II.4) Assurer la formation et les
apprentissages professionnels pour la période post-conflit.
Dans les pays où les crises ont été
marquantes comme en Côte d'Ivoire, afin de faciliter la reconstruction et
l'intégration des jeunes affectés par le conflit, il faille
mettre l'accent sur la formation pour des compétences demandées
localement qui fournissent une rapide génération de revenus.
L'utilisation de méthodes intensives en travail pour
la réhabilitation des bâtiments publics et des routes
endommagés, est souvent la plus haute priorité. Elle exige
l'enseignement de compétences appropriées soutenu par une
supervision adéquate, par des matériaux de construction et des
fonds pour les salaires.
Les situations post-conflit sont à de nombreux
égards une rupture avec le passé et peuvent fournir une
possibilité de modifier les stéréotypes de genre dans une
société. La transition de sortie de conflit offre une
opportunité d'aller au-delà des rôles et modèles
sexuels « traditionnels » quant à la division
du travail. Les organisateurs de cours de formations pratiques et de formations
professionnelles doivent être avertis de ces opportunités.
La formation aux compétences doit être assez
large pour éviter de reléguer un participant dans un domaine
d'employabilité trop étroit. Les centres de formations au
Libéria, par exemple, ont commencé à offrir des cours en
compétences combinées basés sur les exigences locales et
post-crise. Par exemple, les garages préfèrent employer des
mécaniciens qui savent aussi conduire, les sociétés de
transport veulent des chauffeurs qui puissent effectuer des réparations
de moteurs élémentaires ; les cours d'économie
familiale enseignent aux femmes la cuisine, la fabrication de savon et la
couture, de sorte qu'elles peuvent adapter leurs compétences à ce
qui manque sur les marchés locaux.
Les jeunes ont souvent besoin à la fois de
compétences professionnelles et entreprenariales pour démarrer
une affaire et pour commercialiser leurs services et leurs produits, et les
cours doivent comprendre les deux. Des cours de base en entreprenariat doivent
également être universellement enseignés dans les
écoles secondaires et les universités.
Cibler les groupes vulnérables afin de les rendre
employables est nécessaire. Les jeunes handicapés en sont un
exemple et les femmes traumatisées par les viols un autre. Pour
éviter la stigmatisation et faciliter la réintégration, il
faut inclure ces groupes dans les services de formation professionnelle
existants. Toutefois, là où existent des besoins
spécifiques, les cours de formation professionnelle doivent être
spécialement conçus, en intégrant des
éléments supplémentaires tels que l'appui en conseils
psychosociaux, et il sera nécessaire de leur accorder une durée
plus longue.
Les contrats d'apprentissage sont un domaine ayant un
potentiel significatif pour la formation des jeunes, avec la possibilité
supplémentaire d'une offre d'emploi après son achèvement.
Les programmes nationaux de la jeunesse doivent subventionner ces initiatives
en fournissant une rémunération aux jeunes formés et en
encourageant les entreprises privées et publiques à prendre des
apprentis. L'Etat doit envisager des mesures incitatives appropriées
(les possibilités de crédits fiscaux, des subventions de
salaires, etc.) pour que les sociétés emploient plus d'apprentis.
Un programme intéressant dans ce domaine est le Plan National
d'Apprentissage Ouvert (PNAO) du Nigeria, qui a fourni une formation
professionnelle dans plus de 100 métiers aux jeunes chômeurs
à qui l'on enseigne aussi des compétences en affaire et en
administration pour compléter la formation pratique reçue. Plus
de 600.000 jeunes chômeurs ont été formés par le
biais du PNAO depuis 1987, dont une grande proportion en zone rurale, dans le
cadre d'un effort pour ralentir la migration vers les villes.
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