
|
16
|
52
|
27
|
30
|
25
|
15
|
Secteur moderne
|
3
|
10
|
18
|
20
|
75
|
45
|
Secteur informel
|
12
|
38,0
|
45
|
50,0
|
70
|
40
|
Total
|
31
|
|
90
|
|
170
|
|
|