La libéralisation du secteur des cultures
d'exportation est un important volet de la plupart des programmes d'ajustement
structurel en Afrique subsaharienne. Sa mise en uvre et le rythme auquel elle a
été menée ont beaucoup varié d'un pays a l'autre,
mais aucun système public de commercialisation des exportations n'a sans
doute échappé au phénomène (Shepherd et Farolfi,
1999). La libéralisation du secteur des exportations est imputable dans
une large mesure aux carences des institutions responsables de l'achat, de la
transformation et de l'exportation des cultures de rente. Certains pays ont
tenté de reformer ces institutions mais souvent, leurs efforts n'ont pas
abouti ou les reformes ont fait long feu, les anciens responsables ayant
essayés de retrouver les rentes de situation dont ils
bénéficiaient.
Force est de constater que les conséquences de la
reforme en profondeur du système de commercialisation n'avaient pas
été prévues et que c'est seulement maintenant, a un stade
beaucoup trop avancé, qu'une véritable réflexion est
engagée. Ainsi, il n'avait été prévu que le secteur
privé n'aurait guère de difficulté a maItriser les
opérations de commercialisation, mais, il semble que l'on ait
très peu réfléchi au role que jouait les offices de
commercialisation des exportations dans la fournitures d'intrants aux
agriculteurs (Jarrige, 1995).
Bien que les données statistiques soient
généralement peu fiables, surtout depuis la
libéralisation, et qu'il est donc difficile d'obtenir des informations
sur le prix a l'exportation, on peut en principe affirmer que la
libéralisation a eu peu de conséquences positives pour les
agriculteurs dans le domaine. Néanmoins, l'augmentation des prix
constatée risque d'être neutralisée en partie a plus ou
moins brève échéance par une baisse générale
de la qualité, un accroissement de la production mondiale sous l'effet
de la libéralisation, voire une disparition de la concurrence compte
tenu de la tendance a la concentration des échanges au profit d'un petit
nombre d'entreprises. Pour les producteurs, la libéralisation s'est
traduite par une incertitude accrue, en termes de prix et de
débouchés, mais elle a permis une accélération des
règlements (Shepherd et Farolfi, 1999).
Par ailleurs, il est souvent revendiqué que la
libéralisation du marché des cultures d'exportation dans les pays
en voie de développement a entraIné une baisse de la
qualité du produit. Cette revendication a
été faite pour le cacao, le café et le coton dans le
continent Africain. Des études sur l'expérience du secteur de
cacao camerounais qui a été libéralisé en trois
étapes entre 1989 et 1995 montrent bien qu'il y a eu des plaintes sur la
détérioration de la qualité du cacao marchand.
Néanmoins, ces revendications ne reçoivent
absolument aucun appui de données de l'Union Européenne sur les
valeurs d'unité d'importation, qui montrent la variation
aléatoire pour les principaux pays exportateurs de cacao en l'Afrique
occidentale. La détérioration de qualité devrait donc
être commune a tous les pays exportateurs, mais ce qui semble ne pas
être le cas. Ainsi, la détérioration ne peut donc
être attribué aux seuls effets de la libéralisation
(Tollens et Gilbert, 2001).
Varangis et Schreiber (2000) soutiennent les propos de Tollens
et Gilbert, en estimant qu'il n'y a aucun changement relatif sur la
qualité du cacao exportée sous la période de
libéralisation que sous la période avant libéralisation.
uls signalent en passant que la qualité du cacao camerounais
était déjà bien problématique avant la
libéralisation en 1995.
Dans la plupart des pays, la libéralisation a
donné lieu dans un premier temps a une concurrence très vive
entre acheteurs, même si une certaine concentration s'est
opérée par la suite. Le manque d'expérience et de
motivation des acheteurs dans les premiers temps de la reforme explique
indéniablement pour partie la baisse de qualité des produits
exportés. Les exploitations situées dans des zones
reculées dont la production est réduite n'ont guère
bénéficié de la libéralisation des systèmes
de commercialisation. Car depuis la dissolution des offices, les producteurs
des zones excentriques sont confrontés aux réalités du
marché: dans le meilleur des cas ils reçoivent des prix
inférieurs a la moyenne et dans la pire de ces situations
l'impossibilité de trouver des négociants disposés a
acheter leur récolte. L'une des conséquences largement inattendue
de la libéralisation a été l'apparente facilité
avec laquelle les négociants ont pu obtenir des financements pour
acheter aux agriculteurs leur production. Bien plus, d'autres effets de la
libéralisation existent, et méritent d'être analyser
d'avantage, afin de trouver des moyens adéquats pour venir a bout au
profit des prod ucteurs (Shepherd et Farolfi, 1999; Defo, 2001).