Chapitre I : Contexte et création des centres
commerciaux
Le secteur du commerce à Dakar a connu de
profondes mutations au cours des
dernières décennies. Ces mutations ont conduit
à l'accès de nouveaux types d'opérateurs
économiques et autres grands commerçants dans
l'organisation de l'activité économique et
commerciale à Dakar qui sont par ailleurs
les principaux promoteurs des nouveaux
équipements commerciaux dans la capitale.
C'est dans cette nouvelle conjoncture que les centres
commerciaux sont édifiés au
Sénégal.
I.
Le contexte de création des centres commerciaux
La question de la rationalisation de l'espace dans le
centre ville devient de plus en
plus préoccupante pour les autorités en charge de
la gestion urbaine.
En effet on constate depuis un certain moment une
volonté des pouvoirs publics d'apporter
une solution à l'épineux problème de la
gestion de l'espace en encourageant des promoteurs
immobiliers à la création de centres commerciaux
capable de répondre aux difficultés liées à
la mobilité dans la capitale et du coup à une
rationalisation de l'espace.
De plus, il faut savoir que la création des
centres commerciaux a connu dans son
évolution plusieurs péripéties qui vont
de la construction de modèle de centre commercial
dans le but de stimuler sa croissance à la gestion de ces
équipements.
1. Historique de la création des centres
commerciaux
A Dakar, le rythme de croissance de la population et la forte
urbanisation ont conduit
à une concentration voire une congestion dans
l'agglomération dakaroise.
En effet, cette concentration humaine, ajoutée
à celle des entreprises, commerces et autres
activités, engendre des problèmes
d'encombrement qui sont alarmants dans la capitale
sénégalaise.
Cette situation a conduit à un phénomène
quasi permanent de manque de fluidité dont
les conséquences se résultent par le fait que les
chaussées sont occupées par des cantines, des
étales, des automobiles, des épaves etc.
De ce fait, Dakar n'a pas échappé au
contexte africain que Gustave MESSIAH dans sa
réflexion sur les villes en développement
disait que : « les sociétés urbaines africaines et
Seydou KAMARA
47
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
d'ailleurs sont parcourues par une somme incroyable de maux
sociaux, certains sociologues
14
parlent même de « crise urbaine » tout court
! » .
En ce sens, la ville de Dakar est sous la menace des risques
classiques qui secouent
les grandes villes d'Afrique et du monde. Ce sont essentiellement
:
· Le développement anarchique
caractérisé par la macrocéphalie de la capitale dû
en
effet par une forte urbanisation et une mauvaise occupation de
l'espace urbain. Sur
ce, le phénomène de surpopulation est
engendré par des mauvaises campagnes
agricoles successives ayant incité les populations
à l'exode rural et aussi par une
prolifération de petites activités commerciales
implantées de façon anarchique et
désordonnées sur l'espace public.
· Une forte densité de population par
endroit de la capitale (Dakar Plateau, Grand
Yoff, Parcelles Assainies,) et une très
faible présence d'infrastructures
commerciales dans certains lieux de Dakar.
Tout ceci constitue à terme un obstacle au
développement d'activités commerciales de grande
envergure.
C'est dans ce contexte que la création des
infrastructures et équipements capable
de répondre aux besoins des populations, des
infrastructures qui offrent une architecture et des
commodités adaptés et conformes aux
préoccupations des usagers en matière de modernité,
d'accessibilité, de confort, de praticabilité et de
diversité des offres de produits et de services
s'imposent.
En conséquence, la réalisation de centres
commerciaux revêt une importance toute
particulière susceptible de participer à la
rénovation du centre ville.
2. Difficultés liées à la
mobilité
Dans la région de Dakar, beaucoup de sites peuvent
être considérés de par les activités
qui y sont développées comme centre de la
ville de Dakar. L'intensité et l'importance des
relations d'échanges, de gestion, de production en
témoignent. L'essentiel de ces activités se
regroupent dans le Plateau. De ce fait, il rassemble
tous les pôles de développement :
économique, politique, social, administratif, judiciaire,
etc.
Cette centralisation des activités au niveau du
Plateau constitue l'une des problèmes de
mobilité.
