TROISIEME PARTIE
ANALYSES ET RECOMMANDATIONS
La recherche documentaire et les entretiens permettront,
à cette étape de l'étude, de mettre sous forme exploitable
les données collectées auprès des services techniques de
l'entreprise.
L'analyse de ces données se fera à l'aide des
tableaux, des graphiques et des courbes.
CHAPITRE I : PRESENTATION DES ANALYSES ET
RESULTATS
Ce chapitre permettra d'analyser dans un premier temps les
ventes de l'entreprise de 2003 à 2006. Ensuite, il sera question de
présenter dans un second temps les résultats issus des analyses
réalisées.
Section 1 : Analyses
réalisées
Ici, il sera question d'analyser d'une part, les ventes et
d'autre part, les causes de la baisse du chiffre d'affaires.
L'analyse des ventes se fera d'abord à partir des
chiffres d'affaires réalisés par gamme de produits et par produit
de 2003 à 2006. Ensuite, elle portera sur l'évolution du chiffre
d'affaires de façon globale portant sur la même période.
Puis, elle abordera l'évolution comparée des ventes locales et
des ventes à l'export. Et enfin, elle portera sur la contribution des
produits dans la réalisation du chiffre d'affaires.
L'analyse des causes de la baisse du chiffre d'affaires quant
à elle, tiendra compte des éléments qui peuvent expliquer
la situation combien critique dans l'entreprise s'est retrouvée à
savoir : le désengagement de l'Etat de la gestion des
coopératives, le défaut de gestion rigoureuse des stocks et
l'absence d'une bonne politique commerciale.
Paragraphe 1 : Analyse des ventes
Le tableau statistique des ventes ci-après
présente les chiffres d'affaires réalisés par gamme de
produits et par produit de 2003 à 2006.
Tableau N° 3 : Chiffres d'affaires
réalisés par gamme et par produit de 2003 à
2006
PRODUITS
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
SAVONS
|
1 684 727 572
|
1 665 168 096
|
1 162 580 018
|
641 098 674
|
Palmida
|
1 654 306 246
|
1 630 598 332
|
1 127 136 598
|
608 352 492
|
Le Cob
|
26 099 152
|
29 694 472
|
7 138 982
|
3 068 282
|
Afya
|
-
|
425 785
|
3 004 817
|
2 399 759
|
Palmier
|
4 322 174
|
4 449 507
|
25 299 621
|
27 278 141
|
HUILES
|
8 527 878 980
|
6 452 836 832
|
1 562 912 423
|
918 866 147
|
Toulor
|
1 364 724 985
|
6 594 219
|
-
|
-
|
Huile de Palme
|
519 084 000
|
-
|
-
|
-
|
Oléine de Palme
|
6 604 563 950
|
6 368 057 656
|
1 526 169 088
|
912 864 082
|
Stéarine
|
34 067 796
|
58 160 042
|
35 513 220
|
6 002 065
|
Huile de Soja
|
5 438 249
|
20 024 915
|
1 230 115
|
-
|
TOURTEAUX
|
1 125 880 469
|
852 261 237
|
120 375 256
|
207 447 539
|
Tourteaux de Palmiste
|
8 926 272
|
6 168 983
|
555 000
|
-
|
Tourteaux de Coton
|
466 153 300
|
497 908 235
|
2 670 902
|
2 329 307
|
Tourteaux de Soja
|
650 800 897
|
348 184 019
|
117 149 354
|
205 118 232
|
PRODUITS ACCESSOIRES
|
27 732 754
|
69 223 059
|
407 847 094
|
530 758 502
|
Pesage
|
3 038 560
|
20 771 741
|
24 054 322
|
30 161 864
|
Ferrailles et assimilées
|
437 732
|
-
|
987 448
|
188 285
|
Cession de gas-oil
|
20 502 099
|
18 044 151
|
4 813 854
|
632 992
|
Location terrain et magasin
|
2 254 363
|
631 967
|
-
|
-
|
Travaux d'incinération
|
1 500 000
|
1 000 000
|
-
|
-
|
Traitement à façon
|
-
|
28 775 200
|
39 990 800
|
121 860 700
|
Location tank et pipe line
|
-
|
-
|
336 671 380
|
376 820 800
|
Rectification et prestation mécanique
|
-
|
-
|
1 329 290
|
1 093 861
|
TOTAL
|
11 366 219 775
|
9 039 489 224
|
3 253 714 791
|
2 298 170 862
|
Source : Rapports d'activités IBCG 2003
à 2006
La courbe suivante retrace l'évolution du chiffre
d'affaires de 2003 à 2006.
