21. L'argent, un moyen d'accéder à ses
valeurs
Si l'argent apparaît comme un moyen d'accès aux
valeurs revendiquées précédemment, son utilisation
obéit à une double logique chez le senior. La première est
de satisfaire ses besoins et la seconde de satisfaire ses envies. La
satisfaction de ses envies répond à la volonté
d'améliorer sa qualité de vie et s'exprime d'une part dans la
consommation de loisir (voyage, culture) et d'autre part dans
l'investissement de son logement (réparation et entretien).
L'utilisation de son argent varie à l'occasion de la
disparition de postes de dépenses importants comme le départ de
son dernier enfant et la fin de son crédit immobilier. Cela lui permet
de redécouvrir l'idée d'une possession personnelle de l'argent.
Si des postes de dépenses disparaissent, d'autres apparaissent pour lui
permettre de continuer à plaire dans une société où
l'esthétique est un élément valorisé. Ainsi, le
senior consacre plus de moyens à sa santé et au maintien de son
hygiène.
Si un senior estime avoir « suffisamment d'argent
pour vivre »3, il considère comme
« un souci »3 la charge que peuvent
représenter financièrement ses enfants et ses parents.
Néanmoins, cela ne l'empêche pas d'apporter une aide
financière régulière à ceux-ci.
Le temps ... conditionné par sa situation
Le rapport au temps du senior est conditionné par sa
situation. Pour près de 7 seniors sur 10, le terme « pré
retraite > est perçu comme (( plutôt
positif4».
Si un senior inactif trouve des vertus au temps : absence de
contraintes extérieures et liberté de gestion
individualisée, le senior actif trouve le temps fragilisant. Ce dernier
conjugue des occupations très diverses sur le plan professionnel,
familial et personnel. Un senior a conscience de la relative
brièveté de la période allant de la cessation de son
activité profession nelle à l'impossibilité physique
d'accomplir les initiatives sou haitées. Ses principales craintes du
vieillissement ont un caractère physiologique à travers le
handicap physique, l'état de santé et la dépendance. La
figure 2, ci-contre, présente les
résultats d'une étude de Seniors Association sur le sujet.
Un senior dispose de plus de temps libre et l'utilise à
des occupations très diverses. Si 58% des seniors jardinent, entre 40 et
42% d'entre eux s'adonnent à la lecture, au bricolage, à la
musique et à la cuisine. Près d'un tiers des seniors consacre ce
temps libre à leurs courses ou au marchandisage (lèche
vitrine)5. Plus de temps libre permet également aux plus
de 50 ans de partir en vacances. Cela constitue près de 50% de leurs
dépenses. En meilleure santé, un senior sur deux déclare
pratiquer une activité sportive aujourd'hui. Ils étaient 7 fois
moins il y a 15 ans5. Actif et entreprenant, il veut rester en
forme. De plus, la santé constitue l'une de ses préoccupations
principales. Il rencontre son médecin plus souvent que les individus
plus jeunes.
22. La retraite, un préambule à sa
vieillesse biologique
La retraite, en tant que telle, est un préambule
à la (( vieillesse biologique »4.
Correspondant à la fin de l'activité professionnelle, une
nouvelle appellation apparaît aujourd'hui : c'est la (( vieillesse
sociale »4.
C'est sur le système de retraite actuel qu'il convient
de s'attarder. Celui-ci est basé sur un système de
répartition et l'âge de départ. Sans fondement
philosophique, il est dicté par la loi. Cela lui confère un
caractère arbitraire et inégalitaire. En effet, une étude
menée par Senior Association en 1999 fait apparaître qu'un senior
sur deux le considère (( plutôt
injuste »6. Néanmoins,
l'évolution de la structure démographique tend à rendre le
système de retraite par répartition actuel fragile. Cela tient du
poids des actifs dans leur ensemble et des retraités. Si en 1976, il y
avait quatre actifs pour un retraité, il y aura 1,2 actifs pour un
retraité en 2020. Cela rend donc le montant des pensions incertain.
(Figure 3)
Dans ce contexte fragilisé, le débat
ininterrompu sur les retraites a pris une nouvelle ampleur avec la
récente campagne du gouvernement annonçant une réforme sur
les retraites. La réforme sur les retraites vise à dissiper les
inquiétudes liées à l'équilibre du système
par répartition. Cela se traduit par l'instauration d'un nouveau
dispositif et de nouveaux produits.
Ainsi, la loi Fillon du 21 août 2003 définit un
cadre général permettant à chacun de se constituer un
complément retraite. Si cet avantage était jusqu'à
présent réservé à certaines populations (les
fonctionnaires depuis 1967, les agriculteurs depuis 1988, les travailleurs
indépendants depuis 1994), cette réforme permet aux
salariés du secteur privé d'épargner de manière
spécifique pour leur retraite avec un régime fiscal
adapté. Deux produits sont nés de cette réforme : le PERP
et le PERCO.
En définitive, si ce système de valeurs communes
conduit à caractériser un senior d'un individu plus jeune, il
n'en demeure pas moins que nous n'avons pas affaire à une population
monolithique. Cela conduit les acteurs économiques à
catégoriser les seniors entre eux.
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