2.2. Le concept d'économie locale
Le concept d'économie locale vient des enseignements de
l'étude des perspectives à long terme en Afrique de l'Ouest
(WALTPS). Les villes sont perçues comme des pôles de
restructuration de l'économie locale. Leur importance tient aussi
à l'influence qu'elles exercent sur l'économie de leur hinterland
rural. Cette influence et les effets de rétroaction qui s'en suivent
fondent l'économie locale. La confrontation entre demande et offre
agricole s'effectue dans un espace structuré par les réseaux de
transport et de communication, avec des coûts de transaction et dans des
conditions de compétition interne et externe qui sont très
dépendantes de la localisation.
L'économie locale est donc à la fois urbaine et
rurale. Ses contours sont déterminés par l'espace à
l'intérieur duquel la densité des échanges et de
transaction a atteint un certain seuil tel que l'on perçoive
intuitivement un bassin versant économique. Les deux milieux urbain et
rural, les populations et les activités qui sont rattachés
à ces milieux sont étroitement imbriqués de sorte qu'il
est impossible d'en comprendre les fondements et les logiques dans une analyse
exclusivement urbaine ou rural. L'analyse, à cette échelle,
s'intéresse à la diversité de l'occupation et de
l'exploitation de l'hinterland, aux relations ville-campagne, à leur
évolution et à leur organisation par la ville principale et par
les centres secondaires de l'hinterland, par le réseau de communication
et les marchés locaux.
2.3. Les comptes économiques locaux
L'élaboration des comptes économiques locaux est
faite selon deux approches. Elle commence par la construction d'une toute
première « image » dynamique de l'économie
locale reposant sur la spatialisation des agrégats nationaux et sur
l'utilisation de modèles démo-économique et spatiaux.
La seconde approche, plus concrète, est basée
sur une compilation des statistiques existantes et sur des enquêtes
réalisées dans le cadre de l'étude. Cette approche permet
de fournir des informations entre autre sur : l'économie des
ménages, les entreprises des secteurs modernes » et
« informels », les échanges de biens et services et
les transferts, le capital privé et le capital public, et les
administrations et collectivités locales. Elle se fait en trois
étapes.
La première étape est basée sur la
collecte et la réalisation d'enquêtes complémentaires. Les
données stratégiques appréhendées par le biais des
enquêtes sont relatifs aux revenus, dépenses, transferts et
investissements des ménages de divers catégories ; aux
comptes d'exploitation des entreprises ; aux données sur les flux
extérieurs de la zone d'étude ; aux comptes des
collectivités locales et des administrations ; à la mesure
du stock de capital public et privé et à sa production.
La mesure des échanges avec l'extérieur reste
inévitablement imprécise mais l'obligation d'équilibrer
les dépenses et recettes des différents agents de la MCS
amène à fournir une évaluation corrigée.
La mesure exhaustive du stock d'infrastructure et
d'équipements publics et les réponses aux questions
afférentes à son évolution, ainsi que l'évaluation
du stock d'investissement privés indispensable à
l'établissement des comptes locaux, au titre de l'accumulation,
apportent également une information décisive pour les
débats sur la gestion patrimoniale locale.
Dans une seconde étape, l'élaboration se fait en
combinant les trois approches que sont l'approche par l'offre, l'approche par
les produits et l'approche par les revenus. L'approche par l'offre se fait par
l'intermédiaire des comptes de production des branches. Tout comme en
comptabilité nationale, les comptes locaux décrivent donc
l'activité des établissements et non des entreprises. L'approche
par la demande se fait par l'intermédiaire des comptes des produits. Ces
derniers s'obtiennent en mettant en rapport l'offre en produit (production et
importations) et les utilisations qui en sont faites (consommation finale,
consommation intermédiaire, investissement et exportation). La
confrontation de l'offre et de la demande se fait en permanence au fur et
à mesure de la construction des comptes.
L'approche par les revenus s'intéresse aux secteurs
institutionnels. Un secteur institutionnel regroupe un ensemble d'agents ou
unités institutionnelles ayant une fonction économique commune. A
chaque secteur institutionnel correspond un certain nombre de branches
correspondant elles-mêmes aux biens et services produits par ce secteur.
Dans l'étude de l'économie locale, trois principaux secteurs
institutionnels sont analysés : les ménages et entreprises
individuelles informelles, les entreprises modernes et les administrations. En
ce qui concerne les revenus des ménages, pour simplifier et comme il est
difficile de distinguer, par exemple la rémunération issue du
travail salarié du secteur informel, l'ensemble de ses revenus sont
regroupés dans la ligne « travail » et non
distribué entre les lignes « travail » et
« capital ».
Le reste du monde ne constitue pas un secteur institutionnel
comme tel, car on ne s'intéresse pas aux unités institutionnelles
non-résidentes, mais plutôt à une compilation qui regroupe
tous les flux, tous secteurs et tous pays confondus. Il s'agit d'un ensemble
très hétérogène d'opérations qui ont pour
contrepartie une unité non-résidente.
La confrontation des approches offre, demande et revenus est
effectuée pour établir les comptes économiques locaux. La
méthodologie des comptes économiques locaux utilise les principes
de base de la comptabilité nationale mais elle se distingue
néanmoins sur quelques aspects : alors qu'en comptabilité
nationale la consommation des ménages sert d : alors qu'en
comptabilité nationale la consommation des ménages sert
d'éléments de bouclage des comptes, en comptabilité locale
c'est le compte de l'extérieur qui joue ce rôle ; les
opérations financières ne sont pas étudiées
à cause de leur poids faible dans l'économie locale, leur
complexité et les difficultés pour avoir des informations au
niveau local. Les institutions financières sont ainsi classées
tout simplement parmi les entreprises modernes.
La troisième étape de l'élaboration des
comptes est la construction de la MCS qui sert de cadre de cohérence des
comptes économiques locaux.
|