Figure N° 8 : Evolution du chiffre
d'affaires de 2003 à 2006
![](analyse-facteurs-determinants-croissance-ca-industrie-beninoise-corps-gras9.png)
La courbe ci-dessus fait ressortir une évolution
considérable et persistante à la baisse du chiffre d'affaires de
2003 à 2006.
L'analyse du tableau N° 3 ci-dessus fait remarquer
aisément la même tendance au niveau de toutes les gammes de
produits en dehors d'une part, des tourteaux dont le chiffre d'affaires aussi a
baissé jusqu'en 2005 avant d'amorcer une croissance en 2006 et d'autre
part, des produits accessoires qui, au contraire, ont connu une
évolution à la hausse sur la période d'observation.
L'allure de cette courbe montre que les ventes ont connu une
chute libre en 2005 qui ne pourrait mettre à l'aise ceux qui tiennent
à la vie de cette entreprise. Une situation très
inquiétante qui doit faire réfléchir plus d'un.
Le tableau statistique ci-dessous présente les chiffres
d'affaires réalisés par zone de 2003 à 2006.
Tableau N° 4 : Chiffres d'affaires
réalisés par zone de 2003 à 2006
ZONES
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
TOTAL
|
Ventes à l'export
|
8 200 504 207
|
4 482 627 336
|
1 728 884 469
|
913 532 495
|
16 926 968 797
|
Croissance en %
|
48.45
|
26.48
|
10.21
|
5.40
|
100
|
Ventes locales
|
3 137 982 814
|
1 487 638 829
|
1 116 983 228
|
853 879 865
|
10 651 337 091
|
Croissance en %
|
29.47
|
13.97
|
10.47
|
8.02
|
100
|
Source : Rapports d'activités IBCG 2003
à 2006
Le graphique ci-dessous schématise les ventes locales
et les ventes à l'export.
Figure N° 9 : Evolution comparée
des ventes locales et à l'export
![](analyse-facteurs-determinants-croissance-ca-industrie-beninoise-corps-gras10.png)
Sur les quatre (04) années, les ventes locales comme
les ventes à l'export ont connu toutes sans exception une
décroissance.
Il est aisé de constater ici qu'au niveau des ventes
à l'export la baisse a été très remarquable en 2005
et qu'au niveau des ventes locales la chute a été moins
brutale, c'est à dire dans une proportion plus raisonnable.
Le graphique ci-après présente la contribution
de chaque gamme de produits dans le chiffre d'affaires réalisé de
2003 à 2006.
Figure N° 10 : Contribution des
produits dans la réalisation du chiffre d'affaires
![](analyse-facteurs-determinants-croissance-ca-industrie-beninoise-corps-gras11.png)
Le graphique fait remarquer que la gamme des huiles a pris sur
les quatre années d'étude une part importante du chiffre
d'affaires notamment en 2003 et 2004 avec respectivement 75.03 % et 71.38 %. Il
est à signaler que la gamme des savons vient en deuxième position
sur toute la ligne. Les produits accessoires quant à eux ont
évolué sur la période prenant une part appréciable
les deux (02) dernières années. Les tourteaux ont connu une
décroissance jusqu'en 2005 avant d'amorcer une croissance à
partir de 2006.
