Introduction
Avant 1995, les populations à faibles revenus
étaient presque exclus du système financier. Maintenant, on parle
de la micro-finance qui vient apporter une solution à ce
problème. C'est ainsi que des institutions de micro-finance sont mises
en place pour jouer un rôle social et/ou commercial.
La micro-finance donne accès à des services
financiers et non financiers à des personnes qui ont de faibles
ressources et qui désirent obtenir de l'argent pour démarrer ou
développer une activité rémunératrice.
Pour se pérenniser et être viables, les
institutions de micro-finance doivent mettre en place des instruments de
gestion des risques à lesquelles elles seront confrontées.
Notre travail consiste à analyser la gestion des risques
dans les institutions de micro-finance. Il comporte un ensemble de recherches
qui s'inscrivent dans le cadre d'une problématique portant sur la
gestion des risques.
A cause de la nécessité pour les institutions de
micro-finance de mettre en place des systèmes de gestion des risques
performants, nous voulons posé une problématique à
laquelle nous apporterons des solutions.
Dans un premier temps, nous chercherons à
établir un contexte d'études, à étudier les
différents types d'institutions de micro-finance et puis à
analyser la clientèle ciblée.
Dans un deuxième temps, nous
étudierons le fonctionnement des institutions de micro-finance par leur
source de financement, l'analyse et leur politique de crédit.
Dans un troisième temps, nous ferons
l'analyse proprement dite du risque en déterminant son contexte
d'évaluation puis en étudiant les différents risques. Nous
donnerons aussi les avantages et les inconvénients de la gestion des
risques.
Dans un quatrième temps, nous
étudierons le cas du PAMECAS au niveau de sa politique de crédit
et analyse des risques en énumérant les différents
risques.
Dans un cinquième temps, nous proposerons
une solution au problème du coût élevé de la gestion
des risques.
Nous finirons enfin par la conclusion
I./ Présentation
La micro-finance fait référence à l'offre
de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus, qui
ont peu ou n'ont pas accès aux services financiers bancaires, dans le
but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leurs
activités économiques et professionnelles. Les services
financiers dont il s'agit ici sont principalement de deux types, épargne
et crédit, auxquels s'ajoutent maintenant les assurances et les services
de transfert.
Une institution de micro-finance est une entreprise
financière qui doit, à terme, couvrir ses dépenses et
dégager une marge sans appui extérieur pour être viable et
continuer à offrir ses services. Par ailleurs, les clients des
institutions de micro-finance ont besoin des services financiers pour, entre
autre, sécuriser leurs disponibilités et mener principalement des
activités économiques.
Cependant, au-delà de leur fonction
d'intermédiation financière, de nombreuses institutions de
micro-finance jouent un rôle d'intermédiation sociale à
travers notamment les modalités suivantes : groupes de
solidarité, formation des clients, renforcement de la confiance en soi,
participation à la gestion.
La Micro-finance désigne l'activité de collecte
d'épargne et de financement des petits producteurs ruraux et urbains
[1].
La micro-finance est définie comme un outil de lutte
contre l'exclusion, la pauvreté et les inégalités. Elle
devient un phénomène de plus en plus important, aussi bien dans
les pays du sud que les pays du nord [2].
A l'école d'Affaires Internationales et publiques,
Université de Columbia, Lauren Kesner [3] définit la finance
comme étant la science de la gestion et de la création de
patrimoine et suggère que si les pauvres peuvent gérer et
accroître leur patrimoine, ils ont besoin de services financiers leur
permettant de le faire, en déclarant : " La micro-finance est " micro "
uniquement parce que le patrimoine de ceux qui vivent dans la pauvreté
est " micro ". Alors que le secteur privé considère la
micro-finance comme de la charité, Mme Barrineau avance qu'elle doit
être considérée comme une vraie question commerciale.
La micro-finance offre de services financiers à des
individus ou des groupes d'individus pauvres, qui n'ont pas accès aux
services financiers formels, dans le but de satisfaire les besoins de leur
ménage ou de leur micro-entreprise [4].
La micro-finance consiste à offrir des services
financiers aux populations pauvres et très pauvres, composées
notamment des petits travailleurs indépendants ou organisés en
groupements. Elle s'est développée en tant qu'approche de
développement économique qui s'intéresse
spécifiquement aux populations à faible revenu. Les services
financiers comprennent généralement le micro-crédit et
l'épargne. Certaines Institutions de micro-finance (institution de
micro-finance) ou Structure de financement décentralisé (SFD)
proposent également des services d'assurance et de paiement [5].
