Contribution du Patrimoine Culturel au Développement du Système Educatif de la République du Congo : Enseignement des Arts et de l'Artisanat au Musée( Télécharger le fichier original )par Samuel Kidiba Université internationale de Langue Française au Service du Développement Africain à Alexandrie d'Egypte - Etudes Professionnelles Approfondies 1997 |
4. Le rayonnement des musées africainsDans le cadre d'une nouvelle politique de coopération, le musée africain devrait se tourner vers les collections africaines présentes dans les musées européens. Des nouveaux rapports s'imposent, dans ce cas, et auront pour base les échanges. Mais, le musée africain se posera la question de savoir qu'est-ce qu'il peut apporter à ses collègues d'Europe? Et qu'attendra-t-il en retour de ceux-ci? Au niveau des expositions temporaires par exemple, le musée africain peut avoir la même politique avec les musées européens ayant des collections africaines. Il s'agira de la question de présentation de ces collections. Un échange d'expérience permettrait, ainsi, une exposition capable de rendre aux objets leur dimension culturelle d'origine. Outre les expositions, les rapports se situeront au niveau du personnel, de la formation, du matériel,... Avec les autres musées, le musée africain étendra son expérience ; il s'agira, par exemple, de choisir des expériences qui peuvent être adaptées dans le contexte africain. En réalité, la distinction entre les Musées d'Art africain et les autres musées est d'autant capitale au moment où, la question sur les arts premiers est à l'ordre du jour. Les Musées d'Art africain européens se distingueraient des autres musées en ayant une politique de collaboration avec leurs collègues d'Afrique. Autrement dit, des échanges se feraient à tous les niveaux en vue de faire connaître leurs collections au publiques européens. La création du musée des arts premiers, au Trocadéro à Paris, fait et fera rebondir, une fois de plus, le problème de statut des objets d'Art africain. Faudra-t-il continuer à les regarder comme on contemple un tableau d'un Léonard de Vinci21(*)? ou un paysage peint par Paul Gauguin22(*)? Le rayonnement de ce futur musée, à Paris et dans le monde, dépendra du statut et surtout de la présentation des objets qui y seront exposés. De cela découleront la réhabilitation et la (re)connaissance de la culture africaine par le public, européen, et français en particulier. Grâce à des échanges multiformes, les deux publics (africain et européen) pourront mieux découvrir, les valeurs culturelles de l'un et de l'autre. Ce n'est que de cette manière, que le patrimoine africain pourrait, tant soit peu, être considéré, en Europe comme on le vit en Afrique même. 5. La notion du patrimoine telle qu'elle est vécue en AfriqueEn Afrique au sud du Sahara, le patrimoine vivant et rituel se transmet de bouche à oreille. Autrement dit, l'oralité sous-tend le patrimoine matériel et immatériel,. Les objets ont un rôle rituel et initiatique, dans les communautés auxquelles ils appartiennent. C'est pourquoi, d'ailleurs, on trouve des objets sacralisés et désacralisés. On a eu des rois et d'autres membres de certaines sociétés qui détenaient des collections d'objets interdits au public. Elles servaient à la société sur divers plans : éducation des jeunes (filles et garçons), rites de chasse, naissance, décès, protection du clan ou du lignage contre les esprits maléfiques, etc. Ce fut donc des Maisons de la mémoire dont la conservation était assurée pour la postérité. Le musée moderne devient, au fil du temps, un lieu où sont gardés des objets de culte défonctionnalisés, des galeries de portraits, des effigies en cire,... De ce point de vue, le musée moderne a longtemps été considéré comme une tradition occidentale. Cette conception occidentale du musée est apparue avec la colonisation. En effet, des collections entières furent réunies pour des besoins d'étude, de recherche ethnographique. Jean-Baptiste Kiéthéga, parlant des musées en Afrique, déclare : « dans les colonies, des musées furent construits dans les capitales afin d'y présenter aux étrangers et aux touristes, et surtout à la bourgeoisie de l'administration et du commerce coloniaux, un raccourci culturel des différents pays. Le musée colonial était un entrepôt sans rapport avec son environnement, qui d'ailleurs l'ignorait »23(*). Après la période coloniale, les Etats africains vont assigner au musée le rôle de décolonisation culturelle et de la création d'une identité nationale. Au cours des années soixante dix, le musée est conçu comme un moyen d'expression d'une identité plurielle dans les pays africains, d'où, la naissance des musées régionaux. Aujourd'hui, avec l'avènement de l'ère démocratique, le musée est perçu autrement. * 21 Léonard de Vinci, peintre, sculpteur, architecte, ingénieur et savant italien. Il vécut surtout à Florence et à Milan, avant de partir pour la France, en 1516, à l'invitation de François 1er. Il est célèbre comme peintre, auteur de la Joconde et d'autres oeuvres que l'on trouve au Musée du Louvre. Initiateur de la seconde Renaissance, il s'intéressa à toutes les branches de l'art et de la science. * 22 Paul Gauguin, peintre français (1848-1903). Issu de l'impressionnisme, il réagit contre celui-ci en procédant par des larges aplats de couleur sur un dessin également résumé.Il voulut aussi, en symboliste, conférer à ses tableaux un sens d'ordre spirituel. Il a fortement influencé les nabis et les fauves. * 23 Kiéthéga J. -B. op. cit. ibid. |
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