Paragraphe 2 : Analyse des causes
de la baisse du chiffre d'affaires
L'analyse des données recueillies à partir des
investigations vise à faire ressortir les véritables causes des
problèmes qui entravent l'accroissement du chiffre d'affaires de l'IBCG.
Les éléments qui expliquent la baisse du chiffre
d'affaires peuvent être présentés comme suit :
- désengagement de l'Etat de la gestion des
coopératives ;
- défaut de gestion rigoureuse des stocks ;
- absence d'une bonne politique commerciale.
A- Le désengagement de l'Etat des
coopératives
Autrefois, les plantations des Coopératives
d'Aménagement Rural (CAR) étaient placées sous la
protection de la Direction de la Promotion et de la Législation Rurales
(DPLR) du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche
qui leur accordait son soutien indéfectible.
La gestion de ces plantations était confiée
à la Société Nationale pour l'Industrie des Corps Gras
(SONICOG), une société d'Etat qui avait pour mission de financer
l'entretien de ces palmeraies et d'assurer la formation des encadreurs
appelés Directeurs de coopérative. Les coopératives quant
à elles, avaient l'obligation de mettre à la disposition de la
SONICOG les régimes récoltées.
A la fin de chaque année, les bilans des
coopératives établis par les Comptables des coopératives
étaient certifiés par des cabinets sélectionnés par
le Président de l'Union Régionale des Coopératives en vue
de la tenue de l'Assemblée Générale. Au Conseil
d'Administration, la DPLR du point de vue législatif et comptable
prenait la défense des coopératives. Quinze (15) jours au moins
avant la tenue de l'Assemblée Générale, copies des
états financiers des coopératives étaient adressées
à la SONICOG, à la DPLR et aux Commissaires aux comptes pour
étude. Le premier avocat de chaque coopérative était son
Commissaire aux comptes. Pour la SONICOG, c'était de vérifier si
toutes les avances versées aux coopératives avaient
été prises en compte et de la part de la DPLR, vérifier si
les coopératives n'avaient pas été lésées.
Après la tenue de l'Assemblée Générale, des
ristournes correspondant aux bénéfices dégagés
étaient versées aux coopératives excédentaires. Par
contre, aucune mesure n'était prise à l'encontre des
coopératives déficitaires. De ce partenariat entre la SONICOG et
les coopératives, les huileries de palme de la SONICOG ne manquaient pas
de matières premières.
Mais malheureusement, à la veille de la privatisation,
on a assisté au désengagement de l'Etat béninois de la
gestion des coopératives sous la pression de la Banque Mondiale et du
Fonds Monétaire International en 1996. Toujours sous pression des
institutions de Breton Woods, la SONICOG a été peu de temps
après, c'est à dire en juin 1997, scindée en trois (03)
lots : l'Huilerie Mixte de Bohicon a été cédée
à SIFCA-SIFCOM, l'Huilerie de Palme d'Agonvy à ABOUSSI et le
dernier lot a été racheté par la Société
L'AIGLON. Ce dernier lot, le plus important, qui regroupait les Huileries de
palme de Hinvi et de Houin, la Savonnerie d'Agbokou, l'Huilerie Mixte de
Cotonou, la Direction Générale et le Centre de Stockage et
d'Embarquement a été dénommé "Industrie
Béninoise des Corps Gras" (IBCG).
Depuis lors, le vol et le désordre se sont
installés alors que ces choses n'étaient pas possibles car il y
avait la Brigade de Hinvi qui assurait la sécurité des
palmeraies. Les plantations ne sont plus entretenues, les coopérateurs
devenus propriétaires et gestionnaires ont commencé à
dicter leur loi et à vendre aux privés au détriment des
usines de l'IBCG. Les Huileries quant à elles, ont commencé par
manquer de matières premières. Conséquence, elles ont
été simplement fermées alors que leur production servait
de matières premières pour la fabrication des savons à
Agbokou Porto-Novo.
