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La question des l'universalite des droits de l'homme dans les manuels relatifs aux droits et libertés

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par Mohamed Hedi SEHILI
Université Montpellier 1 - Master recherche Droit constitutionnel et théorie du droit 2007
  

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§. 2. La primauté de l'être humain du point de vue religieux

L'universalité de l'être humain du point de vue religieux ne peut se concevoir que dans les religions monothéistes. Il faut par conséquent s'intéresser de l'apport du Judaïsme ou l'ancien testament et de l'apport du Christianisme ou le nouveau testament.

Ce qu'il faut souligner d'emblée c'est que notre étude ne doit pas être au sens d'un exposé des origines religieuses des droits et libertés mais plutôt au sens du message universel tracé par ces trois grandes religions monothéistes

Le manuel « théorie générale des droits et libertés » servira de base dans l'analyse de l'apport théologique en ce qui est du message universel des droits et libertés.

Dans un premier temps, on va exposer l'universalisme de l'ancien testament (A), avant de s'interroger sur le message universel du nouveau testament (B)

A- L'universalisme de l'ancien testament

En ce qui concerne l'apport de l'ancien testament, les auteurs affirment que « le judaïsme a inventé la première possibilité de l'universel avec la représentation d'un dieu unique, éternel, transcendant, pur esprit, impossible à nommer en raison de l'étendue et de l'unicité de son pouvoir »46(*), et d'ajouter que « le récit de la Genèse ou le Décalogue s'adresse à tous. Ils valent identiquement pour chaque être humain... »47(*)La notion de personne, fondée sur le principe de la création de l'homme à l'image de dieu, implique une injonction éthique comme ne pas tuer son prochain, en effet « quiconque tue un homme tue un monde quiconque sauve un homme sauve un monde ». On peut aussi prévoir les propos de Dieu dans la Genèse en disant à Abraham qu'il serait le père d'une multitude de nations De même que la justice de Dieu atteindra aussi bien le peuple d'Israël infidèle que les nations païennes.

Dieu est le seul Dieu de tous les peuples (Isaïe 45, 22-24) donc Dieu n'est pas le dieu d'Israël que s'il est le dieu de tous les peuples de toutes les cultures de tous les temps.

Par conséquent la primauté de la personne humaine trouve son plein fondement dans l'ancien testament. L'homme crée à l'image de Dieu doit être concerné par le salut et la miséricorde, par conséquent il est impératif d'attribuer à cet homme les mêmes droits en raison de son universalité et son unité. L'universalisme de l'être humain est ensuite repris par le christianisme.

B- L'universalisme du nouveau testament

Le nouveau testament ou le christianisme consacre à son tour le message universaliste de la personne humaine en effet « chaque homme a une valeur sacrée pour Dieu ; tous sont concernés par la grâce apportée par le Christ »48(*)

Tout en soulignant les controverses doctrinales sur la question de l'égalité, le professeur Michel Levinet affirme que Jésus Christ « introduit d'abord une rupture avec les traditions de son temps, fondées sur les distinctions sociales et le mépris des catégories jugées inférieures »49(*).

Le témoignage chrétien prend appui sur la révélation de Dieu en Jésus-Christ, telle qu'en témoigne justement la Bible. C'est en elle que l'on trouve notamment ces célèbres paroles de l'apôtre Paul: "Désormais, il n'y plus ni Juif, ni Grec; il n'y a plus ni esclave ni homme libre; il n'y a plus l'homme et la femme; car tous sont un en Jésus-Christ" (Ga 3,28; Col 3,11).
Par là même s'énonce comme un principe chrétien relatif au problème de l'universalité et du respect des différences.

La portée universelle du propos est en effet d'une exceptionnelle densité ("il n'y a plus de ségrégation" !); mais elle ne prend appui que sur la particularité que marque le "en Jésus Christ". Or dans ce "Jésus-Christ" s'affirment à la fois une certaine vision de l'humanité des humains et son "incarnation" dans un homme, une culture et une histoire spécifiques: Jésus de Nazareth. Versant donc au forum de l'humanité en gestation leur propre contribution, les témoins de Jésus Christ (individus et Eglises) affirment leur convictions de ce que :

1. Ne participent à la communauté universelle des humains que les cultures particulières qui se conçoivent dans la communication, l'échange et la confrontation. Ces cultures - sociétés et systèmes religieux et/ou politiques - se comprennent et s'élaborent alors comme structurés par la parole. On entend par là qu'elles font toujours prévaloir l'expression et le dialogue sur l'enfermement et le mutisme, la négociation et la recherche du compromis sur les déchaînements de la revanche et de la violence permettant l'expression de toutes et de tous et en tenant compte pour la mise en place d'une action commune.

En théologie chrétienne, ces divers éléments se présentent comme les conséquences concrètes et actuelles - sociopolitiques- de la confession selon laquelle en Jésus-Christ, "la parole s'est faite chair et a habité parmi nous". Mais dans le même temps, cette parole n'énonce l'universalité que dans la figure d'une espérance eschatologique.

2. De la même manière, on ne saurait transiger sur le respect de la dignité de tous les humains et de tout humain jusques et y compris des plus faibles et des plus petits d'entre eux. Certes, la notion de dignité n'est pas d'une évidence absolue et l'on peut comprendre qu'elle se décline de façon différente selon les situations et les cultures. Du moins, sait-on - de façon quasi immémoriale - ce qui est indigne et ce qu'on ne peut en aucun cas accepter.

Le christianisme, pour sa part, voyant dans l'homme Jésus de Nazareth (partageant la vie de tout humain, attaché à une Croix et portant le triomphe de la vie au-delà même des frontières de la mort), l'incarnation de Dieu Lui-même, a quelque idée de ce qu'est la dignité et de ce qu'il convient en son nom de ne jamais tolérer.

3. Il n'y a d'humanité et de culture au sens large que là où est fait accueil à la générosité et à la grâce, que là où - à côté de l'économie marchande et de la justice distributive - s'élabore une économie du don - du gracieux et du beau, du généreux et du gratuit -, du pardon et de l'amour. Or cette "économie" hors normes ne doit pas simplement coexister à côté de l'économie marchande et de la justice distributive, elle se doit de les bouleverser et de les transcender sans fin, les conduisant à une manière de sublimation - qui n'est autre que leur humanisation.
Or là encore, le christianisme en général, les Eglises de la Réforme en particulier, peuvent apporter un témoignage tout à fait spécifique. C'est alors en effet qu'ils donneront pleinement sens à l'affirmation paulinienne selon laquelle c'est en Christ -en la grâce dont il est le témoin privilégié, en la dignité dont il est le révélateur à nul autre pareil, en la parole offerte à toutes et à tous - que s'énonce comme jamais le message inouï selon lequel "il n'y a désormais plus ni Juif ni Grec, ni l'homme et la femme, ni esclave ni homme libre" - alors même que chacun est appelé non à se couper de ses racines (le Juif reste juif, le Grec reste grec)- mais à développer la portée proprement universelle des spécificités qui sont et demeurent les siennes.

La primauté de la personne humaine abstraite constitue sans doute un fondement nécessaire de l'universalité des droits de l'homme, toutefois cette universalité est fondée aussi sur l'Etat démocratique et libéral. En conclusion, les droits de l'homme ne peuvent s'universaliser que lorsque l'Etat démocratique et libéral devient à son tour un modèle universel.

* 46 Levinet (M), Théorie générale des droits et libertés Bruxelles : Bruylant, 2006, p. 171

* 47 Ibid

* 48 Ibid

* 49 Ibid

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle