4. Bible Historiale de Guiart des Moulins
Guiart des Moulins, Le premier volume de la Bible en
francoiz, 1531, ff. 2v, 3v.
[Gn I, 26] Notre Seigneur donna à l'homme
seigneurie sur toutes les autres bestes, et en ce est notée la
dignité de l'homme en trois choses. Premièrement ce qu'il est
fait à l'image de Dieu, après pour ce qu'il fut fait par grande
délibération. Car quand Dieu fit les autres choses ainsi qu'il
eut dit, elles firent faites [...] et après est notée la
dignité de l'homme ainsi qu'il fut fait seigneur des bestes. Car Dieu
qui savoit qu'il feroit tôt, fait mortel par pechie, qui devant le pechie
n'estoit pas mortel lui donna les bestes pour manger et pour le vetir et pour
lui aider à son travail et avant le pechie n'avait il done aux hommes ni
aux bestes à manger fors seulement les herbes et les fruits des arbres.
Et notez ceci que l'homme perdit la seigneurie par son pechie, des grandes
bestes, si comme les lions afin qu'il sut qu'il perdit telle seigneurie par son
pechie et ainsi fut-il des petites bestes perdit il la seigneurie si comme des
mouches
[Gn II,18-20] Derechef dit notre seigneur, il n'est pas
bon que l'homme soit seul, faisons lui une aide semblable à lui. Quand
donc toutes les bestes et les oiseaux furent formés notre Seigneur dieu
les amena à Adam pour voir comme il les nomerait. Et Adam les noma tous
et le nom qu'il leur laissa est leur nom.
Donc Dieu dit il n'est pas bon que l'homme soit seul,
faisons lui une aide semblable à lui. Voire, pour engendrer enfants, car
les choses semblables naissent de choses semblables naturellement. Et adonc
mena dieu les bestes et les oiseaux à Adam et leur mit leur nom en
langue hébraïque qui fut la première raison. Et quand Adam
ne vit nulle entre les bestes et les oiseaux semblables à lui, Dieu
l'endormi non pas de droit dormir mais ainsi comme fit ravy. Et dit-on qu'il
fut adonc en la souveraine court de paradis, de quoi quand il s'éveilla,
il prophétisa de la conjonction de Jesus Christ et de Sainte
Église, du déluge, et du jugement advenir par le feu. Et le
montre après et le dit à ses enfants.
5. Glose de la Bible du XIIIe s.
La Bible française du XIIIe siècle.
Édition critique de la Genèse, présenté par
Michel QUEREUIL, Genève, Droz, 1988, publications romanes et
françaises, n°183, p. 107.
(d'après le manuscrit français 5056 de la
BnF)
«Damedieux dist : «Il n'est pas bonne
chose que home soit seuls : fesons li aide semblable a lui.» Donques,
quant Dieux ot formé de la terre toutes les choses qui ont ame et les
oisiaux du ciel, il les amena a Adam, que il veïst coumant il les apelast
; tout ce que Adam apela d'ame vivant, ce est li nons de lui ; Adam apela par
leurs nons toutes les choses qui ont ames et touz les oisiaux du ciel, et
toutes les bestes de la terre. Certes Adam n'avoit pas aide samblable a
lui.
Adam nos senefie Jhesu Crist, car, aussi come Adam fu
peres a touz les mortiex, aussi Jhesu Crist est peres aus esperitieux, et aussi
comme Adam fu fait de la terre virge, nasqui Jhesu Crist de la Virge Marie. Il
apela toutes choses par leur nons, car Jhesu Crist, en sa predication, touz
ceuls qui le voloient croire apela par noviaux nons, car il les apela fuiz
Dieu. Il n'avoit pas aide en terre qui li aidast a engendrer ligniee devant que
il s'endormi ; cist dormirs fu la glorieuse mort qu'il souffri en la croiz et
lors fu formee Sainte Esglise de son cousté, car ele fu sacree et
santefiee par le sanc et par l'eve qui issi de la plaie qu'il ote ou
costé, aussi comme fame fu faite du costé d'Adam, ce sunt li
Crestien qui sunt regenerez par le baptesme et croient le sacrement et sunt
apelez fuiz Dieu par grace»
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