Par le vocable « Institutions de Micro-finance »
(IMF) ou « Structure de financement décentralisé »
(SFD) on désigne une multitude d'institutions composées de
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC), de
crédit solidaire (inspiré du modèle Grameen Bank du
Bangladesh), de caisses villageoises et des banques communautaires etc. Les SFD
sont plus ou moins implantées en milieu rural et interviennent à
des degrés divers en agriculture. Elles se caractérisent par leur
proximité par rapport à leur clientèle et par la
flexibilité de leurs procédures d'octroi et de recouvrement qui
sont peu contraignantes pour les populations pauvres. Au-delà de leur
fonction d'intermédiaire financier, un grand nombre d' institutions de
micro-finance ou SFD jouent un rôle d'intermédiation sociale
à travers le groupement de personnes, le renforcement de la confiance en
soi, la formation dans le domaine financier et la gestion des
compétences au sein d'un groupe. Ainsi, la micro-finance se
définit souvent par les deux fonctions d'intermédiation sociale
et financière. Loin d'être une simple affaire de banquier, la
micro-finance est un outil du développement.
La gestion des risques est un aspect très important de
la gestion d'une institution de micro-finance. Il est absolument indispensable
pour une structure de micro-finance de connaître ses faiblesses et les
risques qu'elles engendrent afin de pouvoir développer des
systèmes de gestion dans le but d'être pérenne.
La gestion des risques est le processus par lequel les risques
sont évalués en utilisant une approche systématique qui
identifie et organise par priorité les risques, et qui ensuite met en
place les stratégies pour atténuer les risques. Cette approche
comprend à la fois la prévention des
problèmes potentiels et la détection au plus
tôt des problèmes actuels. C'est un processus itératif qui
demande la participation du personnel à tous les niveaux de
l'organisation.
La gestion des risques est une prise de risques
calculés. Elle réduit la probabilité de réaliser
des pertes et minimise le degré de perte. Elle consiste ainsi à
mettre en place des systèmes de prévention des problèmes
potentiels, de détection et de correction des problèmes subis.
Dans cette optique, l' institution de micro-finance va devoir
évaluer sa vulnérabilité liée à certains
types de risques, élaborer des systèmes de contrôle ainsi
que des techniques d'atténuation des risques et des stratégies de
gestion de ces risques.
La gestion des risques comprend trois étapes que
sont :
- identification des faiblesses, des limites et des menaces
actuelles et potentielles
- conception et mise en oeuvre des systèmes de
contrôle (garantie, caution etc....)
- suivi de l'efficacité des systèmes de
contrôle (tableaux de bord des indicateurs et ratios)
Identifier les vulnérabilités actuelles et
futures
Concevoir et mettre en oeuvre les contrôles pour mitiger
les risques
Suivre l'efficacité des contrôles
Figure 1 : Processus de gestion des
risques
La gestion des risques varie suivant l'étape de
développement de l'institution de micro-finance.
La maîtrise des risques est au coeur de la
problématique de pérennisation de la micro-finance.
A./ Contexte
Bien que l'on ait assisté, ces dernières
années, à une forte croissance des institutions de micro-finance
(institution de micro-finance) de par le monde, la demande de services de
micro-finance reste largement insatisfaite. En effet, sur une demande globale
estimée à 500 millions de familles, seules 30 millions seraient
touchées en 2002. Sur les continents, la couverture est très
inégale. En Asie : 9,3% des familles les plus pauvres seraient
touchées contre seulement 6% en Amérique Latine et en Afrique.
Dans la région de l'UEMOA, les pratiques
d'épargne et de crédit (tontines, clubs d'épargne, caisses
de solidarité, fonds rotatifs, coopératives d'épargne et
de crédit) ont des origines lointaines. Cependant, la micro-finance, en
tant que secteur organisé, et sa contribution au développement
économique ne sont reconnues qu'il y a une quinzaine d'années.
Dans la zone UEMOA, le secteur de la micro-finance est
régi par une loi sur les structures mutualistes d'épargne et de
crédit, adoptée au niveau de chaque pays sur la base du cadre
général de la législation dite loi "PARMEC", et ses
décrets d'application. Dans le cadre de cette réglementation, les
structures mutualistes peuvent être agréées et leurs
institutions de base reconnues par les ministères des finances, sur la
base de demandes examinées par les cellules de suivi des SFD desdits
ministères avec la collaboration de la BCEAO.
Cette loi a pour objectifs :
- la protection des déposants en vue d'accroître
la crédibilité des institutions et partant, d'augmenter leur
capacité de mobilisation de l'épargne ;
- la sécurité des opérations par
l'instauration de règles prudentielles propres à prévenir
des abus pour préserver la viabilité des institutions ;
- le renforcement de la capacité et de l'autonomie
financière de ces institutions par leur regroupement en
réseau.
