Etude des causes et conséquences socio-économiques de l'expansion des bidonvilles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince( Télécharger le fichier original )par Eliccel PAUL CTPEA - DES 2002 |
CHAPITRE 3 - IMPACT DE L'EXTENSION DES BIDONVILLES SUR LE MODE DE VIE DES HABITANTS DE L'AIRE MÉTROPOLITAINE DE PORT-AU-PRINCELa prolifération des bidonvilles dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince a des incidences néfastes sur la vie des gens et sur l'environnement. Ainsi, on se propose dans les lignes qui vont suivre de relater ces différents impacts. 3.1.- Impact sur l'environnement urbain de Port-au-PrinceLa configuration de la ville de Port-au-Prince se modifie au fur et à mesure que s'accentue le processus de bidonvilisation de l'aire métropolitaine. Les habitats nouvellement érigés posent problème, à cause de leur bas standard et les ménages qui les habitent sont confrontés à toutes sortes de problèmes. La ville devient de plus en plus insalubre, de par ses caractéristiques physiques désagréables, et aussi, l'absence de ramassage d'ordures et d'immondices. Les installations des équipements sociaux deviennent de plus en plus inadéquates par rapport à l'extension de la population. L'absence des travaux de curage au niveau du système de canalisation rend l'évacuation des eaux usées impossible et entraîne l'inondation à chaque chute de pluie. Les eaux pluviales et usées non évacuées constituent des flasques d'eaux considérés comme très dangereux pour la santé de la population. Donc, Port-au-Prince qui est la ville primatiale dans le réseau urbain haïtien présente l'aspect d'une ville attractive en termes d'activités économiques comparativement aux autres villes secondaires, mais très insalubre aussi à part quelques quartiers retirés dans les zones périphériques habités par les gens aisés gardant encore leur état de salubrité. La plupart des quartiers résidentiels de Port-au-Prince se voient entourés par des bidonvilles. Cela est un constat, les zones d'habitats précaires suivent le déplacement des quartiers des gens aisés. Tout ceci engendre la dégradation de l'environnement physique de Port-au-Prince. 3.2.- Impact sur le marché de l'emploi
Les bidonvilles sont pour la plupart constitués des gens sans métiers provenant des milieux ruraux à la recherche d'un mieux être. L'arrivée de ces gens ne fait qu'augmenter le nombre de personnes qui se trouvaient déjà au chômage. Etant donné que les migrants ne peuvent pas s'insérer facilement sur le marché de l'emploi, il devient encore plus difficile pour ce groupe de gens de se procurer les biens et services nécessaires pour leur survie. Même s'il existe certaines industries de sous-traitance qui pourraient les embaucher, mais frappés par l'analphabétisme, ils n'arrivent pas à trouver un emploi. Ce qui fait qu'on a un taux de 65% de chômage dans les milieux urbains dont 45% des hommes et 55% des femmes 1(*)4. La situation des nouveaux migrants est souvent très délicate, ils se trouvent dans l'impossibilité d'envoyer leurs enfants à l'école. Plusieurs de ces ménages font beaucoup d'efforts pour empêcher que leurs enfants connaissent cette situation d'extrême pauvreté en leur procurant une formation professionnelle, mais l'explosion démographique entraîne le gonflement de l'armée de réserve de main d'oeuvre, ce qui conduit à la stagnation ou à la décroissance du taux de salaire. C'est l'application même de la courbe de Philips qui montre que « plus le chômage est élevé plus les salaires sont bas». Donc, l'on peut comprendre que même les gens qui travaillent dans les industries d'assemblage se trouvent en situation de chômage déguisé avec un salaire dérisoire, ne leur permettant même pas de subvenir à leurs besoins primaires. Cette situation rend le marché de plus en plus inaccessible pour cette catégorie de gens à faible revenu. * 14 14 IHSI, recueil de statistiques sociales vol II, 2000. Note: Pour la relation de Philips, le taux de variation des salaires est une fonction décroissante de la variation du taux de chômage mesurée par le pourcentage, plus il y a de chômeurs par rapport à la population active plus l'accroissement des salaires est faible. |
|