14
MESSIAH et TRIBILLON (1998) : Villes en développement :
essai sur les politiques urbaines dans le Tiers
Monde
Seydou KAMARA
48
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
D'abord il faut rappeler que c'est vers le Plateau que convergent
les axes de communication
du fait des multiples fonctions qu'il occupe.
Ce tableau suivant donne des raisons sur les
caractéristiques de la voirie dans la ville de
Dakar.
Tableau 8: Les principales
caractéristiques de la voirie revêtue par
commune
d'arrondissement en mètres linéaires (m l)
Commune
d'Arrondissement
Dakar Plateau
Médina
Gueule Tapée/
Fass/ Colobane
Grand Dakar
Biscuiterie
HLM
Hann Bel Air
Liberté
Dieupeul Derklé
Grand Yoff
Mermoz/ Sacré
Coeur
Ouakam
Ngor
Yoff
Patte d'Oie
Parcelles
Assainies
Cambérène
Fann/ Point E/
Amitié
Gorée
Voirie Totale
Revêtu en bon
état (m l)
51792
12477
9611
Revêtu en
mauvais état (m l)
12948
29113
17849
Total revêtu en
(m l)
64740
41590
27470
Indicateurs m l/
habitant
1,34
0,59
0,6
3800
2500
5600
13900
4900
5500
6500
9430
11660
11330
13060
25810
14720
22170
19525
28301
15460
13830
18660
39710
19760
27670
26025
37731
0,38
0,21
0,41
0,85
0,64
0,68
0,23
1,61
4680
3340
4900
3020
3600
7650
7780
14860
17290
12230
12330
11120
19620
20310
18730
0,27
1,24
0,33
0,66
0,2
1600
17920
2000
33280
3600
51200
0,16
2,26
-
167970
-
301576
-
469546
-
0,55
Source : Agence de Développement
Municipal, 2001
Seydou KAMARA
49
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
Ce tableau montre les caractéristiques de la voirie
par commune d'arrondissement
en mètres linéaires, c'est à dire la
qualité et l'importance de ces routes.
Il faut noter que dans la ville de Dakar, les routes sont assez
fréquentes dans tous les coins des
communes d'arrondissement. Cette situation montre que la
capitale sénégalaise est bien
fournie en routes. Toutefois, il existe quelques lieux
où les routes sont en mauvais états. Ce
sont par exemple les zones intérieures de la
Médina, Grand Yoff, Sacré Coeur, Etc. Ces zones
sont par ailleurs des dortoirs pour les populations
travaillant dans le centre ville. Ce qui fait
que les autorités n'ont pas jugé peut être de
mettre le paquet pour apporter des infrastructures
routières dans les endroits pré cités.
Seulement, le Plateau de Dakar échappe à cette
situation d'infortune. Mais le paradoxe est que
c'est dans cette partie de la ville qu'on note plus les
problèmes de mobilité.
Photo 1: Difficulté de mobilité
dans le centre ville de Dakar
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
II.
Evolution dynamique vers la modernité
La géographie intervient dans l'organisation de la
ville de Dakar. Il est ainsi de
l'évolution vers la modernité de la carte
des équipements marchands dans la capitale. Cette
tendance est surtout favorisée par la volonté
des autorités étatiques de vouloir délocaliser le
grand marché métropolitain de Sandaga et les autres
marchés y afférents et qui contribuent à
encombrer la ville.
C'est dans ce contexte que les pouvoirs locaux tentent
de mettre en place des
programmes pour la modernisation des marchés et autres
lieux publics marchands. Ainsi, les
centres commerciaux s'inscrivent dans cette dynamique.
Seydou KAMARA
50
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
1. Délocalisation des marchés
métropolitains
Le déplacement des marchés du centre ville
vers les périphéries constitue une
décision à laquelle les autorités
locales tentent de prendre pour apporter une solution aux
problèmes d'encombrement dans la ville de Dakar.
De ce fait, cette initiative est valable pour deux raisons
principales :
· La première c'est de permettre à
la circulation de s'effectuer aisément dans le
Plateau, ce qui aura sans aucun doute une
influence favorable sur l'activité
commerciale et améliorera la sécurité.
Ceci offrira des solutions pertinentes à
l'épineux problème des embouteillages qui
actuellement est entrain de tenir l'image
de Dakar de façon considérable.
· La deuxième raison demeure des raisons
hygiéniques, environnementales qui sont
liées à la pollution atmosphérique et
sonore, mais aussi de sécurité.
Toutes ces raisons font que certains marchés comme celui
de Sandaga sont dans une position
de déguerpissement.
Le marché de Sandaga qui est construit en 1932 et
inaugurée en 1936 fut l'un des
milieux d'affaires les plus adaptés de l'Afrique
Coloniale.
Avec une superficie de 4400 m², cet espace commercial abrite
actuellement, 262 cantines, 51
étales et 4 magasins fonctionnels. Il est
officiellement occupé par 597 commerçants et
officieusement par un millier de commerçants, sans
compter les marchands ambulants qui
sont présents sur le site chaque jour.
Paradoxalement, en recette, le marché ne rapporte à
la mairie de Dakar que 54 millions
15
par an.
16
Et selon Mr NIANG , cette somme est dérisoire vu
la densité et l'importance des activités
commerciales qui s'y font tous les jours.
En effet, dans le souci de prévenir les
catastrophes, moderniser les endroits à usages
publics et de rendre plus rentable l'activité
commerciale, il urge de trouver une solution au
problème du marché Sandaga car il vieillit.
Ainsi, depuis le 16 Février 2006 la Mairie de
Dakar par arrêté N° 407/VD/DAU/D portant
évacuation d'un immeuble, a proposé aux
autorités administratives le déguerpissement du
bâtiment abritant le marché Sandaga « qui
menace ruine et risque de s'effondrer sur ses
occupants ».
15
16
Recensement fait par la Division des Halles et Marchés
(DMH)
Chef de la Division des Halles et Marchés de la Commune de
Dakar
Seydou KAMARA
51
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
C'est dans ce contexte que la délocalisation des
marchés métropolitains, qui sont aujourd'hui
trop vieux à raison de l'âge colonial, est
d'actualité dans les décisions administratives et
locales.
2. Création de centres commerciaux
La centralisation des activités à la fois
commerciales, administratives, politiques,
culturelles, etc. constitue l'une des nombreuses causes
des problèmes de mobilité dans la
capitale.
En effet, la demande trop forte des populations
(commerçants par exemple) en
matière d'infrastructures et équipements marchands
et autres emplacements digne de ce nom,
fait que les autorités et promoteurs immobiliers
privés se sont inspirés afin de monter des
projets de centres commerciaux.
Ceci est surtout encouragé par les
délocalisations programmées des marchés
métropolitains comme Sandaga ou Colobane. Et aussi
par un environnement désastreux des
voies publiques de la capitale par des installations
illégales et autres désagréments qui ont
déjà porté atteinte à la
configuration spatiale de la ville de Dakar.
Dans ce contexte, la création de centres
commerciaux s'impose et demeure une
alternative pour les besoins aussi bien de la
mobilité urbaine, de la rénovation urbaine, et
naturellement de l'urbanisme.
Ainsi, les centres commerciaux suivants sont
érigés dans toute la capitale avec des
caractéristiques différentes des uns par rapport
aux autres. Ce sont :
· Le centre commercial Touba
Sandaga : c'est le premier centre commercial
construit dans la ville de Dakar par le CCBM (Comptoir Commercial
Bara Mboup).
Il est situé sur l'Avenue Lamine Guèye angle
Paul Holle. Il jouxte le marché
Sandaga. Le centre commercial compte 174 magasins répartis
sur 5 niveaux divisés
en commerces :
Niveau Vert : Rez- de- chaussée = Tissus
Niveau Jaune : 1 étage = Prêt-à-porter,
Bijouterie, Parfumerie, Cosmétiques
Niveau Rouge : 2 étage = Electronique, Informatique
Niveau Bleu : 3 étage = Divers
Niveau Vert Bis : 4 étage = Banque, Restaurant, Salle
de Jeux, Business Center
Le centre commercial Touba Sandaga a une superficie de 11000
m² et il abrite un
sous sol comportant un parking, des caves et box pour
entrepôts individuels de stockage
ère
ème
ème
ème
Seydou KAMARA
52
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
et une mosquée. C'est un immeuble très
moderne avec une belle architecture et
certaines commodités recherchées par les
commerçants et autres visiteurs.
