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Le Roman français et l' Avenir de la littérature francophone, face au Manifeste pour une littérature Monde

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par Mame Diarra DIOP
Université Paris IV La Sorbonne - Master 1 de Lettres Modernes Appliquées 2007
  

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2/ La Chicken littérature ou littérature de poulettes 

C'est une forme beaucoup plus romancée de l'autofiction. Lancé par la new-yorkaise Candace Bushnell, auteur de «  Sex and the City » et décliné en série TV, le phénomène a gagné l'hexagone. Cette littérature relate les crises existentielles de trentenaires, belles, riches mais malheureuses en amour avec humour, cynisme et dérision. Il y a eu « Le diable s'habille en Prada », l'énorme succès de Lauren Weisberger qui décrit la tyrannie de son ex patronne, grande prêtresse de la mode new-yorkaise. On peut citer Le journal de Bridget Jones, de la britannique Helen Fielding ou tout récemment chez Anne Carrière, Sainte Futile d'Alix Girod de l'Ain, journaliste à l'hebdomadaire Elle...

3 / Les témoignages de vie

C'est un genre qui affleure sur les rayons. Est-ce une autre forme d'autofiction ? Seulement, quand des personnalités, des artistes en devenir ou des footballeurs célèbres comme Lilian Thuram avec  8 Juillet 1998,  se mettent à écrire ( et beaucoup recourent à un nègre) pour raconter leur vie ou des expériences marquantes, cela donne matière à vendre. Chez Robert Laffont, Un conte de fée Républicain de la djiboutienne Safia Otokoré se situe dans la veine : c'est l'histoire d'une femme engagée et membre du parti socialiste qui narre son parcours de Djibouti sa ville natale à l'arrivée en France et l'entrée dans la vie politique...

4 / Les essais politico people 

Sans réellement être de l'autofiction, ils reviennent sur des tranches de vie, des scandales, des faits personnels et analysent la politique et la société dans laquelle nous vivons via l'oeil de quelques experts patentés, journalistes et commentateurs politiques etc... Avec la période de campagne électorale, il y a eu une floraison d'essais sur les rayons des librairies. A la rentrée 2006, Sexus Politicus de Christophe Deloire, un ouvrage narrant les relations entre hommes politiques et femmes journalistes, n'a pas réussi à atteindre son objectif. On peut également citer La Madone et le Culbuto, de Carl Méeus et Marie-Eve Malouines ou L'Inconnu de l' Elysée par l'ex journaliste du Monde, Pierre Péan, sans oublier tous ceux qui ont accompagné les dernières élections présidentielles...Tout récemment, Femme Fatale, écrit par deux journalistes du Monde, remporte tous les suffrages et Ségolène Royal, principale concernée, a intenté un procès pour empêcher la diffusion de ce livre. En vain. 

Depuis le siècle des lumières où des textes fondateurs ont surgi et jusqu' à l'apparition de ce qu'on a appelé le Nouveau roman, la littérature en France a évolué de même que la notion d'auteur, plus précisément cette fonction d' auteurialité. De nos jours, il s'agit d'être visible grâce à un nom et à une image plutôt que d'écrire pour l'immortalité comme Balzac, Dumas ou Zola au début du siècle. Ceux-ci scribouillaient les ardeurs de leur époque, racontaient des chroniques sociales, longues et fournies en descriptions, quand tant de livres modernes brillent par leur nombrilisme, d'où la masse de romans qui éclosent à chaque rentrée littéraire et qui s'engagent dans la course aux prix d'automne. Prenons l'exemple du prestigieux Goncourt qui promet une immortalité à l'un et l'autre, avant de consacrer une nouvelle plume l'année d'après. Admirable pour les écrivains primés, si ce n'est que très peu sur l'ensemble, atteignent le graal littéraire : être un best seller et vivre pleinement le fantasme de l'écrivain populaire...se nourrir de sa plume donc !

