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Acteurs et enjeux de la formalisation économique dans la lutte contre la pauvreté dans le monde

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par Florent MACHABERT
Ecole des Hautes Etudes Commerciales - Master en Sciences du Management 2007
  

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) L'omniprOsente tutelle de l'Etat français

A côté des IMF a but lucratif (banques que l'on retrouve - sans exclusive toutefois - davantage dans les ex-pays communistes d'Europe de l'Est que dans les pays du Tiers- Monde), les trois autres grandes catégories d'Institutions de MicroFinance se trouvent être financièrement alimentées par des subsides, entre autres de l'Etat français, la France ayant toujours occupé une place singulièrement importante dans l'aide au développement,

notamment en faveur du continent africain, pour lequel elle est le 1er pays du monde en

terme d'aide publique.

Se retrouvent donc financièrement accompagnées par notre pays :

12 Sociétés de Capital-Risque

- les IMF dites participatives (dont les ONG),

- les IMF mutualisOes (cas de l'Afrique de l'Ouest comme il est dit supra),

- a fortiori les IMF gouvernementales ou OtatisOes (comme les CRC, Coopératives

Rurales de Chine).

Cet accompagnement financier, absolument indispensable a la plupart des IMF qui interviennent partout dans le monde, repose en France sur la mobilisation de deux institutions d'importance inégale : les services du Quai d'Orsay et l'AFD (Agence Française

de Développement, CF. ANNEXE 2), qui naturellement collaborent.

Concernant le MAE (Ministère des Affaires Etrangères), ce sont les imposantes DGCID

(Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement) sous le patronage de Philippe Etienne depuis janvier 2005 et DDCT (Direction du Développement

et de la Coopération Technique) qui sont chargées de l'allocation des enveloppes aux IMF.

Source : MAE (DRH) - Contact : 20, rue Monsieur 75700 PARIS

Plus particulièrement, la DDCT communique directement avec une douzaine d'opOrateurs techniques qui travaillent sur le terrain tandis que c'est la MCNG (Mission pour la Coopération Non-Gouvernementale) qui collabore, comme son nom l'indique, avec les ONG présentes sur un théâtre. Concrètement, les relations tissées par cette mission entre

le MAE et les ONG depuis 1999 représentent 40 projets de développement économique, rural autant qu'urbain, pour la somme de 8,235 M€, soit un cofinancement de la France a

hauteur de 30% de chacun de ces projets. La somme est ridiculement petite, car 100% des

ressources publiques des 266 ONG et associations de volontaires ont la même origine : l'APD (Aide Publique au Développement), qui les finance annuellement a hauteur de 71M€ (somme qui ne prend pas en compte les montants versés a la Commission Européenne qui

les redistribue aux ONG), et dont l'origine, la forme et la ventilation géographique sont les

suivantes :

Origine de l'APD de la France versée aux ONG

75,00%

67,89%

50,00%

25,00%

0,00%

8,03%

15,21%

7,46%

1,41%

MAE : adm inis tration centrale

MAE : pos tes a l'étranger

collectivités locales

AFD autres m inis tères

Source unique : MAE (2003)

Répartition des crédits accordés aux ONG

La coopération non gouvernementale française

Asie

autres zones

2,00%

France

Afrique hors

commandes

19%

autre

1%

11,00%

Maghreb & Moyen-Orient

9,00%

15,00%

Maghreb

46,00%

subventions

80%

Europe hors

UE

4,00%

Amérique Latine & Caraïbes

13,00%

Le dernier graphique est pour nous l'occasion de rappeler que le MAE a compétence

discrétionnaire pour déterminer chaque année sa ZSP (Zone de Solidarité Prioritaire), dont

la plus récente disponible comprend :

- toute l'Afrique (pays les plus aidOs : Guinée : 0,87M€, Sénégal : 1,76M€, Mali : 1,80M€, Burkina-Faso : 2,34M€, Madagascar : 2,79M€), sauf la Libye, l'Egypte, la Somalie, la

Zambie et le Botswana

- le Proche et Moyen-Orient a travers le Liban, les TAP (Territoires Autonomes

Palestiniens, 1,20M€), l'Irak, l'Afghanistan et le Yémen

- l'Asie du Sud-Est : le Laos, le Vietnam (1,30M€) et le Cambodge (1,57M€)

- une poignée de pays de l'ensemble Caraïbes-Pacifique : Cuba (1,66M€), Haïti

(0,88M€), République Dominicaine, Surinam et Vanuatu.

Concernant a présent l'AFD, son action est venue se substituer a celle des banques de développement, après le constat d'échec que celles-ci ont elles-mêmes dressé, même si le Conseil de l'Europe a maintenu la sienne créée dès 1956 : la CEB (la Banque de développement du Conseil de l'Europe). Le parcours de l'AFD, fondée quant a elle en 1941 par le Général de Gaulle, sous le nom de Caisse de la France Libre puis Caisse Française

de Développement, retrace au moins 20 ans de partenariat entre la Coopération française

et la Microfinance.