Par ailleurs, il faut noter que le CCBM est entrain de
réaliser une extension du
centre commercial Touba Sandaga du fait de la
demande trop forte de lieu de
commerce.
Photo 2 : Centre Commercial Touba Sandaga
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
· Le centre commercial Sicap
Plateau : c'est un centre commercial très moderne
construit par la Sicap (Société Immobilière
du Cap Vert). La construction du centre
commercial a démarré en 1998 avant
d'être suspendue pendant 3 ans pour des
problèmes de financement. Mais elle a repris pour
être livrée et inaugurée en 2005.
Le centre commercial Sicap Plateau est situé sur
l'Avenue Jean Jaurès et il a une
superficie de près de 9100 m² dont les 2500 m²
sont affectés au commerce et 7000
m² réservés pour les bureaux et autres
services. L'atout majeur de ce centre
commercial fait qu'il est construit avec des normes
internationales en matière de
commodités d'infrastructures commerciales en mettant
à l'intérieur des escalators
que l'on retrouvent pratiquement dans les centres
commerciaux européens et
américains.
Seydou KAMARA
53
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
Photo 3 : Centre Commercial Sicap Plateau
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
· Le centre commercial les Champs de Courses
ou «les Quatre C » : Inauguré le
21 Décembre 2006, le centre commercial les Quatre C est
construit sur une surface
de 27000 m² dont 65% est réservé à la
location et 35% pour la vente. Il comporte
161 boutiques modulables d'une superficie moyenne de
30 m², trois grandes
surfaces modulables d'un total de 3644 m². Le centre
commercial les champs de
courses abrite donc un espace important présentant ainsi
beaucoup d'atouts pour la
concurrence. C'est ce qui fait qu'il sera une
réponse mercantile aux nouveaux
besoins des consommateurs : facilité d'accès,
proximité du parking, etc.
Photo 4 : Centre Commercial les Quatre C
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
Seydou KAMARA
54
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
· Le complexe commercial de Pétersen
: Premier du genre au Sénégal, le complexe
commercial de Pétersen qui est en chantier sera
géré par la SOGEDAK (Société de
Gestion des Complexes Commerciaux de Dakar).
Il est construit sur une surface de 1,5 Hectares et le
financement s'élève autour de
18 milliards. Le complexe commercial doit accueillir 3500
magasins dont le prix de
vente est de 6 millions et de nombreux services. Il a
pour vocation de devenir le
premier business center sénégalais à
l'instar des temples de la consommation situés
dans les grandes villes américaines. Outre les
galeries commerciales disposant de
3500 espaces verts, le complexe commercial
regroupera des restaurants
panoramiques, une piscine, des espaces loisirs, des
télécentres, des cybercafés ainsi
que deux immeubles de 10 étages à usage de
bureaux. Aussi, dans ce lot sera
introduit des fonctions de services comme les
transactions commerciales, des
agences bancaires, des distributeurs automatiques et des
sociétés de prestation de
services. En ce qui concerne la sécurité, la
SOGEDAK prévoit l'implantation des
postes de police, des bouches d'incendie et de postes de
santé. Un système intégré
de ramassage et de traitement des ordures sera
également crée pour garder le site
propre. Le parking aérien, à l'avenant de cet
énorme centre commercial possédera
1800 places. La ville de Dakar est l'actionnaire
majoritaire, le reste des fonds
proviennent d'investisseurs privés.
Photo 5 : Complexe Commercial de Pétersen
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
Seydou KAMARA
55
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
· Le complexe commercial Cheikh Ahmadou
Bamba de Colobane : Le complexe
commercial Cheikh Ahmadou Bamba de Colobane n'est pas
encore fonctionnel. Il
est construit sur fonds privés par la mairie de Dakar. Il
doit accueillir environ 1500
cantines. Il faut reconnaître que le modèle de
centre commercial de Colobane colle
bien avec les réalités locales et
sénégalaises. En effet, les caractéristiques du centre
commercial de Colobane sont très différentes
de celles rencontrées dans la ville à
savoir Touba Sandaga, Sicap Plateau, etc.
Photo 6 : Complexe Commercial Cheikh Ahmadou
Bamba de Colobane
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
· La Galerie Commerciale Touba
Khelcom : Ce centre commercial se situe en face du
centre commercial du Sicap Plateau, qui est à
l'Avenue Jean Jaurès. Il est moins
conforme aux normes des centres commerciaux modernes car
ne répondant toujours
pas aux soucis d'élargissement, de beauté, de
la qualité d'accueil, etc. ce centre
commercial crée beaucoup de problèmes
d'encombrements, d'embouteillages, et de
mobilité (Voir Photo à la Troisième Partie
à la page 82)
Seydou KAMARA
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Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
Photo 7 : Galerie Commerciale Touba Khelcom
Source : Prise de vue de KAMARA S., 2007
La liste est loin d'être exhaustive, seulement les
centres commerciaux répertoriés
sont utiles pour notre étude et ils nous permettent de
montrer leurs différences tant du point de
vue de l'architecture, de son rayonnement, de ses
caractéristiques et des autres éléments
participant à la particularité de chaque
centre commercial. Ainsi, il y a une très grande
différence entre le centre commercial Les Quatre C et le
complexe commercial de Colobane.
Ceci est du, d'abord à l'ampleur de l'investissement,
ensuite à l'emplacement des différents
sites et enfin à la qualité du respect des
normes en matière de construction de centre
commercial.
C'est dans ce contexte que la création des centres
commerciaux a connu des fortunes diverses
dans la capitale sénégalaise.
Par ailleurs, il faut noter qu'il y a d'autres types
d'équipements marchands rencontrés au
niveau de la ville de Dakar. Ils se caractérisent
par des surfaces grandioses qui connectent
plusieurs structures allant aux banques en passant par
les grands magasins de vente de
produits alimentaires, d'habillement, etc. Ce sont par
exemple les Casinos Supermarchés, la
Galerie SAHM, la Société City Sport, etc.
· Casino Supermarché : Ce sont
de nouveaux types d'équipement marchands installés
dans la ville de Dakar suite à la dislocation des
magasins de Sahm et de la vente de
l'enseigne « Leader Price » en 1997 par le
groupe à TLC Béatrice Groupe en France.
Mais au Sénégal le processus de
désinstallation de l'enseigne « Leader Price »
s'est
très lentement observé et que c'est vers 2001 que
cette délocalisation a effectivement
eu lieu. Ainsi, il a été noté une grande
visibilité de la structure (Grand magasin) dans
Seydou KAMARA
57
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
la capitale par l'aménagement et la présentation
des enseignes de Casino supermarché
(voir photo 8) dont deux grands magasins le représentent
à Sahm (Ex Score prix bas)
et à l'Avenue Albert Sarraut (Ex Printania). Le
propriétaire de ces grands magasins est
le milliardaire Sénégalo Libanais Monsieur
Houdrouge. Ces grands magasins sont
gérés par une société
dénommée DAMAG (Société des Grands Magasins
Dakarois)
qui est dirigée par un conseil d'administration et une
direction générale. Son siège se
trouve derrière le Casino Supermarché de Sahm.
Photo 8 : Casino Supermarché Sahm et de
l'Ex Printania
Source : Prise de vue de KAMARA S. 2007
III. Environnement économique des nouvelles
centralités commerciales
Les centres commerciaux génèrent
aujourd'hui sans nul doute une manne financière
considérable à tous les échelons de sa
réalisation.
Il s'agit de l'architecte, de l'urbaniste, de l'entreprise
BTP, du promoteur, des commerçants
acquéreurs, des clients, etc. Tout ce beau monde
constitue l'environnement par lequel la
construction d'un centre commercial est possible.
Pour les entreprises qui ont souvent gagnées les
marchés de centres commerciaux, on peut
citer : le Consortium d'Entreprise (CDE), Eiffage
Sénégal, Entreprise Générale des Travaux
zone technopole (EGX), etc.
Seydou KAMARA
58
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
1- Entreprises de Bâtiments et Travaux Publics
A Dakar, plusieurs entreprises de BTP exercent leurs
compétences dans les marchés publics et
privés. Ainsi, elles se considèrent comme des
références en matière de bâtiments et travaux
publics au niveau du Sénégal en particulier et de
l'Afrique en général.
