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L'impact de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Aloys Mahwa Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise 2007 |
II. Rigidité du marché de l'emploi et insuffisance d'emploi formelEn plus d'un marché de l'emploi tourné en majorité (plus de 90%) vers le secteur informel, la rigidité du marché de l'emploi constitue aussi un des dysfonctionnements du marché de l'emploi au Cameroun. Cette rigidité s'apprécie à travers des indicateurs comme le coût du recrutement, le coût du licenciement et l'indice de rigidité de l'emploi. Dans un document33(*) qu'ils publient chaque année, la Banque Mondiale et l'International Finance Corporation définissent ces indicateurs comme suit : *le coût du recrutement : cet indicateur mesure toutes les prestations sociales notamment le fonds de pension, l'assurance maladie, l'assurance maternité, les accidents de travail, les allocations familiales et autres contributions obligatoires ainsi que les charges salariales liées à l'embauche d'un employé. *le coût du licenciement : cet indicateur mesure le coût des exigences en matière de préavis au licenciement, des indemnités de licenciement et des amendes dues en cas de licenciement pour sureffectif. Ces charges peuvent conduire les entreprises à maintenir ses anciens effectifs. Les effets sont négatifs sur les jeunes qui doivent intégrer le milieu professionnel où la saturation des postes conduit au chômage de ces derniers. Les licenciements ont un coût, non seulement pour l'individu, mais aussi pour la société et, tant du point de vue de l'efficience économique que du bien-être social, il est important que chacune des parties concernées, et notamment les entreprises, ait conscience de ce coût. Ainsi, l'emploi qui est improductif aux yeux d'un employeur peut néanmoins avoir une valeur pour la société. Autrement dit, livrées à elles-mêmes, les forces du marché peuvent conduire à un excès de licenciements par rapport à ce qui serait souhaitable du point de vue du bien-être collectif.34(*) * L'indice de rigidité de l'emploi est la moyenne de trois sous- indices : l'indice de difficulté à recruter, l'indice de rigidité des horaires et l'indice de difficulté à licencier. Chacun de ces sous- indices se compose de plusieurs éléments et est affecté d'une valeur entre 0 et 100 ; plus la valeur est élevée, plus la réglementation est rigide. Le tableau suivant présente la situation du Cameroun en 2006 comparativement aux pays de la CEMAC. Tableau n°2 : Indicateurs du marché de travail dans la CEMAC.
Source: Doing Business in 2006, Creating Jobs, The International Bank or Reconstruction and Development/ The World Bank, 2006, p.117. Partant de ces indicateurs, on peut dire que le marché du travail au Cameroun est très rigide. Le coût de licenciement (32,5 semaines de salaire soit environ 8 mois de salaire) étant supérieur au coût d'embauche (16,3% du salaire), on peut percevoir les difficultés qu'éprouvent les entreprises au nouveau recrutement et au licenciement du personnel d'un certain âge. Cette rigidité est une des raisons qui limitent la chance des jeunes à intégrer le milieu professionnel immédiatement après leur carrière universitaire ou scolaire. De façon générale, le Cameroun partage cette rigidité avec l'ensemble des pays de la CEMAC qui selon ce classement de la Banque Mondiale occupe les dernières places sur 175 pays concernés par cette étude : Gabon (159), RCA (160), Tchad (148), République du Congo (163) et Guinée Equatoriale (172). * 33 World Bank and the International Finance Corporation, Doing Business in 2006, creating jobs, Washington, D. C., 2006. * 34 OCDE, « La protection de l'emploi : coûts et avantages d'une meilleure sécurité de l'emploi », Synthèses, Janvier 2005, P. 5. |
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