Entre 1983 et 1991, elle accompagne les programmes d'expérimentation de nouvelles formes d'intermédiation financière, comme la mutation, en 1989, de la COOPEC (COOPérative d'Epargne et de crédit du Congo-Brazzaville) en MUCODEC, le statut de MUtuelle COngolaise D'Epargne et de Crédit permettant d'atteindre une frange de population autrefois exclue des produits et services de la microfinance coopérative.

Entre 1991 et 1995, l'AFD se charge d'une double mission semblant aller dans le bon sens, celui de la formalisation progressive : d'abord, assurer la pérennité des IMF, c'est-a-dire leur rentabilité, par la multiplication de partenariats multiformes entre elles et les banques privées ; ensuite, davantage utiliser les NTIC (Nouvelles Technologies d'Information et de Communication) pour développer les nouveaux produits d'avenir de la microfinance (a l'instar de la microassurance et de la protection sociale).

Riche de la conduite de près de 390 opérations entre 1987 et 2004 pour une valeur de

390M€, l'Agence s'est résolument engagée au service de l'OMD1, le 1er Objectif Millénaire pour le Développement : la réduction significative a l'horizon 2015 de l'extrême pauvreté dans le monde, et c'est en faveur de ce chapitre qu'elle entend réformer le cadre informel dans lequel les IMF évoluent aujourd'hui pour la plupart.

Institution publique, l'AFD a donc ceci de paradoxal : elle contribue au même titre que le MAE a alimenter la perfusion d'argent public qui maintient en activité l'écrasante majorité des IMF et ONG, tout en affirmant le plus souvent avec succès un cap clair en faveur de la formalisation économique des acteurs du développement. Parmi ses projets-phares, nous

retiendrons :

- un soutien solide a la crOation d'IMF : 1,5 M de bénéficiaires directs, 6 a 7 M de personnes touchées indirectement via ces IMF,

- la mise en oeuvre innovante d'une facilitO d'investissement en microfinance, sur subvention d'Etat, qui permet de réaliser des investissements en fonds propres ou quasi fonds propres dans des IMF, en création ou en cours de transformation, ou dans des fonds d'investissement en microfinance - l'AFD s'est a cet égard dotée de 20M€ en

2004, devenus 230M€ pour l'année 2007,

- l'habituelle aide au dOveloppement qu'elle ne questionne pas : 54% en faveur de l'Afrique subsaharienne, 31% en direction des pays asiatiques, le reste se répartissant entre les Caraïbes et les pays arabes,

- la tutelle qu'elle exerce sur les 2,165 M€ de budget du PRAOC (Programme Régional d'Appui aux Opérations d'épargne et de Crédit décentralisé) dont le siège se situe a Ouagadougou au Burkina Faso.

Confortée par le Rapport d'information n°46 du sénateur Charasse de 2005-2006 (CF. ANNEXES 3 ET 4) et intitulé Fonds octroyOs aux organisations non gouvernementales françaises par le ministère des affaires Otrangères, l'analyse faite ici de la mainmise de l'Etat sur le fonctionnement des IMF conduit a relever cinq incohérences fortes :

le cofinancement public des IMF en général et des ONG en particulier est insuffisamment affichO : le logo du MAE ne figure pas sur tous les projets financés et une ONG comme Coordination Sud - épinglée par la Cour des Comptes - déclare

un taux de 13% de subsides publiques contre 54% dans la réalité -

0 aucune des subventions publiques indirectes (locaux du Quai d'Orsay loués a des

ONG a des prix très en deça de ceux du marché) n'est prise en compte dans la part

de cofinancement public ; s'y ajoute une pratique de survalorisation des apports autonomes des ONG afin de rehausser les apports publics (plafonnés a 50%) -

0 l'existence de « subventions gigognes » laisse supposer que de l'argent public est parfois alloué sans connaître le bénéficiaire -

0 le MAE ne semble pas maîtriser la définition de ses objectifs et de ses moyens : cela conduit a la coexistence d'une contraignante dualitO d'objectifs entre la politique de coopération et celle de développement de la France -

0 il existe enfin de réelles faiblesses dans le contrôle de gestion de la DGCID (qui

délègue a des opérateurs la gestion de près de 75% de ses crédits) ; de plus

s'impose le constat d'un suivi lacunaire des projets en cours de la part de la MCNG (qui formule peu d'ordres de reversement des surplus et n'édite aucune facture).

Force est donc de constater que ces carences fortes qui précarisent une économie déja souterraine plaident pour un relais croissant du secteur formel et de ses méthodes.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite