II) Stratégies de
développement des compétences.
II.1) Mettre en oeuvre des
politiques d'éducation, de marché du travail et des politiques
sociales adéquates.
Les systèmes éducatifs ont une importance
cruciale. Développer l'employabilité des jeunes est un
élément clé pour assurer aux jeunes un passage
réussi au marché du travail et leur permettre d'accéder
à un emploi préparant à une carrière. Les jeunes
doivent pouvoir acquérir des compétences, des connaissances et
des attitudes qui leur permettent de trouver un emploi et les préparant
aux imprévisibles fluctuations du marché auxquelles ils auront
à faire face tout au long de leur vie professionnelle. Toutefois, le
fait de terminer l'école n'est pas une condition suffisante pour entrer
de manière stable dans le marché du travail puisque la fin des
études constitue une vulnérabilité au chômage. Les
politiques devraient donc mettre l'accent sur l'employabilité des
jeunes, que ce soit au moment où ils entrent sur le marché du
travail comme pour leur positionnement.
En outre, de nombreux pays se préoccupent de plus en
plus de la façon dont l'éducation et la formation initiales
s'adaptent aux normes de sélection changeantes du marché du
travail dans un environnement d'innovation technologique rapide, de
restructuration économique et de concurrence exacerbée. A cet
égard, des pays ayant une forte tradition en matière
d'enseignement et de formation professionnels tentent de réadapter le
contenu de l'éducation. Ils placent de plus en plus l'accent sur la
définition ou la redéfinition de nouveaux profils de
compétences et de volets et moyens plus rapides et plus souples de
mettre à jour les programmes d'enseignement et les qualifications. Dans
des pays où les secteurs de l'enseignement professionnel sont moins
développés, des efforts ont été accomplis pour
créer de meilleures passerelles entre l'enseignement et l'emploi, par la
mise au point de cadres de qualification unifiés dans lesquels ils
peuvent juger les performances. Ces efforts sont axés sur la fourniture
de structures d'informations et d'incitations nécessaires pour stimuler
les réalisations des élèves et l'acquisition continue du
savoir. La formation par compétence (FPC) introduite il y a quelques
années en Côte d'Ivoire est un exemple. Un système de
normes nationales aide également les employeurs à informer les
prestataires de formation et les employés éventuels des
compétences dont ils ont besoin.
II.2) Développer des
compétences dans le secteur informel.
Les mesures visant à améliorer le capital
humain par l'éducation, la formation ou le perfectionnement
professionnel sont vitales pour les jeunes travailleurs du secteur informel qui
sont souvent analphabètes ou, tout au plus, faiblement
scolarisés, ce qui limite leurs capacités à
améliorer les méthodes de production et de commercialisation,
ainsi que la qualité des produits et services.
Pour acquérir de nouvelles compétences, la
grande majorité des acteurs du secteur informel ne peuvent compter
presque exclusivement que sur des processus et programmes d'apprentissage. La
formation « sur le tas » par l'apprentissage
représente dans les pays africains le mode dominant d'acquisition des
techniques de base pour l'exercice d'un métier. Elle s'adresse à
de nombreux jeunes qui, pour diverses raisons, se trouvent exclus du
système scolaire en vigueur et qui, de fait, en font un recours efficace
de « qualification » en vue d'une insertion sur le
marché du travail.
Mais l'apprentissage artisanal est toujours incomplet et
rencontre des difficultés tant du fait de déficit structurel
d'offre formelle ou non formelle de renforcement des compétences des
apprentis que du fait de l'insuffisance de qualification des maîtres
artisans et de leur incapacité à conceptualiser certaines notions
de manière à fournir un complément théorique
indispensable ; sans compter l'absence totale de progression
pédagogique structurée dans le cursus de formation.
D'autre part, les structures classiques de formation
professionnelle sont coûteuses et leurs enseignements ne sont pas
conçus pour des analphabètes totaux ou partiels. La formation
doit surtout être adaptée aux besoins et constituer de la sorte un
moyen parmi d'autres de résoudre les problèmes techniques de
gestion ou de développement des micro-entreprises. La formation doit
être axée sur le renforcement du savoir-faire et sur l'acquisition
de nouvelles compétences et de nouveaux comportements visant à
améliorer la productivité et la compétitivité des
micro et petites entreprises du secteur informel. La formation au travail
devra, le cas échéant, être complétée par des
services telles qu'une orientation professionnelle, une information sur
l'environnement de l'entreprise ou une aide à la résolution des
problèmes posés par l'accès aux crédits, aux
marchés ou à la technologie.
C'est dans cette perspective que le programme régional
du BIT, GERME (gérez mieux votre entreprise) a inscrit son action qui
vise à améliorer la qualité de la formation et de la
gestion et à établir un réseau sous-régional en
Afrique francophone. L'approche de ce projet se voulait participative, flexible
et basée sur les besoins exprimés. Le programme visait pour
l'essentiel à faciliter l'adaptation et la vulgarisation d'une
stratégie de formation des formateurs à trois composantes,
à savoir :
GERME (gérez mieux
votre entreprise)
CREE (créez votre
entreprise)
CLE (comprendre
l'entreprise)
Chaque composante dispose d'un matériel
spécifique de formation conçu à partir de la
capitalisation des expériences réussies en la matière.
L'objectif global étant de dispenser des connaissances sur les aptitudes
requises et les défis à relever pour créer et gérer
une entreprise, et particulièrement une petite entreprise.
Une étude d'impact de l'activité GERME a
été réalisée au cours du troisième trimestre
2001 auprès de 400 bénéficiaires dont 322 se sont
entièrement prêtés à l'exercice. Il ressort de
l'exploitation des enquêtes que les modules concernant la gestion des
stocks, le marketing et le calcul des coûts sont les mieux suivis. Du
point de vue de l'impact proprement dit, 83% des bénéficiaires
reconnaissent avoir amélioré leur bénéfice
d'exploitation, et 80% sont satisfaits d'avoir augmenté leur chiffre
d'affaire.
|