2. Echanges de
visites
Outre l'échange d'étudiants, les responsables
universitaires et éducatifs des deux pays ont tissé des liens
étroits et entrepris des politiques de rapprochement. Leur
détermination de resserrer les liens et d'intensifier la
coopération reflète une nouvelle perspective dans les relations
culturelles entre les deux pays. C'est dire comment le rôle du milieu
universitaire, vecteur et vitrine de la modernité, est très
important dans la consolidation des liens entre les deux peuples. En
témoigne le fait que lors de sa deuxième visite en Tunisie du 30
avril au 3 mai 1992, le président du Conseil de l'Enseignement
Supérieur de Turquie et principal fondateur de l'université de
Bilkent, Ihsan Doðromacý, a déclaré que tout en
renforçant la coopération Nord-Sud, il faudrait aussi amorcer une
coopération Sud-Sud.
L'importance accordée par les deux pays à la
coopération universitaire et scolaire transparaît à travers
l'échange de visites officielles entre responsables de
l'éducation et de l'enseignement des deux pays. Ainsi, entre 1991 et
1993 nous avons recensé huit visites officielles, y compris celles de
ministres, de recteurs d'universités et groupes d'étudiants
accompagnés de hauts responsables de l'un ou l'autre pays. En outre, des
responsables turcs et tunisiens ont décidé de promouvoir
l'enseignement de la langue turque en Tunisie, dispensé
désormais à l'Institut Bourguiba des Langues Vivantes (Tunis).
Néanmoins, malgré tous les efforts consentis de
part et d'autre pour créer un dialogue positif dans le domaine de
l'éducation et de l'enseignement, un long chemin reste à
parcourir avant de bannir de nombreux obstacles tant sur le plan linguistique
que sur le plan logistique. En effet, il se trouve que depuis une dizaine
d'années environ, les deux pays sont devenus répulsifs même
pour leurs propres étudiants. Avec la montée du chômage et
la multiplication du nombre d'étudiants, surtout en Tunisie, nombreux
sont les étudiants qui rêvent de partir se former en Europe ou en
Amérique du Nord. Pour eux, partir étudier dans une
université européenne ou nord-américaine c'est garantir
une formation de marque et par-delà avoir une chance
supplémentaire d'être embauché. Bien que les structures
universitaires dans l'un et l'autre pays soient en mesure de dispenser aux
jeunes tunisiens et turcs une bonne formation scientifique et professionnelle,
le nombre d'étudiants qui acceptent de partir étudier en Turquie
ou en Tunisie demeure en-deçà des objectifs escomptés. Du
côté tunisien, nous avons recensé 40 étudiants qui,
pendant les années 1991 et 1992, ont bénéficié
d'une bourse d'étude en Turquie, en vertu de l'accord culturel de 1991.
En revanche, pour les étudiants turcs séjournant en Tunisie,
certains responsables tunisiens nous ont informée qu'il est
arrivé que des bourses n'aient pas été prises et des
séjours inaccomplis. La question qui se pose est de savoir si cette
répulsion est due essentiellement à des considérations
objectives. Les réponses à une telle interrogation sont
multiples. D'abord, personne ne peut ignorer que les autorités
académiques tunisiennes ou turques se montrent réservées
à l'égard des diplômes obtenus dans des universités
du Sud. Il arrive parfois qu'elles refusent de délivrer une
équivalence à tel diplôme ou tel autre obtenu dans une
université arabe ou proche-orientale. Ce qui pousse de nombreux
étudiants à chercher à se former plutôt en Occident.
Le résultat est décevant. Les échanges culturels entre
Ankara et Tunis, à l'exemple des échanges économiques,
revêtent un aspect symbolique qui, dans l'état actuel des choses,
n'est pas prêt à évoluer.
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