Elle a été depuis son adoption un outil majeur
de développement de la micro-finance en Afrique de l'Ouest en
sécurisant la collecte de l'épargne, en aidant à la
maîtrise de la gestion de crédit et en contribuant à la
professionnalisation des institutions de micro-finance.
Les structures non mutualistes peuvent signer des conventions
avec le ministère chargé des finances pour mener leurs
opérations. Afin d'exercer le suivi, le contrôle et la tutelle des
SFD, les ministères des finances des pays membres se sont dotés
de cellules de suivi et de contrôle.
Le cadre réglementaire a été
complété par les instructions de la BCEAO relatives au contenu et
aux modalités de collecte et d'organisation de l'information
financière concernant les SFD. Cependant, il suscite des controverses
relatives notamment à l'orientation mutualiste et ses incidences
institutionnelles d'une part, et au taux d'usure et ses conséquences sur
la viabilité des institutions de micro-finance d'autre part.
L'approche dite sectorielle du développement de la
micro-finance a pour objectif principal de renforcer le système
financier global par l'intégration du secteur de la micro-finance afin
de garantir pour les pauvres et les ménages à faibles revenus, un
accès durable aux services financiers. L'intégration de tous les
sous-segments du secteur financier est une condition nécessaire du
développement, mais elle n'est pas suffisante. D'où la
nécessité que le système financier intégré
puisse être constitué d'institutions viables et pérennes
fournissant des services aux populations de toutes catégories.
Cette approche s'appuie sur le développement d'une
politique et d'une stratégie nationales reflétant la commune
vision de tous les partenaires d'une intégration du secteur de la
micro-finance dans le secteur financier formel et commercial. Elle prend en
compte la situation socio-économique et politique. Elle est
centrée sur le développement de la capacité locale
concernant l'environnement plus particulièrement le cadre légal
et réglementaire, les institutions, les mécanismes de
financement, les services d'appui au secteur tels que les structures
juridiques, de comptabilité et d'audit, les centrales de risques, les
possibilités de formation et de renforcement institutionnel, le
degré de structuration de la profession, afin que les services
financiers aux populations pauvres et à faibles revenus intègrent
sur une base non subventionnée et permanente le secteur financier
formel.
En visant à faire de la micro-finance non pas un
secteur en marge du système financier global mais une partie
intégrante de ce système, l'approche sectorielle est au coeur du
développement. En effet, elle favorise, à travers son objectif et
sa démarche, la jonction entre la micro-finance et le
développement aux trois niveaux suivants :
- l'accès des pauvres et ménages à
faibles revenus aux services financiers durables ;
- la création d'institutions de micro-finance viables
et pérennes;
- l'insertion des institutions de micro-finance dans le
système financier global.
Les produits et services de micro-finance entraînent
notamment par le crédit, un effet de levier sur l'activité
économique des ménages. De façon générale,
ces services financiers (crédit, épargne, assurance...)
constituent des outils de gestion, de réduction et de partage de
risques. Ils contribuent également au renforcement des liens sociaux.
L'accès permanent des populations pauvres à des
services financiers les aides à réduire leur
vulnérabilité. Mais la micro-finance n'est pas une
panacée. Elle n'est pas la solution miracle capable à elle seule
d'éliminer la pauvreté. Dans un contexte économique
favorable, la micro-finance constitue un outil adapté pour
améliorer les conditions de vie des pauvres qui ne sont pas en mesure
d'exploiter les opportunités économiques faute de moyens
financiers.
En contribuant à l'augmentation des revenus, à
la création des revenus et en réduisant les dépendances
vis-à-vis des prêteurs informels, la micro-finance contribue
à la réduction de la pauvreté.
Les besoins en services financiers des populations
étant permanents, les institutions de micro-finance doivent veiller
à la viabilité et à la pérennité de leurs
opérations ; cet objectif n'étant pas contradictoire avec
celui de la lutte contre la pauvreté.
Avant 1995, les relations banques - SFD étaient timides
voire inexistantes. Par la suite, avec la mise en place d'un cadre légal
et réglementaire des institutions de micro-finance et les instructions
de la BCEAO, ainsi que le développement et la bonne santé du
secteur bancaire, les relations des institutions de micro-finance avec le
système bancaire se sont améliorées.
De façon générale, les banques
s'intéressent à la captation des épargnes
mobilisées par Les institutions de micro-finance , jouant pour les
institutions de micro-finance le rôle de gage de sécurisation des
dépôts.
Plus de 70% des institutions de micro-finance ont ouvert des
comptes dans des banques. S'agissant des relations continues entre institutions
de micro-finance et banques, la CNCAS occupe la première place avec des
liens très anciens et suivis avec près de 40% des institutions de
micro-finance, aussi bien en milieu urbain que rural.
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