Chapitre III : Limites de la gestion des centres
commerciaux
I.
Limites de la gestion
Depuis la création des centres commerciaux, l'espace que
ces derniers polarisent est
de plus en plus important. Aujourd'hui certains centres
commerciaux (Touba Sandaga, Djily
Mbaye, etc.) ont fini d'absorber les espaces
connexes. Ce qui fait que les centres
commerciaux débordent de leurs lits d'où un
encombrement de certaines avenues comme
celles de Lamine Guèye, Jean Jaurès, etc.
Ainsi, les contraintes et les débordements ne
manquent pas. La gestion présente
plusieurs limites qui constituent toutes des entraves. Les
principales contraintes sont par
exemple la faible intervention des acteurs institutionnels, des
incertitudes liées aux problèmes
fonciers, et la faible intervention des bailleurs de fonds
(investissements privés extérieurs) et
autres contraintes.
1. Faible intervention des acteurs institutionnels
La mairie de Dakar et ses partenaires ont mis en place un cadre
institutionnel pour
une gestion des centres commerciaux et autres
équipements marchands. Ce cadre est la
Société de Gestion des Complexes Commerciaux de
Dakar (SOGEDAK) qui joue le rôle de
gestion et de coordination des politiques en matière de
complexes commerciaux à Dakar.
Mais malheureusement, cette structure ne contrôle que
le complexe commercial de Pétersen
dont la ville de Dakar est actionnaire majoritaire.
Ainsi, la plupart des centres commerciaux appartiennent à
des privés qui se chargent
exclusivement de l'élaboration de stratégies de
gestion.
La gestion de ces espaces reste donc un
élément majeur pour les acteurs
institutionnels et s'avère dès lors comme une
nécessité pour harmoniser les principaux modes
de contrôle et par conséquent freiner les nombreuses
limites notées dans ces espaces.
C'est pourquoi, la gestion des centres commerciaux ne doit par
être exclusivement du ressort
des promoteurs privés mais plutôt d'une gestion
concertée de ces derniers et les autorités. Les
nombreux services qu'ils offrent, attirent de
nombreuses personnes, ce qui nécessite
naturellement une gestion concertée entre les
différents acteurs.
Seydou KAMARA
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Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
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2. Faible intervention des bailleurs de fonds
En Afrique, les bailleurs de fonds (partenaires au
développement) constituent des
forces incontournables dans la mise en place de projets
de développement. De ce fait, leurs
implications dans les projets de centres commerciaux qui
sont aujourd'hui incontournables
dans la lutte contre l'encombrement des voies publiques.
Toutefois, il faut reconnaître que les promoteurs des
ces infrastructures sont essentiellement
des étrangers qui sont des investisseurs dans le
domaine de l'immobilier et dans d'autres
domaines.
Ainsi, le promoteur du centre commercial du Quatre C est
d'origine française.
C'est pour dire tout simplement que les
centralités commerciales sont un chantier de
développement car permettant à la capitale
sénégalaise de retrouver son lustre d'antan.
II.
Incertitudes liés aux espaces commerciaux
1. Problèmes fonciers des espaces commerciaux
Les équipements marchands fournissent l'essentiel des
ressources financières, leur
situation est tout aussi alarmante. Les difficultés
liées à la gestion de ces équipements au-delà
de leur localisation, sont en effet imputables à une
programmation et une gestion irrationnelle
du foncier des équipements marchands. Ainsi,
l'occupation incontrôlée du domaine public
constitue une limite à la gestion des centres commerciaux.
Dans ce contexte, il faut noter que le site de ces nouvelles
centralités est une casse
tête pour les promoteurs de ces équipements. C'est
pourquoi, lors de sa visite des chantiers du
complexe commercial de Pétersen le maire de
Dakar faisait faire remarquer aux
administrateurs de la SOGEDAK sur le foncier en ces
termes : « le terrain qui abrite le
complexe commercial appartient à la mairie de la ville de
Dakar et par conséquent il faut que
l'aspect juridique de cette question soit réglée
au plus vite. Ce terrain a été cédé à la
mairie
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par l'Etat »
De plus, il y avait le problème du centre commercial El
Malick qui a été démoli pour
cause de foncier et qui a fait sortir les commerçants de
leurs gonds en allant porter plainte au
promoteur pour manque à gagner. Mais subitement, il y a un
nouveau centre commercial qui
est entrain d'être construit sur le même site et par
le même promoteur.
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Déclaration de Pape DIOP, Maire de la Ville de Dakar
Seydou KAMARA
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De ce fait, on constate que l'immatriculation des terrains pose
un véritable problème
aux promoteurs.
2. Autres contraintes
Un certain nombre de dysfonctionnements est
noté dans la gestion des centres
commerciaux, parmi lesquels :
· Le débordement : Ce
phénomène est lié au fait que d'autres vendeurs du
fait de la
polarité notoire des centres commerciaux s'installent
tout autour du périmètre qui
était censé les contenir. C'est le cas de
nombreux centres commerciaux dakarois,
dont l'occupation déborde jusqu'au-delà des
différentes artères qui ceinturent ces
équipements marchands. C'est par exemple le centre
commercial Touba Sandaga qui
déborde sur l'Avenue Lamine Guèye et sur la Rue
Paul Holle. Cette situation a crée
une occupation anarchique des espaces jouxtant ces
centres commerciaux. Ce
phénomène est retrouvé au niveau
du complexe commercial de Colobane qui
d'ailleurs a poussé les autorités à
détruire le mur qui jouxtait le site pour cause de
sécurité car ce dernier était
menacé de ruine. De plus la construction du complexe
commercial de Colobane est exempte des normes
d'architecture (beauté du
bâtiment), d'hygiène, de sécurité,
etc. Les prises de vues suivantes illustrent cette
situation alarmante
Seydou KAMARA
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Photo 10 : Problématique de
l'insalubrité au complexe commercial de Colobane
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
Seydou KAMARA
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· Les excroissances : c'est un problème
très récurent au niveau des centres
commerciaux car freinant le bon fonctionnement de certains
centres commerciaux.
C'est le cas de Touba Khelcom dont les marchandises des
commerçants débordent
sur la voie publique. (voir photo).
Photo 11: Débordement de marchandises des
commerçants sur la voie publique
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
Seydou KAMARA
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Conclusion partielle
L'étude sur la problématique de la gestion
des centres commerciaux montre un
nombre d'acteurs important qui participe tant soit peu à
la gestion. Chaque groupe d'acteurs a
sa propre perception et vision de la gestion des centres
commerciaux, car ils sont confrontés
chacun à des difficultés individuellement pris.
Par ailleurs les sociétés de gestion
accaparent tous le processus de la gestion des
centres commerciaux en laissant de côté des acteurs
importants comme les usagers (clients),
les riverains qui d'ailleurs peuvent influencer sur
l'établissement des équipements marchands.
Tout cet environnement concoure à mettre les
centres commerciaux dans des situations
conflictuelles internes
Seydou KAMARA
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