II./ Fonctionnement des institutions de micro-finance
A./ Ressources et sources de
financement
Les ressources des institutions de micro-finance proviennent
essentiellement des dépôts des membres, des subventions et des
emprunts.
À l'heure actuelle, la majorité des investissements
étrangers en micro-finance d'origine privée provient de sources
à vocation sociale, notamment d'organisations professionnelles, d'ONG et
de philanthropes fortunés. Les investisseurs commerciaux qui cherchent
à maximiser leurs profits, comme les investisseurs socialement
responsables (soucieux de rentabilité commerciale, mais qui
évitent certains secteurs jugés indésirables), n'ont
jusqu'ici que relativement peu investi dans le secteur de la micro-finance.
Une étude faite par la banque mondiale montre que
environ 50 % des ressources des institutions de micro-finance proviennent de
bailleurs de fonds, 34 % de la collecte de dépôts, 8% de
crédits commerciaux, 4% de l'État et 4% d'autres origines, y
compris leurs fonds propres. Dans chacune des cinq régions
étudiées, les bailleurs de fonds représentent la
principale source de financement. Il est intéressant de constater qu'en
Afrique de l'Ouest et du Centre-Ouest les dépôts
représentent 34 % du total des ressources des institutions de
Micro-finance.
a) Dépôts
Les dépôts peuvent être de deux
sortes :
- L'épargne volontaire
L'épargne volontaire est constituée de deux
types :
- Les dépôts à vue constituent la
catégorie la plus utilisée des produits d'épargne. Ils
sont caractérisés par la souplesse des conditions d'accès
: faible montant exigé pour l'ouverture d'un compte, proximité et
accessibilité des caisses, possibilité d'effectuer de petits
versements et liberté de retraits à tout moment, facilité
d'exécution des opérations. Les dépôts à vue
permettent aux populations de garder leurs économies en lieux
sûrs, à l'abri des pressions familiales. Le livret de compte remis
au déposant lui permet de vérifier les opérations
effectuées et le solde disponible dans le compte
- Les dépôts à terme sont des
dépôts bloqués pendant une période minimum de trois
mois et qui sont rémunérés par un taux
prédéterminé. Les dépôts à vue sont
très peu développés pour au moins deux raisons. D'abord,
les populations ont des revenus très faibles. Ensuite il s'avère
que la motivation essentielle de l'épargne demeure l'accès au
crédit, même si d'autres motivations comme la
sécurité et la précaution existent.
- L'épargne obligatoire
L'épargne obligatoire est en relation directe avec le
crédit.
On trouve deux types d'épargne obligatoire :
- L'épargne préalable suit le postulat selon
lequel un demandeur de crédit doit fournir un effort financier minimum
consistant à épargner régulièrement une certaine
somme pendant une période à déterminer. Ce qui devra
prouver qu'il est capable d'apporter au moment de sa demande de crédit
une part des besoins de financement (au minimum 10 %). Cette épargne est
bloquée et parfois non rémunérée
- L'épargne de garantie sert à garantir le
crédit consenti généralement à un individu ou
à un groupe. L'épargne de garantie est parfois utilisée en
combinaison avec d'autres formes de garanties (cautions solidaires de groupe).
La mobilisation de l'épargne de garantie (ou selon les appellations :
fonds de garantie, fonds de groupe, épargne nantie) se fait selon trois
procédés différents :
- Une constitution préalable de l'épargne par
les moyens propres des demandeurs
- Un prélèvement sur le montant du crédit
au moment de la mise en place du prêt. Ce montant prélevé
est bloqué comme garantie
- Une constitution de l'épargne au fur et à
mesure que l'on rembourse le prêt. Ceci ne constitue plus une garantie
mais suppose une incitation à l'épargne.
b) Subventions
Les dons ou les prêts sur réescompte à
faible taux d'intérêts émis par les gouvernements et les
organismes donateurs se substituent souvent à la mobilisation de
l'épargne par les institutions financières. Mais même
lorsque ce type de fonds externes vient compléter l'épargne,
l'expérience a montré de manière convaincante que plus ils
sont importants, moins l'institution est durable. L'une des raisons en est que
l'accès à des sources de fonds bon marché affaiblit la
volonté de l'institution de parvenir à l'efficacité
opérationnelle. En outre, comme expliqué ci-dessus, le recours
à ce type de fonds risque de provoquer un comportement de remboursement
plus médiocre, et d'inciter l'institution à proposer pour ses
prêts des taux d'intérêts inférieurs au
marché, politique qui engendre d'autres pièges.