L'édition en France a véritablement muté pour devenir une entreprise hautement commerciale avec la concentration des groupes industriels comme Editis et Lagardère. Claude Durand, PDG des éditions Fayard, raconte avec nostalgie l' époque où Arthème Fayard fonda au début du siècle la libraire Fayard, en publiant les oeuvres de l'italien Garibaldi ou du Chansonnier Béranger sous forme de fascicules reliés et vendus à cinq francs pièce jadis. Aujourd'hui, les éditeurs ont recours à la fameuse Cameron, une machine infernale qui peut imprimer 7000 livres à l'heure quand il s'agit d'un best-seller. Et avec des évènements comme le Salon du Livre, on voit l'augmentation de la production littéraire année après année, les nouveaux éditeurs affleurer et les visiteurs croître davantage. Alors, il devient cornélien de choisir des oeuvres de qualité, celles qui nous laisseront cette impression durable par leur caractère universel. Car ce qui fait un livre, n'est-ce cette tentation urgente de le rouvrir une fois la lecture terminée ? Combien de livres peuvent prétendre à cette particularité et combien d'auteurs jouissent du succès d'estime si cher à l'idée française de la littérature, car l'écrivain populaire serait piètre en littérature. En effet, lorsqu' on vend beaucoup en France, on est boudé par le milieu et par la critique. Fi de ce constat, il y a les best-sellers imposés par les Médias, ceux qu'il faut absolument lire, adaptables en films et générant des produits dérivés comme le Da Vinci Code visible entre toutes les mains l'été 2005. Ainsi, même le livre n'échappe pas au marketing de masse et fait l'objet de multiples stratégies commerciales. On répond alors à une demande, on anticipe les besoins du lecteur, on lui propose des produits et on étudie ses attentes. Le temps du décideur dans sa tour d'ivoire a vécu ; les éditeurs sont de plus en plus à l écoute du marché », estime Nicolas Roche, directeur général des éditions Stock. Les éditeurs misent sur des opérations spéciales (publicités sur les panneaux de quais de gare, affichages dans les couloirs du métro...) et des informations ciblées pour faire connaître leurs nouveaux romans. De nouvelles collections naissent (Milles et une Nuits), des formats attractifs sont fabriqués, accompagnés de cadeaux, comme la série des mini polars d'été offerts en supplément dans des magazines grand public comme Elle ou Marie-Claire. Mais le succès passe surtout par les libraires, rappelle Philippe Dorey directeur commercial chez Lattès puis par les journalistes. Si la télé est le premier prescripteur de ventes livres, les magazines se placent en deuxième position. Un roman comme le Da Vinci Code de Dan Brown, a bénéficié d'une campagne promotionnelle soutenue avec la Une de Livres Hebdos et un gros service de presse. Plus d'une centaine de livres ont ainsi été dispatchés dans toutes les grandes rédactions parisiennes et les journalistes n'ont pas tari d'éloges sur le polar de l'été 2005. « Avec «Da Vinci Code», Dan Brown fait fort, mais alors vraiment très fort, puisqu' il ébranle rien de moins que les fondations de l'Eglise... », écrivait Bernard Loupias du Nouvel Observateur et Anne Berthod de l'Express, affirmait : «  Avec une trame machiavélique, digne d'Arturo Pérez Reverte, un rythme (des chapitres courts, un rebondissement toutes les quatre ou cinq pages) d'une efficacité redoutable, ce polar érudit reste remarquablement bien ficelé. Et donne envie, une fois refermé, de courir revoir la célèbre Cène de Léonard de Vinci, celle que l'on croyait si bien connaître ». Ajouté à l'engouement populaire, le roman a du se balader sur toutes les plages du monde en détournant les lecteurs du reste de la production littéraire. Voilà comment fonctionne la rentrée littéraire française, avec ce paradoxe étrange : Publier plus de six cent livres chaque année et n'en faire émerger qu'un ou deux, dans le meilleur des cas. « Peut-on alors parler de diversité culturelle en littérature, quant cette culture est imposée par les mass médias, notamment pour ce lecteur consommateur non averti. Quant on nous impose ce qu'il faut lire, ce qu'il faut voir au cinéma, que reste t-il de la diversité culturelle », des idées que défendait l' écrivaine indienne Alka Saraogi, invitée du salon du Livre 2007, lors d'une conférence sur les enjeux de la mondialisation.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius