La gestion des ressources en eau dans le bassin conventionnel du Lac Tchad: état des lieux et perspectives( Télécharger le fichier original )par Mbodou Mbami ABDOULAYE Université de Limoges - Master 2 en droit international de l'environnement 2006 |
SECTION II : LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUEComme dans la plupart des organisations, dans l'espace commun du lac Tchad, « chaque société s'organise en vue d'assurer d'une part la production des biens qui sont nécessaires à la vie des hommes et d'autre part, sa reproduction ». Cette société ainsi organisée a donné17(*) naissance naturellement à des structures socio-économiques. Ainsi, le bassin conventionnel du Lac Tchad a réuni un ensemble hétérogène dans lequel cohabitent des personnes de différentes nationalités formant une même entité. Dans cette entité, la diversité des activités économiques (paragraphe 2) traduit la spécificité de cette société (paragraphe 1). PARAGRAPHE 1 : L'ORGANISATION SOCIALELa population (A) du lac Tchad est une population cosmopolite avec des pratiques (A) qui reflètent la diversité culturelle de cette région. A-LA POPULATIONLe bassin conventionnel compte une population estimée à plus de trente millions d'habitants. Comme nous l'avons indiqué plus haut, il s'agit d'un bassin partagé entre le Cameroun, le Niger, le Nigeria, et le Tchad qui sont les quatre pays fondateurs de la CBLT. Avec l'adhésion de la RCA en 1994 et du Soudan en 2000, le bassin conventionnel a connu une extension. De sa superficie initiale de 432.650 Km², le bassin conventionnel couvre du coup plus de 966.955 Km². Dans cette contrée, diverses ethnies s'y côtoient. Les communautés Boudouma, Kanouri, Haoussa, Foulbé, Arabes et Kotoko sont majoritaires. En plus des populations des pays riverains, il y a également des ressortissants d'autres Etats Africains qui viennent au lac Tchad pour exercer principalement des activités relatives à la pêche. Nous pouvons citer à titre d'exemple des maliens, des guinéens, des sénégalais et des ghanéens. En effet, à y regarder de près, l'organisation de l'espace autour du Lac Tchad repose sur des rapports inter-éthniques qui se sont forgés. L'essentiel de cette population cosmopolite est regroupée autour des villages de Foudna, Kinassarom, Koulfoua, Tchongolet et Banangoréa qui font tous partie du canton Bol, au Tchad. Cette partie du Lac forme toujours les eaux libres où la pêche demeure encore possible toute l'année. Dans la partie Nigérienne (région de Diffa), l'eau s'était pratiquement retirée et la majorité des pêcheurs se sont déversés dans la partie tchadienne. D'autres ont même dû abandonner cette activité et se sont reconvertis en agriculteurs ou éleveurs. Cette cohabitation des populations de différentes couches a fait qu'aujourd'hui une grande partie des habitants vivant dans ce milieu parlent la même langue. C'est le cas notamment du Kanembou ou du Haoussa qui sont devenus des véritables langues d'échanges commerciaux et d'affaires dans le Lac Tchad profond. A force donc de vivre ensemble, cette diversité linguistique a fini par former une véritable entité. Cependant, dans la pratique des us et coutumes, l'on peut noter des différences de nature. * 17 Mangnant J.P, identité communautaire dans les Etats tchadiens précoloniaux, recueil d'articles 1990-1991, p.2. |
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