2. Les Étymologies d'Isidore de
Séville
Isidorus Hispalensis. Etymologiae, Livre XII :
Des animaux, traduction : Jacques André, Paris, Belles Lettres,
1986, pp. 36-43.
Texte latin :
«De pecoribus et iumentis
Omnibus animantibus Adam primum vocabula indidit,
appelans unicuique nomen ex praesenti institutione iuxta conditionem naturae
seruiret. Gentes autem unicuique animalium ex propria lingua dederunt uocabula.
Non autem secunndum Latinam linguam atque Graecam aut quarumlibet gentium
barbararum nomina illa imposuit Adam, sed illa lingua quae ante diliuuium
omnium una fuit, quae Hebrea nuncupatur. Latine autem animalia viue animantia
dicta, quod animentur uita et moueantur spiritu. Quadrupedia uocata quia
quattor pedibus gradiuntur: quae dum sint similia pecoribus, tamen sub cura
humana non sunt, ut cerui, dammae, onagri, et cetera. Sed neque bestiae sunt,
ut leones, neque iumenta, ut usus hominum iuuare possint.
Pecus dicimus omne quod humana lingua et effigie caret.
Proprie autem pecorum nomen his animalibus adcommodari solet quae sunt aut ad
uescendum apta, ut oues et sues, aut in usu hominum commoda, ut aqui et ueteres
communiter in significatione omnium animalium pecora dixerunt, pecudes autem
tantum illa animalia quae eduntur, quasi pecudes. Generaliter autem omne animal
pecus a pascendo uocatum.»
Traduction :
«Du bétail et des bêtes de
somme.
C'est Adam qui, pour la première fois, imposa
des noms à tous les êtres animés, appelant chacun, par une
institution immédiate, d'un vocable conforme à la condition
naturelle à laquelle il était assujetti. Les peuples
donnèrent d'autre part, un nom dans leur propre langue à chacun
des animaux. Mais les noms imposés par Adam ne furent pas pris au latin
ou au grec ou à un des peuples barbares, mais à la langue unique
et universelle d'avant le déluge, nommée hébraïque.
On dit en latin animalia (animaux) ou animantia (êtres
animés), parce que la vie les anime (animentur) et que le
souffle vital leur donne le mouvement. Le nom des quadrupèdes,
vient de ce qu'ils marchent sur quatre pattes : tout en ressemblant au
bétail, ils ne sont pas domestiqués, ainsi les cerfs, les daims,
les onagres, etc. Mais ce ne sont ni des bêtes féroces, comme les
lions ; ni des bêtes de somme, capables d'aider aux besoins de
l'homme.
Nous appelons pecus (bétail) tout ce
qui est privé de l'apparence et du langage humain. Mais l'usage est
dénommer spécialement pecora (bestiaux) les animaux
propres à l'alimentation, comme les ovins et les porcs, ou
appropriés au service de l'homme, comme les chevaux et les bovins. Il
existe une différence entre pecora et pecudes :
en effet les Anciens disaient couramment pecora au sens de
«l'ensemble des animaux» et pecudes seulement des animaux
consommés (quae edentur), pour pecuedes. Mais d'une
manière générale pecus de pascere
(paître), désigne tout animal.»
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