2) Spécification du modèle
Dans sa forme la plus simple, formulée par Tinbergen
(1962), le modèle explique le volume du commerce entre deux pays comme
étant fonction de leurs revenus nationaux et par habitant, de la
distance entre leurs capitales économiques et des superficies de leurs
territoires.
Ainsi le modèle de base est le suivant :
Xij = á0 + á1 (PIBiPIBj) + á2
(PIBTiPIBTj) + á3 (Distij) + á4 (SupiSupj) + åij.
Où :
Xij est la valeur des exportations du pays i vers le pays j ;
PIBi et PIBj sont les produits intérieurs bruts du pays exportateur et
importateur respectivement ; PIBTi et PIBTj sont les produits intérieurs
bruts par tête dans chacun des deux pays ; Distij est la distance entre
les deux capitales économiques des partenaires commerciaux,
mesurée en km ; SUPi et SUPj sont les superficies des pays i et j
respectivement et åij terme d'erreur.ct0 ct1 ct2 ct3 ct4 sont les
paramètres du modèle.
Dans la littérature empirique, le modèle
précédent est rarement estimé sous cette forme. En
fonction des objectifs que se fixent les auteurs, plusieurs variables notamment
muettes sont généralement introduites pour capter les effets
spécifiques des échanges bilatéraux.
Ainsi, par exemple, Frankel (1997) et Matyäs (1997) ont
introduit des variables régionales (facteurs historiques, culturels,
ethniques et politiques) pour évaluer leurs effets sur le commerce
bilatéral, Longo et Sekkat (2001) ont ajouté à
l'équation de base des variables muettes pour prendre en compte les
effets des politiques économiques, de l'investissement direct
étranger et des tensions de politiques dans le pays exportateur et
importateur. Frankel et al. (2000), Pakko et Howard (2001), et
Carrère (2002), etc. ont introduit le taux de change bilatéral
entre le pays exportateur et le pays importateur, Linneman (1966), Aitken
(1973), Elbadawi (1997), Yeats (1998), Longo et Sekkat (2001), N'Garesseum
(2003) et d'autres chercheurs ont ajouté aux variables classiques des
variables de contrôle pour tenir compte de l'effet d'appartenance des
pays à un bloc économique ou une union douanière, etc.
Dans cette perspective, pour circonscrire les
déterminants des échanges communautaires et faire
apparaître clairement l'impact des reformes économiques de
l'UEMOA, nous allons estimer un modèle de gravité augmenté
des variables relatives aux affinités culturelles, géographiques
et économiques.
Les variables « distance » et « superficie
» sont des Proxy, qui permettent d'approcher les coûts de transport
que génère le commerce entre les deux pays partenaires. Dans un
modèle de gravité, ces deux variables (Distij) et (SupiSupj)
agissent comme des facteurs de résistance et affectent
négativement le volume de commerce bilatéral.
Les variables « frontières (Frij) » et «
langue (Lgij) » sont introduites pour tenir compte des effets de la
proximité géographique ou linguistique sur le commerce
bilatéral. La variable (Frij) prend la valeur 1 lorsque les deux pays
ont une frontière commune et la valeur 0 autrement. Quant à la
variable « langue », elle prend la valeur 1 lorsque les deux pays ont
une langue officielle commune et 0 autrement. De plus, pour cette variable
(Lgij), outre l'aspect linguistique, elle prend en compte l'histoire commune
à certains pays (anciennes colonies françaises, anglaises). Le
signe attendu pour ces deux variables (Frij et Lgij) est positif.
Ensuite, on a le cas de la variable « Sans-FM » qui
prend la valeur 0 si les pays i et j ont tout les deux une façade
maritime, la valeur 1 si un des pays est enclavé et la valeur 2 si aucun
des pays i et j n'a de façade maritime. Le signe attendu est
négatif.
Enfin, dans le but de tester la spécificité des
pays de la zone UEMOA par rapport aux autres pays du monde sur le plan des
échanges extérieurs, deux variables indicatrices ont
été ajoutées. La première « UEMOA (Umij)
» capte les effets de l'intégration économique
régionale et se rapporte aux échanges intra-UEMOA. Elle prend la
valeur 1 lorsque les deux pays partenaires appartiennent à la zone UEMOA
et 0 autrement. La seconde « UEMOA Monde (UmMij) » tente de saisir la
spécificité des échanges des pays de la zone UEMOA avec le
reste du monde, elle prend la valeur 1 si le pays i ou j est membre de l'UEMOA,
0 si non.
En introduisant ces différentes variables dans sa
formulation simple, et après linéarisation, le modèle se
présente de la manière suivante :
Ln (Xij) = lna0 + a1ln (PIBiPIBj) + a2 ln (PIBTiPIBTj) + a3
ln (Distij) + a4 ln (SupiSupj) + a5Lgij + a6Frij + a7Sans-FM + a8Umij +
a9UmMij+ åij.
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