2.2. Etat des lieux de la sécurité
alimentaire a Kinshasa
2.2.1. Ville de Kinshasa
La ville de Kinshasa est située sur la rive sud du
fleuve Congo, au point oü la navigation vers l,océan
atlantique, distant de 560 Km, est interrompue par une série des
rapides. Vers l,Est, le fleuve s,étale et
s,élargit au delà de 30 Km: c,est le Pool
Malebo, réceptacle de tout le bassin navigable du Congo. Kinshasa est le
point de rupture de charge entre la navigation fluviale, qui draine tout le
bassin du Congo, et les moyens de transport terrestres assurant un
débouché vers la mer. A partir de son site, plus de 10.000 Km de
voies d,eau sont réputées navigables pendant au moins
une partie de l,année et 2.650 Km sont accessibles pendant
toute l,année aux barges de 800 tonnes. C,est un
lieu de convergence et d,échange.
Capitale depuis 1923, la ville est le siège de
beaucoup d,instances. Sa situation a suscité la
création de beaucoup d,entreprises dans des secteurs divers.
Toutes ces activités et la fonction propre de la capitale ont
développé le commerce et les services.
L,agglomération a attiré d,année en
année de nouvelles populations. En 1889, la ville naissante
s,étendait sur 115 ha pour 5.000 habitants. Vers 1919, 14.000
habitants occupent une superficie de 650 ha. En 1960, 5.500 ha a
caractère urbain supportent une population de 400.000 habitants
(GOOSSENS, 1994).
Les recensements connus dénombrent 3 millions de
personnes en 1984 et 4.787.000 en 1995. Selon HELDERS (2007),
l,estimation de la population urbaine de Kinshasa avoisine les 7 500
000 d'habitants, soit plus de 10% de la population du pays pour une surface de
9.965 Km2, soit a peine 0,4 % de la superficie totale du territoire
national.
La ville est composée administrativement de 24
communes, elles-mémes subdivisées en quartiers. Les anciennes
communes situées, dans la plaine, ont bénéficié
d,une urbanisation et de services de base comme l,eau et
l,électricité. Dans les communes récentes
(occupées a partir de 1967), les services de base ne sont que
partiellement ou pas du tout présents. Avec une superficie de 9 965
Km2 la densité moyenne de population est de 752,63 habitants
par Km2.
Il faut préciser que la zone rurale de Kinshasa, qui
couvre 9.685 Km2 (soit 97 % de la province), ne compte qu'une
centaine de milliers d'habitants, alors que le reste de la population se
concentre sur les quelque 280 Km2 de la ville (CTB, 2006), ainsi la
densité moyenne de population sur cette partie de la ville est beaucoup
plus importante.
2.2.2. Pauvreté, pouvoir d'achat etfaim a
Kinshasa
Selon TOLLENS (2003), le revenu mensuel de la plupart des
familles Kinoises n'a pas changé depuis 1997. Les familles pauvres ont
un revenu mensuel d'environ 50$; ce revenu est a peine suffisant pour couvrir
la facture alimentaire mensuelle. Les plus pauvres parmi les familles pauvres
ont a peine 30$; avec pareil revenu, elles ne peuvent ni nouer les deux bouts
du mois ni pourvoir une consommation journalière de 2000 calories a
chacun de leurs membres (a Kinshasa une famille moyenne est composée de
6 a 7 personnes). La moitié de la population ne prend plus qu'un repas
par jour. En outre, la qualité de la nourriture prise par ces
populations est très pauvre.
Les quartiers les plus pauvres de Kinshasa affichent des
niveaux de pauvreté extrémement alarmants et un état
d'insécurité alimentaire chronique. Les résidents de ces
quartiers connais sent une existence extrémement précaire et sont
très vulnérables aux chocs extérieurs tels que les
fluctuations monétaires, les maladies et les pertes d'emploi. Les
résultats d'une enquête menée dans les parties les plus
pauvres de la commune de KimbaseKe montrent que 42% des enfants connaissent une
malnutrition chronique et que les taux de malnutrition globale atteignent
18,3%. Les taux de malnutrition dans ces quartiers ont triplé entre
septembre 1999 et janvier 2001 (SAVE THE CHILDREN-OXFAM-CHRISTIAN AID, 2001).
Une augmentation des taux de malnutrition coincide généralement
avec des chocs macro-économiques (tels que l'inflation et les
réformes monétaires) qui affectent le pouvoir d'achat des
populations (LUZOLELE et al, 1999, cité par TOLLENS, 2003). Les
données de cette enquête montrent l'importance de la
stabilité macro-économique et de la croissance économique
dans la lutte contre la malnutrition et la pauvreté.
Les résultats des enquêtes de NTOTO M'VUBU (2001)
sur le budget de consommation dans 3 communes pauvres de Kinshasa, en
l'occurrence Kisenso, Kindele et MaKala ont permis d'identifier les principaux
postes des dépenses des ménages. La commune de Kisenso avait le
revenu mensuel le plus bas, soit 71$ pour un ménage moyen de 8
personnes. Environ 39% de ce revenu étaient consacrés a la
nourriture, 22% a l'énergie, l'eau et le savon, 12% au transport, 11% au
loyer, 8% a la scolarisation et 6% a la santé. Dans les familles les
plus pauvres, les dépenses alimentaires dépassaient bien les 50%
de leur revenu. Malgré une part élevée de leur revenu
consacrée a l'alimentation (jusqu'à 3 9%), la plupart des
familles sont quand méme obligées de produire une partie de leur
nourriture pour compléter le déficit. Les dépenses
énergétiques a Kisenso sont élevées parce qu'une
bonne partie de cette commune n'est pas électrifiée; la
population de cette commune utilise le charbon de bois ou le bois de chauffage
pour faire la cuisine, et les lampes a pétrole pour
s'éclairer.
L'agriculture urbaine et péri-urbaine a Kinshasa
constitue une autre réponse a la pauvreté et a
l'insécurité alimentaire qui prévalent dans la ville. Ce
phénomène est observé partout dans les grandes villes
d'Afrique et d'Amérique latine (TOLLENS, 2003).
Quoique actuellement supportée par plusieurs ONGs,
l'émergence de l'agriculture urbaine et péri- urbaine est
essentiellement une innovation issue de la base. Ensemble avec
l'élevage, elle permet de réduire de facon significative la
vulnérabilité alimentaire des ménages pauvres de Kinshasa
(TREFON 2000, 2002 cités par TOLLENS, 2003).
|