3. La
coopération dans le domaine des archives
Les archives des deux pays attirent de plus en plus un certain
nombre de chercheurs et d'historiens travaillant sur l'histoire de l'Empire
ottoman. En vertu du programme d'échanges culturels pour les
années 1998-2000, les deux pays ont institué un système
d'échange de techniciens dans le domaine des archives. L'objectif
affiché en est de profiter des expériences mutuelles dans la
sauvegarde des archives historiques. Selon un diplomate tunisien à
Ankara que nous avons rencontré, deux techniciens tunisiens ont
reçu une bourse de formation de deux semaines en Turquie. Toutefois,
l'ambassade de Tunisie en Turquie ne dispose d'aucune information les
concernant.
4.
Bilan de la coopération culturelle
Le recensement des manifestations culturelles
bilatérales qui ont eu lieu dans la dernière décennie nous
permet de constater que d'une part, les échanges culturelles entre les
deux pays s'inscrivent dans la plupart des cas dans un cadre officiel. Hormis
les séjours des étudiants, les semaines culturelles, les
spectacles de musique et les expositions artistiques sont souvent
organisés à l'occasion d'une visite présidentielle ou
ministérielle dans l'un ou l'autre pays. D'autre part, les flux
d'échanges ont enregistré un déséquilibre frappant
entre les deux pays. Car statistiquement parlant, les manifestations
culturelles tunisiennes organisées en Turquie se taillent la part du
lion de l'ensemble des manifestations bilatérales, alors que les
manifestations culturelles turques en Tunisie se font rares. Les
étudiants turcs séjournant en Tunisie se comptent sur les doigts.
Puis, il est arrivé de par le passé que des bourses tunisiennes
destinées à des étudiants turcs n'ont pas trouvé
preneur !.
Par ailleurs, l'application des accords culturels ne
bénéficient d'aucun suivi permanent. Car contrairement aux
accords d'ordre politique ou économique, il n'existe aucune structure
intergouvernementale qui veille sur la réalisation des projets culturels
communs. Comme nous l'avons signalé plus haut, les quelques
manifestations culturelles ou universitaires qui ont eu lieu se sont produits
dans l'ombre des rencontres politiques ou à l'initiative de certains
responsables du monde universitaire.
Comment expliquer un tel bilan si maigre et décevant ?
Les raisons en sont multiples. D'abord, les deux pays, à part la
religion, n'ont rien de commun sur le plan culturel. La culture tunisienne est
une culture élaborée à travers les siècles sur le
substrat de la culture arabe et les traditions musulmanes. Tandis que la
culture turque est une culture qui s'est greffée sur un substrat
religieux, celui de l'islam. La présence ottomane en Tunisie n'a pas
permis un échange culturel entre les deux pays. Exceptés quelques
mots turcs qui se sont glissés dans le dialecte tunisien, la langue que
parlent aujourd'hui les Tunisiens n'a gardé aucun souvenir de la langue
des conquérants ottomans. L'occidentalisation de la
société turque, processus engagé depuis les années
20, a profondément marqué la personnalité turque. Et c'est
précisément le problème de la langue qui constitue un
obstacle infranchissable pour accéder à l'une ou l'autre culture.
Ainsi est-il presque impossible de voir, hier comme aujourd'hui, la radio ou la
télévision tunisienne diffuser une chanson ou un film turcs.
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