Contribution aux études méditerranéennes: les relations turco-tunisiennes (1956-2001)( Télécharger le fichier original )par Meriem JAMMALI INALCO - Maîtrise de langue et de civilisation turques 2003 |
CHAPITRE II : LA COOPÉRATION DANS LES DOMAINES UNIVERSITAIRE ET ÉDUCATIF1. Echanges de bourses et d'étudiantsA partir des années 90, c'est le domaine de l'enseignement et de la formation qui allait faire l'objet de pourparlers et d'accords. En effet, les deux pays sont liés par des accords qui cadrent leur coopération culturelle. Ainsi l'accord signé à Tunis le 25 février 1991 régit un certain nombre d'échanges dans les domaines universitaire et éducatif. Il incite les autorités académiques des deux pays à échanger leurs expériences en matière d'éducation et de jeunesse, et les encourage à soutenir la mobilité des étudiants. Des visites de responsables de part et d'autre se sont succédé. Cela a contribué à une meilleure connaissance entre enseignants, responsables et étudiants.105(*) En vertu de cet accord, un système d'échange d'étudiants a été bel et bien institué. Il s'est concrétisé par l'envoi de lauréats du lycée pilote d'Ariana (banlieue de Tunis) pour poursuivre leurs études à l'université de Bilkent, première université privée turque dispensant ses cours entièrement en anglais. La première promotion était composée des 25 étudiants. Selon M. Ibrahim Khouja, ex-ministre tunisien de la communication et l'un des initiateurs du projet, « il est surtout question de permettre aux étudiants tunisiens de s'asseoir sur le même banc que les lauréats turcs, cadres de la Turquie de demain. Ce qui en définitive, jette les ponts de liens futurs à un très haut niveau. »106(*) Ce responsable donne en effet une dimension plus large à la question des relations turco-tunisiennes. Car en formant des étudiants dans une université turque mais dispensant ses enseignements uniquement en anglais, ce responsable tunisien misait sur le rôle que pourraient jouer cette élite dans un monde qui bouge et qui s'adapte avec les exigences de la mondialisation. L'accord de coopération de 1991 institue aussi des échanges de bourses. On distingue alors des boursiers nationaux et des boursiers de coopération. En Turquie, il y a deux types d'étudiants tunisiens : ceux qui sont inscrits à l'université libre de Bilkent où l'enseignement est de très haute qualité ; et ceux qui fréquentent les universités publiques. Qu'il s'agisse des uns ou des autres, le flux d'étudiants tunisiens séjournant en Turquie n'a cessé d'augmenter entre 1993 et 1996. Ainsi en 1993, 15 lauréats sont partis à Ankara pour poursuivre des études scientifiques. Pour la même année, on a recensé 70 étudiants tunisiens à l'université de Bilkent. Mais à partir de 1996, les étudiants tunisiens partent de moins en moins en Turquie à cause des aléas affectant la scène politique turque, notamment l'arrivée au pouvoir, en décembre 1995, d'une coalition islamiste. Ces aléas politiques, bien qu'ils n'aient directement pas touché le étudiants tunisiens désirant étudier en Turquie, ont eu des répercussions néfastes sur les flux d'étudiants inscrits dans les universités turques.107(*) En effet, le changement du gouvernement en Turquie, survenu à l'extrême fin de 1995, eut pour conséquence directe, pour ce qui concerne les relations avec la Tunisie, le gel ou le report de plusieurs projets communs. Du côté turc, nous avons relevé qu'il y a peu d'étudiants turcs qui manifestent leur désir de poursuivre leurs études en Tunisie.108(*) Les rares étudiants turcs qui se rendent en Tunisie suivent des cours intensifs d'arabe pendant l'été. Ces cours intéressent surtout des ingénieurs ou des médecins envisageant d'exercer dans un pays arabe, surtout les pays du Golfe. Le tableau suivant détaille les différentes bourses octroyées à des étudiants turcs et tunisiens, entre 1991et 1999. L'examen de ce tableau fait apparaître une diminution sensible à partir de 1997. Tableau : Coopération universitaire Turquie-Tunisie (1991-1999)
Source : Rapports d'activités de l'Ambassade de Tunisie en Turquie, 1990-1999 Par ailleurs, nous avons appris lors de notre enquête que des étudiants turcs ont bénéficié d'un certain nombre de bourses accordées dans le cadre d'un accord de coopération passé entre l'université tunisienne de théologie musulmane «Ezeitouna» et le YÖK (Yüksek Öðretim Kurumu).109(*) L'accord de 1991 fut remplacé par un protocole de coopération culturelle, signé entre les deux pays suite à la visite qu'a effectuée le ministre tunisien de la culture, Mongi Boussnina, du 20 au 25 janvier 1994. Mais cet accord a été à son tour renouvelé par un autre programme d'échanges culturels pour les années 1998-2000, arrêté lors de la visite présidentielle de M. Demirel en Tunisie le 4 et 5 avril 1998. * 105 Lors de sa visite en Tunisie en 1998, Demirel, dans une interview accordée au journal tunisien francophone La Presse, déclare ceci : « Dans le domaine de la culture et de l'éducation (...), nos universités doivent entrer en relation de coopération. Il faut faire des échanges d'étudiants. Il faut établir des ponts à travers des étudiants tunisiens qui viendront en Turquie et des étudiants turcs en Tunisie pour les études. On a besoin également de relations dans le domaine de la radio-télévision, des médias et de la communication. » Dans l'interview de La Presse du 4 mai 1998. Voir annexe VII. * 106 Suite à sa rencontre avec Ihsan Doðramacý, fondateur de l'université Bilkent (en mai 1992). * 107 Cette information a été évoquée par le Consul général de Tunisie à Ankara lors de notre entretien avec lui. * 108 Les chiffres que nous évoquons ici sont extraits des rapports d'activités culturelles de l'ambassade de Tunisie à Ankara. * 109 D'après les informations fournies par l'Ambassade de Tunisie à Ankara. |
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