La tâche principale des bailleurs de fonds devrait
être d'identifier et de prendre le risque de traiter avec des
institutions de micro-finance prometteuses, quoique présentant un
niveau de risque plus élevé, afin de laisser les investisseurs
commerciaux traiter avec les institutions bien établies et
sûres.
c) Emprunts
Recours à lignes de refinancement et/ou des fonds de
garantie. La mise à disposition des institutions de micro-finance de
fonds de garantie par les bailleurs de fonds et ou les Etats,
généralement domicilié dans les banques de la place, est
devenu au fur et à mesure des années, une pratique de plus en
plus répandue (davantage que les lignes de refinancement). Certains
opérateurs de micro-financement, ou encore certaines banques ne sont
prêts à s'engager dans les activités de micro-financement
dans des contextes risqués que sous couvert d'un fonds de garantie. Si
ces fonds peuvent effectivement aider les institutions de micro-finance
à s'engager dans des financements plus risqués et/ou, dans une
certaine mesure, aider les institutions de micro-finance à atteindre
plus rapidement leur autonomie financière, on tend, cependant, à
observer des « abus » dans les situations où la prise de
risque par l'opérateur ou la banque est quasi-nulle, le risque de
crédit étant pris en charge par les emprunteurs et les
propriétaires du fonds. Dans de nombreux cas, cette répartition
inégale des risques conduit rapidement à la disparition des
fonds, car ceux qui distribuent les crédits sont peu incités
à maintenir une politique stricte de recouvrement des prêts.
Les institutions de micro-finance réglementées se
tournent de plus en plus vers les sources de financement locales. Les
ressources en monnaie nationale présentent au moins deux avantages
importants. Premièrement, elles ne créent pas de risque de change
pour Les institutions de micro-finance . Deuxièmement, et plus important
encore, les dépôts, les emprunts et les fonds propres en monnaie
nationale ont plus de chances de provenir de sources à vocation
commerciale, autrement dit, de porter sur de plus gros volumes et d'être
plus fiables que les financements extérieurs à vocation
sociale.
B./ Analyse du crédit
Le défi actuel de la plupart des institutions de
micro-finance est celui de l'institutionnalisation et de la
pérennité. Cette dernière n'est réalisable que si
les institutions de micro-finance parviennent à offrir des services
adaptes aux besoins de leurs membres que sont l'épargne et le
crédit.
Le crédit joue un rôle fondamental dans le
fonctionnement d'une institution de micro finance. Le lexique d'économie
le traduit comme un acte se traduisant par un prêt consenti en contre
partie d'une promesse de remboursement dans un délai
généralement convenu à l'avance. Cette définition
reflète mieux la notion de crédit dans nos localités. Dans
son sens étymologique, octroyer du crédit a quelqu'un signifie
lui faire confiance. Ceci est dû au fait que les populations
bénéficiaires de ces crédits ne disposent pas de toutes
les conditions et garanties nécessaires pour accéder aux services
financiers des banques classiques. En effet, les caisses sont
généralement fondées sur les principes que sont l'union,
la solidarité et l'entre aide mutuelle. Elles ont pour objectif de
collecter l'épargne des adhérents afin de pouvoir mettre à
leur disposition des services de crédit contribuant à
l'amélioration de leurs conditions de vie économique et sociale.
L'octroi de crédits doit être accompagné d'un suivi
régulier et d'un encadrement dans le but d'engendrer un impact positif
sur la situation économique de ces membres. Les investisseurs qui
considèrent la micro finance comme un placement rentable sont davantage
susceptibles de s'engager durablement dans ce secteur.
Par ailleurs, il faut noter que même si les institutions
de micro-finance distribuent du crédit aux populations à faible
revenu en vue de leur faciliter l'accès aux services financiers pour
développer des activités génératrices de
revenus ; elles sont également tenues à suivre et à
recouvrer entièrement l'ensemble des crédits distribués.
Ceci contribue à assainir la qualité du portefeuille et d'assurer
la viabilité, voire la pérennité de l'institution.
Cet objectif est assigné en général au
comite de crédit qui a pour rôles et responsabilités
de :
- assurer le suivi des prêts en cours et des prêts
en retard
- participer au recouvrement des prêts en retard
- contrôler et d'adopter des pratiques de
crédit
Les critères d'analyse d'un crédit sont :
Objet, délai de capitalisation, durée de crédit, montant
du crédit, taux d'intérêt, différé, ratios,
échéancier, garanties.
L'analyse financière porte sur un ensemble
d'informations qui, lorsque isolées, n'ont qu'une signification
limitée. Il est donc nécessaire de les comparer pour leur donner
un sens.
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