b) Un questionnement sur un type
d'interactivité.
Côté noir / Côté blanc est une
expérience qui, dans son développement dramaturgique, propose au
spectateur d'interagir avec la spectacle. Nous l'avons vu
précédemment avec l'exemple du « point rouge » (Cf.
supra, p. 46).
Avant d'analyser l'interactivité utilisée dans
Côté noir / Côté blanc nous nous attacherons
à proposer une définition générale de la notion
« d'interactivité ».
Cette définition générale se subdivise
elle-même en quatre sous-définitions102. Ces quatre
modes fonctionnent par dichotomies :
· Interactivité simulée - réelle.
· Interactivité fonctionnelle - intentionnelle.
· Interactivité autonome -
hétéronome.
· Interactivité exogène - endogène.
La définition générale de
l'interactivité appliquée à l'outil informatique qui nous
semble, tout en étant succincte, pertinente est : l'utilisation d'un
programme informatique faisant appel à l'intervention d'un utilisateur
humain. L'interactivité ne se satisfait donc pas d'une observation
passive mais exige une « prise en main » de l'homme et donc un choix,
une prise de position active.
Elle rentre donc directement en contradiction avec la notion
traditionnelle du spectacle et la distance physique que celui-ci entretient
entre la scène et le spectateur103. L'interactivité
joue un rôle de partenaire à travers les supports
numériques.
Pour revenir plus spécifiquement à
l'interactivité de CN/CB, elle est, pour reprendre les
modèles des quatre modes dichotomiques vu ci-dessus :
102 Morelli Pierre, Multimédia et création,
contribution des artistes au développement d'une écriture
multimédia, Thèse sous la direction de M. Noël Nel,
Université de Metz, U.F.R. Sciences Humaines et Arts, 2000, pp.
84-87.
103 Cf. tableau infra p. 74.
· Simulée : Le spectateur-net interagit avec
le programme de l'expérience. L'interactivité se situe dans un
contexte déjà prévu à l'avance par les
créateurs de CN/CB et s'inscrit dans la narration de type
récit interactif.
· Fonctionnelle : Le spectateur-net a la liberté
de manipuler l'oeuvre moyennant les fonctionnalités proposées
(sélection de liens hyper-texte, de zones « cliquables ») afin
de se diriger vers un document, une autre page web du spectacle. Ces multiples
fonctions proposées ponctuellement par le spectacle sont autant de liens
vers ces organes périphériques du récit.
· Endogène : l'interactivité est strictement
interne au programme.
· Hétéronome : l'interaction de
CN/CB et de l'internaute est confinée dans des lois qui sont
définies une fois pour toutes. Les lois du changement restent fixes.
C'est un récit initiatique dans lequel le spectateur-net choisit son
chemin lorsqu'il en a la possibilité mais les chemins sont
pré-écrits.
Cette interactivité était pour chacun unique et
indépendante. Le spectateur-net qui choisissait de cliquer sur un
élément du spectacle, lorsque cela lui était
proposé, perdait le contact avec le « réel » de la
comédienne visible dans la fenêtre vidéo et se retrouvait
face à une autre page web périphérique au spectacle.
Pendant ce temps, la comédienne continuait à livrer son texte et
à vivre ses aventures prévues dans la trame première de la
pièce. L'internaute ayant cliqué perdait cette continuité
de l'action mais pouvait s'enrichir d'éléments annexes à
l'expérience avant d'y revenir. Lors de l'entracte une question
était posée au cyber-spectateur. Il pouvait y répondre en
cliquant sur le dessin d'une enveloppe devenue rouge (Voir annexes 7 G, page
XVI). Chaque Internaute connecté choisissait son chemin. Le clic de l'un
ne déterminait pas ce que les autres verraient. Chacun était
indépendant. Chacun donc se frayait son propre chemin et donc sa propre
lecture de l'oeuvre.
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