Dans ce lot, nous avons le CDE, Eiffage Sénégal
(ancien Fougerolle), etc.
· Consortium d'Entreprise (CDE) :
Le CDE a été crée à partir d'un consortium
regroupant plusieurs activités du BTP, en avril
1967. Son fondateur Feu Joseph
Bakhazi s'associe en 1978 à Mr Abdoulaye Chimère
Diaw, actuel Président du conseil
d'administration. Depuis sa création, CDE a pu
grâce à son savoir faire et son
professionnalisme, devenir une entreprise de
référence dans le domaine du Bâtiment et
des Travaux Publics avec la réalisation d'ouvrages
prestigieux au Sénégal, en Afrique
17
et dans le monde. Le capital du CDE est estimé à
1.600.368.000 FCFA . Le CDE a
une grande expérience dans la construction de
centre commercial. Ainsi, le centre
commercial Sicap Plateau, celui de SERHANN et celui de
CITAMIL font partie du
répertoire des centres commerciaux construits.
· Eiffage Sénégal : Le
groupe Eiffage est devenu l'ancien Fougerolle créé en 1992 dont
le Président Directeur Général est Jean
François Roverato. Les activités qu'exerce le
groupe se structurent autour des Travaux Publics, des
Bâtiments, de la Promotion
immobilière, des Routes, des Concessions, de
l'aménagement urbain et maintenance
globale. Le groupe Eiffage est le 3 groupe de BTP
français. Au Sénégal ce groupe a
construit le centre commercial Touba Sandaga et quelques d'autres
dans la ville.
2- Financement des centres commerciaux
Tout projet viable et bancable nécessite un financement
d'où une recherche effrénée de la part
des promoteurs des centres commerciaux d'investisseurs et autres
bailleurs pour l'attribution
d'un financement.
Ainsi cette recherche de fonds se voit à deux niveaux :
· D'abord la recherche ou l'acquisition de
terrain qui est un véritable casse tête pour
les promoteurs. Car, beaucoup de terrains abritant les
centres commerciaux dans la
ville sont évalués à un prix très
élevé au m². Ce qui explique une spéculation
foncière
très poussée dans ce domaine. Toutefois les
promoteurs devront s'acquitter du
montant du terrain avec le propriétaire qui n'est autre
que l'Etat ou la ville de Dakar
ou bien la commune d'arrondissement à laquelle se
situe le centre commercial. Par
ème
17
Direction des Ressources Humaines de la CDE
Seydou KAMARA
59
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
équipements marchands à Dakar : Cas des nouvelles
centralités commerciales
conséquent des combinaisons sont faites pour la
rétrocession des terrains entre l'Etat
et les collectivités ou bien entre ces dernières et
les promoteurs.
· Ensuite le financement proprement dite qui
peut être scindé en deux parties : les
fonds propres et l'apport client. Les fonds propres concernent le
capital compris dans
le coût global des centres commerciaux. Le capital sera
entièrement libéré lorsque de
nouvelles structures et organisations acceptent de
participer à l'élaboration des
centres commerciaux. Dans ce lot, il y a le financement des
banques comme la SGBS
(Voir photo de la plaque de construction du centre commercial El
Malick). Aussi, il y
a l'apport client qui est essentiellement composé de
droits préférentiels de réservation
payés d'avance par les commerçants sur un
espace afin de pouvoir obtenir le
privilège de faire un choix sur un emplacement.
Photo 9 : Plaque de construction du Centre
commercial El Malick
Source : Prise de vue de KAMARA S. 2007
Les projets de centres commerciaux sont essentiellement
financés par des sociétés de capitaux
en acquérant un nouveau capital avec vente d'actions ou
d'obligations.
Ainsi, le promoteur décide des éléments
d'actifs à acquérir et du financement de leur
acquisition. La décision d'investissement se fait en
fonction des taux d'intérêt attendus et du
risque.
Toutefois, la création de centres commerciaux par des
promoteurs assure un développement
soutenu de la production commerciale, de la capitale en
tant que collectivités et même des
commerçants.
Seydou KAMARA
60
Croissance urbaine et gestion des infrastructures et
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