C- Internet : Un système stable ?
Pas vraiment : Cette partie assez courte abordera trois
des principaux problèmes d'Internet afin de montrer que l'absence de
capacité d'entente à un niveau international conduit à une
diffusion du réseau bien plus large que les capacités de
contrôle des organismes existants.
La première raison de cette instabilité concerne
encore une fois les infrastructures. Comme on a pu le voir, l'organisation de
ces réseaux de télécommunication n'est pas construite de
façon à ce que le réseau puisse réellement
fonctionner sans interruption quoi qu'il arrive. En effet, l'exemple de la
coupure d'Internet dans l'Asie du Sud-est ou encore la faillite de
l'opérateur européen ont montré certes, la capacité
de réponse relativement rapide des acteurs d'Internet mais aussi et
surtout, les failles qui existent. En effet, que l'on observe l'organisation
des réseaux de télécommunications ou l'organisation des
serveurs et des
routeurs, le tout souffre de failles certaines et reconnues
qui remettent en cause la stabilité d'Internet. L'existence de seulement
7 points de contacts entre l'Europe et les Etats-Unis est-elle une solution
viable pour aujourd'hui mais surtout pour demain avec la croissance que
connaît Internet ? Cela donc, constitue un enjeu de
sécurité car s'il est vrai qu'Internet s'arrêtant est
déjà sans doute une catastrophe au moins économique en
soi, le problème provient des nombreux VPN (Virtual Private Network) -
des réseaux privés et sécurisés qui utilisent les
infrastructures d'Internet. En effet, ces réseaux appartenant parfois
à des agences des Etats ont des besoins de continuité de service
peut-être encore plus importants que les entreprises. Voilà donc
un enjeu crucial.
Le second problème provient de l'organisation du DNS.
Selon Mr POUZIN, elle est inutile et mal calibrée. Des standards de
modèle de communication à l'international comme celui du GSM
devraient inspirer une nouvelle répartition du DNS. En fait, pour Mr
POUZIN, c'est l'existence de la racine en elle-même qui est inutile :
elle devrait être remplacé par une répartition
géographique de ces serveurs, plus à même de satisfaire des
exigences de sécurité et de transport des données plus
rapides et plus logiques. Parlant de sécurité, le DNS n'est pas
forcément un service fiable et sécurisé, la
création du protocole DNSSEC montre bien à quel point cela
concerne les services techniques. Par ailleurs, les attaques
répétées des pirates sur ces serveurs montrent bien la
conscience qu'ils ont eux, de leur probable capacité à mettre en
panne ces serveurs, ce qui serait la fin d'Internet. Enlevez les serveurs DNS
dont l'adresse est enregistrée sur votre ordinateur et si la connexion
pourra être établie, la navigation sera impossible. Par ailleurs,
la multiplication des « miroirs » des serveurs sources
déjà évoquée peut être
interprétée comme une tentative de pallier à un
système instable ou dépassé.
Enfin, le dernier aspect est purement sécuritaire.
Toujours selon Mr POUZIN, deux remarques sont à faire. La
première est que le nombre de « zombies », c'est-à-dire
des ordinateurs ou des serveurs contrôlés par des pirates et
programmés pour effectuer des actions menant à l'arrêt du
système, est très grand (environ 4,5 millions en 2006 selon la
société de conception de logiciels de sécurité
SYMANTEC). Cela veut dire qu'Internet pourrait être « mis à
plat 48» très rapidement. Par ailleurs, cela
veut aussi dire que ces serveurs sont contrôlés notamment pas des
cybercriminels qui y voient un avantage certain à préserver un
système qui leur rapporte de très importantes sommes d'argent.
48 Expression imagée mais réelle empruntée
à Mr POUZIN.
Ainsi se termine cette analyse systémique des enjeux
d'Internet. Un certain nombre d'enjeux de niveau systémique doivent donc
être compris comme étant à propos ou au coeur d'Internet.
Cette analyse terminée, nous allons nous intéresser aux enjeux
que l'on peut analyser du point de vue de l'Etat.
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