2. La recomposition hospitalière
en Aquitaine
N'ayant pas eu la possibilité, ni le temps, ni les
moyens de pouvoir consacrer une partie de cette étude au secteur
hospitalier, l'analyse de la recomposition hospitalière en aquitaine
sera relativement synthétique et s'appuiera sur les axes d'intervention
définis dans le SROS pour la période 1999 - 2004.
Suite à l'état des lieux réalisés
précédemment, le SROS a dégagé dix orientations
stratégiques pour l'offre et le système de soins hospitalier.
Trois de ces orientations sont liées à la prise en charge de
certaines catégories de personnes :
- Les personnes âgées, du fait du
vieillissement, la nécessité d'améliorer les structures
d'accueil en fonction de besoins spécifiques de soins qui ont
évolués parallèlement à la structure par âge
de la population. Le but est de « promouvoir une véritable
coordination gérontologique en prenant en compte la diversité des
acteurs de la politique menée en faveur des personnes
âgées. » (SROS, 1999)
- Les adolescents et leurs problèmes de
santé ;
- La prise en charge à la naissance.
Trois orientations sont basées sur la prise en compte
des pathologies les plus fréquemment soignées.
- Les conduites addictives desquelles découlent
les principales causes de décès ; il s'agit notamment de la
dépendance à l'alcool, du tabagisme, de la toxicomanie et l'abus
de médicaments. Pour cela, il convient de développer les
structures hospitalières adaptées.
- Les activités de cancérologie doivent
être réorganisées car leur prise en charge est complexe :
« transversale au système de santé, intégrant
prévention, dépistage, traitements et soins palliatifs ; elle met
en jeu une grande diversité de structures et de professionnels.
»
- La prise en charge des pathologies
cardio-vasculaires organisée pour les soins hospitaliers et
ambulatoires, dont les techniques de soins sont en constante évolution
et nécessite des plateaux techniques de plus en plus lourds. Le SROS
doit définir précisément « les différents
niveaux de soins et d'équipement des plateaux techniques, la
répartition des structures de soins et de réadaptation, les
articulations des structures hospitalières entre elles, mais
également avec l'ensemble du dispositif ambulatoire » ; l'objectif
étant « la mise en place de filières de soins
coordonnés rationalisant l'offre de soins actuelle et permettant
l'intégration des conséquences de l'évolution des
techniques médicales. »
Enfin, les quatre dernières orientations concernent
plus particulièrement le système de soins dans sa dimension
structurelle.
- Faciliter l'accès aux soins en
réduisant les obstacles d'ordre économique et social, notamment
dans les zones rurales isolées et les zones périurbaines
marquées par la précarité, voire la pauvreté, et
pour cela en étendant « les missions des établissements de
santé à la lutte contre l'exclusion sociale. »
- Intervenir sur la notion de proximité afin de
garantir la qualité des soins ; eu égards à la superficie
régionale et à la diversité des besoins à
satisfaire, la notion de proximité est devenue incontournable. Il est
donc « nécessaire de renforcer la structuration de l'offre de soins
de manière à améliorer la couverture des besoins de
santé et le maillage de l'offre de soins. »
- Organiser le système hospitalier en
réseaux afin de réduire la multiplicité des acteurs et
des activités dans la prise en charge des pathologies, pour
améliorer l'efficacité, la qualité et l'efficience du
système de santé.
- Anticiper les progrès médicaux au
niveau des pratiques et des techniques, qui se répercutent sur
l'organisation des structures hospitalières, « en précisant
en particulier le rôle des plateaux techniques, leur organisation, leur
hiérarchisation, leur niveau d'équipement... »
En résumé, le SROS a pour but de définir
les axes d'interventions devant marquer l'évolution de l'organisation
régionale :
La mise en réseau et la coordination des
établissements et des professionnels de santé pour des
populations ou des problèmes de santé dont la prise en charge
doit être améliorée, ainsi que la mise à disposition
de plateaux techniques regroupés et complémentaires ;
Développer l'implication des hospitaliers dans le
dispositif de prévention et d'éducation pour la santé ;
En outre, il nous paraît nécessaire d'anticiper
l'évolution prévisible de la démographie médicale
par le renforcement de la couverture géographique régionale selon
les carences locales. Car le fondement du SROS est de prévoir « les
évolutions nécessaires de l'offre de soins et déterminer
la répartition géographique des installations et activités
de soins. »
Actuellement, la recomposition hospitalière concerne
six secteurs :
Ø Les secteurs sanitaires 1 (Bordeaux) et 2
(Libourne - Bergerac) par la mise en réseau de la maternité
de Blaye avec le centre hospitalier (CH) de Libourne, par la mise à
disposition d'une couverture pédiatrique à partir du CH de
Libourne, car le maintien de la maternité de Blaye, nécessaire en
raison de situation géographique excentrée de ce pôle
hospitalier, est subordonné à la présence d'un
médecin pédiatre que l'activité du CH de Blaye ne justifie
pas à elle seule. De plus, dans le secteur sanitaire 2, la
reconversion de 20 lits de chirurgie en 15 de post-cure alcoolique au CH de
Sainte-Foy-la-Grande est en projet du fait de l'absence, jusqu'à
présent, de lits de ce type dans la région Aquitaine, et
favorisée par la situation septentrionale de Sainte-Foy-la-Grande.
Ø Le secteur sanitaire 4 (Landes) par la
conversion de 15 lits d'obstétrique en six de chirurgie au CH de
Mont-de-Marsan et un de médecine à la polyclinique
d'Aire-sur-l'Adour, parallèlement à la mise en place d'un accord
d'association au service public hospitalier avec le CH de Mont-de-Marsan, pour
le maintien d'une antenne obstétricale à la polyclinique, pour la
mise en oeuvre d'une unité de six lits de soins continus à la
policlinique et pour la participation de celle-ci à la prise en charge
des urgences. A ceci, s'ajoute le projet de transformation de 14 lits de
médecine de post-cure alcoolique à la clinique Maylis à
Narosse qui trouve sa justification dans la situation géographique de
celle-ci : au sud du département.
Ø Le secteur sanitaire 5 (Lot-et-Garonne) par
le transfert à Villeneuve-sur-Lot de la maternité de la clinique
Sainte-Thérèse au CH, du fait du faible niveau d'activité
de cette maternité et par l'existence de trois sites obstétriques
(dont deux privés) dans la même ville, s'accompagnant du transfert
d'un médecin obstétricien de la clinique au CH ; également
par la reconversion du service de chirurgie et du bloc opératoire du CH
de Nérac, permettant d'individualiser une unité de soins de suite
portée de 10 à 20 lits, de renforcer la médecine,
l'accueil et le long séjour, et de porter la capacité du service
de soins à domicile de 10 à 30 places. En outre, un projet
concerne le CH de Marmande - Tonneins : la réalisation d'un centre
hospitalier intercommunal par fusion de deux entités juridiques et la
modernisation de l'ensemble, dont les différents aspects sont : le
regroupement de la direction, des services administratifs, des blanchisseries
et des cuisines, le regroupement des maternités et des chirurgies sur le
seul site de Marmande ; la restructuration des soins de suite et de
réadaptation à Tonneins.
Ø Le secteur sanitaire 6 (Béarn) par le
transfert au CH de Pau de l'activité d'hospitalisation en
obstétrique du CH d'Oloron-Sainte-Marie, en maintenant à Oloron
des consultations avancées, transfert qui est dû à la
faible activité de la maternité d'Oloron et l'existence d'une
offre privée obstétrique sur ce pôle.
Ø Le secteur sanitaire 7 (Pays Basque) par le
regroupement à la polyclinique de La Côte Basque Sud à
Saint-Jean-de-Luz, de l'ensemble de l'activité d'accueil, de traitement
et d'orientation des urgences médicales et chirurgicales de la zone de
Saint-Jean-de-Luz, qui se justifie par le caractère quelque peu
excentré de cette zone par rapport à Bayonne et l'afflux de
population estivale ce qui induit une organisation de l'offre de soins en
utilisant les moyens d'un unique plateau technique aux normes de
sécurité et de qualité requises. Concernant le CH de La
Côte Basque réunissant le site de Bayonne et celui de
Saint-Jean-de-Luz, un projet de restructuration complète de
l'hôpital de Saint-Léon à Bayonne sur cinq ans est en
cours, devant permettre la mise au niveau des autres établissements
hospitaliers d'Aquitaine, de cet établissement vétuste, d'offrir
aux usagers des prestations de soins, médico-techniques et
hôtelières d'un niveau élevé et d'améliorer
l'organisation interne de l'établissement afin d'amorcer une
recomposition en réseau d'une offre de soins actuellement fortement
dispersée sur l'aire urbaine de Bayonne.
Il manque à ce début de recomposition
hospitalière (débutée en fin 1999) les informations
concernant le secteur sanitaire 3 (Dordogne). Est-ce dû au fait qu'aucune
réalisation ou aucun projet n'ont été
décidés ? Ou est-ce que l'état du système de soins
est actuellement satisfaisant ? Cela paraît peu probable.
Ce deuxième SROS a le mérite de parfaitement
tenir compte des directives ministérielles quant à la
planification et à la restructuration du système de soins
hospitalier.
Cependant, ce document définit mal les moyens humains
et financiers qui devront être mis en oeuvre pour les cinq prochaines
années. En outre, peut-on s'interroger sur le facteur temps qui
conditionne ces interventions : d'une part, les techniques et les
équipements évoluent avec une grande
célérité ; d'autre part, les besoins, les pathologies et
les comportements se modifient constamment. Ainsi ce qui est vrai aujourd'hui,
le sera-t-il d'ici trois à cinq ans ?
Le SROS anticipe-t-il assez sur l'avenir et fait-il preuve de
suffisamment de souplesse dans ces orientations ? Est-ce pour cette raison que
persiste un flou méthodologique et opérationnel ?
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