Le Roman français et l' Avenir de la littérature francophone, face au Manifeste pour une littérature Monde( Télécharger le fichier original )par Mame Diarra DIOP Université Paris IV La Sorbonne - Master 1 de Lettres Modernes Appliquées 2007 |
- ACTES SUDChez Actes Sud, Bernard Magnier dirige la collection Afriques depuis 2000. Créée afin de promouvoir les littératures africaines, elle fait preuve d'une grande qualité dans les choix éditoriaux et l'esthétisme des livres dédiés aux lettres africaines, ne se différencie pas radicalement avec la collection officielle... Dans un entretien accordé au site www.linternaute.com, Bernard Magnier explique que l'exil familial, économique ou politique d'africains, est susceptible de créer un besoin en littérature et qu'il existe cette attraction de la France vue comme prestigieuse pour les écrivains africains. Il admet aussi que les livres publiés en France, sont mieux diffusés mais plus chers. A l'inverse, les livres édités en Afrique ont très peu de chance d'être diffusés en France. En Afrique, ajoute Bernard Magnier, le livre constitue encore un objet singulier et rare, et la lecture reste une activité solitaire, qu'il n'est pas facile de concilier avec les réalités africaines. Le Serpents à plumes et la collection MotifsElle a révélé beaucoup de talents africains. Appartenant à la maison d'édition, Le Serpent à Plumes, elle fut un temps dirigée par Pierre Astier aujourd'hui agent littéraire à son propre compte. Des auteurs comme Abdourahman Waberi, Ken Bugul, ou Boniface Mongo Boussa y ont publié de même qu'Aminata Sow Fall (Le jujubier du Patriarche) et Boubacar Boris Diop, ( Le Temps de Tamango). D'après Pierre Astier, les auteurs lui faisaient confiance et il les suivait dans leur parcours littéraire. Mais après que le Serpent à Plumes ait été racheté par les Editions du Rocher, et intégré à un groupe commercial, la ligne éditoriale s'en est trouvée radicalement changée et beaucoup d'auteurs ont cherché par des procès, à obtenir leurs droits financiers et à se défaire de leurs contrats avec le Serpent à Plumes. Pierre Astier se souvient de l'aventure du Serpents à Plumes sur le blog41(*) d' Alain Mabanckou : « La création de la maison d'édition en 1993, grâce à la détermination de Claude Tarrène (actuel directeur commercial du Dilettante) fut un moment fort, marqué par le succès du premier livre publié au Serpent : La Grande Drive des esprits de Gisèle Pineau, qui reçut successivement le Prix Carbet de la Caraïbe 1993 et le Grand Prix des Lectrices de Elle 1994. La découverte d'auteurs, le lancement de collections (Motifs, Serpent noir, etc.) furent chaque fois, avec mes collaborateurs, Tania Capron et Pierre Bisiou, de magnifiques moments... » Pierre Astier dirige également un département de littérature française, aux Editions Naïves : « J'observe qu'il y a de moins en moins de collections spécialisées et de plus en plus d'auteurs d'origine africaine qui se fondent dans des collections de littérature et c'est tant mieux, car l'humanité ne peut plus, au XXIe siècle, se concevoir sur la base de communautés cloisonnées, ni la société française, ni a fortiori la littérature de langue française. Sur la question des collections ghettos, on a beaucoup glosé sur la collection Continents noirs de Gallimard, omettant de souligner que les collections de littérature française, chez bon nombre d'éditeurs français, étaient des collections ghettos pour écrivains nationaux français dans lesquels pouvaient au mieux se glisser un Belge ou un Suisse francisé à l'extrême, mais quasiment jamais un « francophone » extra-européen. Ma politique éditoriale, au Serpent à Plumes, a été de mêler auteurs du Nord et auteurs du Sud, auteurs américains et auteurs européens, auteurs africains et auteurs asiatiques ».
En dépit des critiques, ou du caractère dit ghettoïsant de ces collections appartenant à des maisons prestigieuses, elles continuent d'attirer les écrivains africains qui préfèrent y être publiés plutôt qu'ailleurs. En raison de problèmes de diffusion, de promotion ou de suivi éditorial, beaucoup d'auteurs préfèrent éviter les petites structures africaines installées à Paris, car elles ne les satisfont pas entièrement pour l'exploitation de leurs livres. Citons Présence Africaine, la doyenne : un nom, un fond extraordinaire d`auteurs, une maison qui a déniché de nombreux talents mais souffre d'une gestion financière critiquable. Certains vont même jusqu' à dire que Présence Africaine aurait pu être le Gallimard de l'Afrique, au lieu de voir s'échapper ses auteurs vers le Seuil, Plon ou Anne Carrière... Mais il semblerait que la maison ait fait son temps. Et ce qui fait véritablement débat aujourd'hui, c'est le manque de considération des auteurs étrangers écrivant en français. Alors, coup d'éclat ! Le 15 Mars 2007, 44 écrivains publiaient un manifeste dans Le Monde des Livres, en proclamant l'avènement d'une littérature monde en français. Et grâce à l'attribution de prix prestigieux comme le Renaudot et le Goncourt aux auteurs « venus d'ailleurs », le moment était tout idéal La Canadienne, Nancy Huston, le congolais Alain Mabanckou et la Camerounaise Léonora Miano, en ont été les heureux récipiendaires... * 41 Blog : http://www.congopage.com/rubrique217.html |
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