Cette situation, comme on ne peut s'en douter, a
influencé négativement la production des savons entraînant
de ce fait une perturbation substantielle dans la livraison des clients. Il en
résulte une minimisation du chiffre d'affaires des savons et de l'huile
de palme.
B- Défaut de gestion rigoureuse des
stocks
Toute entreprise industrielle, soucieuse d'un
développement harmonieux de ses activités notamment commerciales
et de production, devrait prendre toutes les dispositions utiles et
nécessaires pour une gestion rigoureuse, saine et efficience de ses
stocks.
En effet, l'IBCG ayant comme activité principale la
production et la commercialisation d'au moins une dizaine de produits (savons
et huiles) a le devoir de mettre en place un système d'approvisionnement
et de ravitaillement régulier de ses magasins en pièces de
rechange, matières premières et produits finis.
Ces dispositions devraient permettre à ses
unités industrielles d'atteindre leur capacité de production
d'une part et d'assurer une livraison sans faille de ses clients d'autre
part.
Mais malheureusement, faute de régimes de palme du fait
de la mauvaise gestion des coopératives et faute de fonds de roulement,
elle a connu depuis 2003 et de façon répétée des
situations de pénurie de matières premières et de rupture
de stock de produits finis.
Il est alors évident qu'avec ces problèmes, les
usines ne puissent tourner à plein temps entraînant ainsi une
insuffisance de production qui a comme corollaire l'insatisfaction de la
demande de la clientèle qui se tourne de ce fait vers les concurrents.
Il se dégage de cette situation un réel
problème d'amenuisement de sa part de marché et de la dispersion
de sa clientèle.
C- Absence d'une bonne politique
commerciale
L'entreprise est un organisme dont la vie dépend de
chacune de ses composantes fonctionnelles. Une gestion mal menée de ces
dernières peut entraîner une baisse du rendement ou des
performances et peut même la conduire en faillite.
L'une des cinq (05) fonctions principales de l'entreprise est
la gestion marketing qui doit être assurée de façon
responsable et doit être appuyée par une bonne politique
commerciale.
En effet, il n'est plus possible aujourd'hui de parler de
l'entreprise sans évoquer son lien avec son environnement et plus
particulièrement son marché. Dans cette perspective, le marketing
apparaît comme un lien indissociable entre l'entreprise et ses
clients.
Mais, qu'est-ce qui est remarqué à l'Industrie
Béninoise des Corps Gras ?
On constate qu'elle se comporte tout comme si elle
était en situation de monopole alors qu'elle vit dans un environnement
très concurrentiel. Même en situation de monopole, elle ne devrait
pas adopter un tel comportement car elle dispose d'une gamme vairée de
produits qui ne sont pas connus des consommateurs et qui ont besoin
d'être poussés.
Elle devrait aller vers les clients et les
fidéliser ; ce qu'elle ne fait pas. C'est plutôt le contraire
qui est observé. Elle subit l'effet de la concurrence alors qu'elle
devrait accompagner les produits, les pousser et si possible agresser.
De ce fait, on pourrait dire qu'à travers sa politique
générale de gestion qu'elle a toute autre vision de la politique
commerciale qui est reléguée au second rang. Ce qui fait
qu'aucune stratégie marketing n'est menée. Il ressort de tout ce
qui précède que ses concurrents qui, eux, ont une vision et un
comportement contraires vont lui arracher une partie de sa part de
marché occasionnant ainsi la baisse de son chiffre d'affaires.
Section 2 : Résultats
obtenus
Les analyses réalisées à partir d'une
part, des ventes et des causes de la baisse du chiffre d'affaires et d'autre
part, d'un guide d'entretien global (entretien réalisé sur la
base d'un questionnaire) ont permis d'obtenir les résultats
présentés ci-après.
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