b) Démocratie et Cultures
L'administration américaine actuelle se constitue en
porte-étendard de la démocratie. La démocratie devient
actuellement un standard et un enjeu ne serait-ce que parce qu'elle constitue
souvent le préalable dans certains tractations internationales. De ce
point de vue, on peut dire qu'Internet peut favoriser la démocratie en
permettant l'expression des points de vue de tous, de passer outre la censure
des pays autoritaires et en favorisant les appels à la «
société internationale ». Cependant, Internet est aussi une
arme de guerre et si les démocrates l'utilisent, les terroristes
l'utilisent aussi, de même que les différentes milices et autres
combattants de la liberté que l'on peut trouver partout dans le monde.
Par ailleurs, les états-majors ont intégré depuis un
certain temps, la guerre de l'information à leur arsenal. C. HARBULOT,
directeur de l'école de guerre économique, parle de guerre
cognitive et de toutes les techniques permettant la « création de
connaissance con çues pour façonner les modes de pensées
et orienter les règles de conduites ». Dans ce cadre là,
Internet devient non plus un média pacifiste empreint d'idéalisme
mais une arme de guerre en tant que telle. C'est pourquoi le contrôle
d'Internet revêt des tels enjeux : la défense en temps de guerre,
qu'elle soit économique ou « réelle », et la
possibilité de diffuser la démocratie.
Un des problèmes d'Internet que l'on peut associer
à la mondialisation est sa tendance, abondamment décrite dans les
médias, à faire disparaître les cultures
particulières au profit d'une culture générale. Nous
n'allons pas discuter cette affirmation. Cependant, le problème des
langues sur Internet est un des plus sérieux actuellement et peut
être rattaché à cette conception de la mondialisation. En
effet, il est difficile de détacher Internet des Etats-Unis du moins
d'un point de vue culturel, l'Annexe 6 montrant bien la répartition
linguistique des internautes.
Cependant, le problème vient surtout de la conception
actuelle d'Internet qui ne comprend, pour toute la partie technique, que
l'utilisation d'un unique type de caractère, le standard IDN
défini par l'IETF. En conséquence de quoi, tous les noms de
domaines et toutes les URL seront écrits à partir de ce standard
composé d'un alphabet « occidental » basique qui
n'intègre même pas les accents. C'est pourquoi ce
phénomène devient si important : il est légitime pour les
internautes du monde entier de vouloir et de pouvoir écrire les parties
techniques d'Internet dans leur langue (et ses caractères) maternelle.
Cette affaire est si intense qu'elle a été abordée au
cours des différents SMSI. L'implication de L. POUZIN n'est sans doute
pas étrangère à la notoriété de cette
question. L'association EUROLINC dont il est membre ou l'initiative NETPIA, du
nom d'une entreprise coréenne qui permettrait justement ce type
d'écriture sont parmi les résultats de cette prise de conscience.
Pour autant, l'absence d'intégration à la racine de ces langues
ne permet pas encore d'avoir un système généralisé.
Par ailleurs, la mondialisation et son impact sur les cultures sont au coeur de
nombreux enjeux et c'est pourquoi celui-ci, malgré son apparent
caractère technique, ne doit pas être considéré
comme minoritaire.
Ainsi se termine cette partie consacrée à
l'exposé de certaines des raisons conduisant à cette
volonté de contrôle et de construction des modèles de
gouvernance alternatif. Ces raisons sont entendues au niveau
systématique. Nous allons maintenant aborder un passage sur la
stabilité du système et ses conséquences.
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