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Du role de la société civile pour une consolidation de la démocratie participative au Sénégal

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par Mamadou Hady DEME
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise 2008
  

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LA SOCIETE CIVILE : UN ACQUIS DEMOCRATIQUE

Section 1 : La société civile : une notion transposée

La modernité politique en Afrique est marquée entre autre par la transposition du modèle occidental de mode de gouvernement et de gestion de l'Etat. Ainsi, à l'aube des transitions démocratiques voit-on apparaître en Afrique des organisations de la société civile fortement inspirées du modèle occidental. La société civile en Afrique est fortement marquée par son état embryonnaire qui fait d'elle une spécificité par rapport aux autres démocraties.

Paragraphe 1 : De l'état embryonnaire de la société civile

La société civile nous apparaît comme étant faite d'hommes et de femmes, de toutes conditions organisées ou non qui, librement ou sous forme de publics variés, s'engagent en toute responsabilité, face à l'Etat ou à toute autre autorité reconnue, à prendre en charge la quête de solutions de ce qui à leurs yeux et dans la cité constituent des urgences non ou insuffisamment prises en compte. Il va de soi que la société civile ne pourrait éclore que dans un système démocratique où les citoyens expriment librement leur point de vue face à la gestion du pouvoir. Ce type de gouvernement étant nouveau en Afrique, la société civile qui accompagne ces transitions y est encore jeune.

Elle apparaît donc, comme un processus général d'appropriation, par les peuples et les citoyens d'un pays, organisés en dehors de l'Etat et des autres cadres politiques traditionnels de la politique, c'est-à-dire du droit à la participation à l'activité publique pour la définition et la détermination de leur condition générale d'existence.

Le fort taux d'analphabétisme en Afrique constitue un frein à l'émergence d'une société civile dynamique, où elle est souvent confondue à la société politique, et à l'Etat. La démocratie qui est une notion transposée dans nos systèmes politiques après les indépendances est la condition première de l'émergence des organisations de la société civile. Cette dernière étant neuve et peu connue n'a pas fini de structurer en Afrique tous ses contours. C'est pourquoi la société civile y éprouve une difficulté d'émergence. Beaucoup de pays africains ont sombré après les années soixante dans des régimes dictatoriaux du fait de l'absence d'organisations de la société civile, et de partis d'opposition.

Conçue dans les pays de tradition démocratiques solides, le mouvement et l'idéologie qui structurent la société civile y sont inconnus des populations, contrairement aux pays africains dont les expériences démocratiques sont encore faibles. Ces populations sont censées être les avant-gardes et la composante de la société civile.

Les membres des organisations de la société civile éprouvent donc cette difficulté d'être aperçus et acceptés comme défenseurs des intérêts des citoyens face à la toute puissance de l'Etat. Donc les organisations de la société civile éprouvent une crise de légitimité au sein de la sphère publique. Point de départ de la participation des citoyens à la vie politique, le mouvement de la société civile constitue le fondement de la démocratie, tandis qu'en Afrique et au Sénégal la gestion du pouvoir politique reste à la seule appréciation des politiques. Les populations à la base sont quant à elles, réduites en simples observatrices de l'activité politique, à la limite passives. Dans ces pays où la société civile est encore embryonnaire, la présence des citoyens sur le champ politique n'est remarquable que durant les périodes électorales.

Après une quarantaine d'années d'existence de l'hégémonie de la démocratie chrétienne, les hommes politiques italiens de tous les partis, ayant une crédibilité dans l'opinion publique, comprenaient que le personnel dirigeant de l'Etat avait besoin d'un sang nouveau, d'où l'appel à la société civile, à des hommes et à des femmes qui n'étaient des professionnels de la politique et avaient la réputation d'être des citoyens et des citoyennes éclairés et intègres. C'est dans cet ordre d'idées qu'émerge la société civile en Afrique au début des années 90.

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C'est le jeu de la démocratie combiné avec celui de la négociation qui, seul, permet à la fois l'expression plurielle de la société civile et l'ajustement réciproque des prétentions contradictoires des différents acteurs de celle-ci engagés chacun dans une dynamique de défense de ce qu'ils considèrent comme leurs droits, leurs intérêts, leurs idéaux moraux. Or dans les pays où l'expression démocratique est encore faible, les gouvernants sont le plus souvent hostiles aux négociations, au dialogue entre les acteurs.

Pour ce qui est du Sénégal, sa culture politique est un mélange de valeurs et de croyances, compensé par une propension au débat, au jeu politique et par une conception du pouvoir qui repose davantage sur l'interdépendance des acteurs (même si ces relations sont inégales du fait notamment de manque de maturité des organisations des sociétés civiles).

L'émergence de la société civile est aussi freinée par le fait que les citoyens se trouvent séparés de la sphère politique. Il existe un écart énorme entre les organisations bureaucratiques de l'Etat et la société civile.

En Afrique et au Sénégal, la classe sociale ne saisit pas toujours son rôle dans la gestion de l'Etat. Bien que la démocratie représentative exige que le peuple délègue ses pouvoirs à ses représentants, censés défendre ses intérêts, les organisations de la société civile participent à l'émergence d'une gestion participative des affaires publiques.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry