Conclusion
générale.
La France et l'Allemagne jouent un rôle de premier ordre
dans la construction de la PESD. Tout ce qui concerne les Affaires
Étrangères, à l'heure actuelle, est fait sous couvert de
la coopération franco-allemande. Il n'est pas question pour l'un des
deux pays, de prendre une position sans avoir pris connaissance des intentions
de l'autre. La volonté est donc très forte d'ancrer le
« couple » franco-allemand dans l'opinion publique, et de
prouver son bon fonctionnement aux autres partenaires de l'Union
Européenne.
Les difficultés rencontrées entre les deux pays
sont importantes. Il arrive que l'entente s'essouffle et ne produise plus
d'avancées significatives. Dans ces moments là, c'est l'Europe en
général qui voit son activité ralentie. Cependant, et la
remarque est d'importance, même dans ces moments là, la France et
l'Allemagne restent ouvertes au dialogue. Les militaires des deux
États-Majors continuent de se rencontrer, les polices poursuivent leur
coopération et les ministères des Affaires
Étrangères cherchent à renouer le dialogue. On ne peut
donc pas nier que les difficultés existent. On ne peut pas non plus
affirmer qu'elles sont la preuve que la France et l'Allemagne ne peuvent pas
durablement coopérer. C'est ce statut ambivalent, entre accord et
désaccord qui fait la valeur du moteur franco-allemand. Sa dynamique
dès lors est très intéressante. Elle vient le plus souvent
des blocages rencontrés au cours des avancées. La PESD ne peut
pas être décrétée a priori. Elle se
construit au fur et à mesure des crises d'une part et des
désaccords entre les États européens d'autre part. En
cela, la France et l'Allemagne semblent alors très bien placées
pour dévoiler un grand nombre de problèmes qui pourraient
ralentir ou mettre en péril la construction de la PESD. En trouvant des
solutions adaptées, le moteur franco-allemand est donc une force de
proposition particulièrement pertinente. En réalité, les
solutions qu'il préconise apparaissent comme des solutions efficientes,
puisqu'elles ont fait leurs preuves au sein du couple franco-allemand.
Le moteur franco-allemand n'est pas une « direction
collégiale ». Même en y ajoutant la Grande-Bretagne,
rien ne peut être imposé par ces États aux autres
États-membres. Toutefois, le bon fonctionnement de la coopération
bilatérale semble être une condition de la bonne construction de
la PESD.
ANNEXES
1. Déclaration commune du 22 janvier 1963.
2. Rapport de la Commission franco-allemande de
sécurité et de défense du 27 octobre 1986.
3. Protocole du 22 janvier 1988 sur le Conseil franco-allemand de
défense et de sécurité.
4. Déclaration de Nantes du 23 novembre 2001.
5. Rapport du Président du Groupe de travail VIII
"Défense" à la Convention
Objet : Rapport final du Groupe de travail VIII
"Défense"
6. Rapport sur la nouvelle architecture européenne de
sécurité et de défense - Priorités et lacunes.
Déclaration commune du 22 janvier 1963
Le Général de Gaulle, Président de la
République française, et le Dr. Konrad Adenauer, Chancelier de la
République fédérale d'Allemagne,
A l'issue de la conférence qui s'est tenue à
Paris les 21 et 22 janvier 1963 et à laquelle ont assisté, du
côté français, le Premier ministre, le ministre des
Affaires étrangères, le ministre des Armées et le ministre
de l'Education nationale ; du côté allemand, le ministre des
Affaires étrangères, le ministre de la Défense et le
ministre de la Famille et de la Jeunesse,
Convaincus que la réconciliation du peuple allemand et
du peuple français, mettant fin à une rivalité
séculaire, constitue un événement historique qui
transforme profondément les relations entre les deux peuples,
Conscients de la solidarité qui unit les deux peuples
tant (lu point de vue de leur sécurité que du point de vue de
leur développement économique et culturel,
Constatant en particulier que la jeunesse a pris conscience de
cette solidarité et se trouve appelée à jouer un
rôle déterminant dans la consolidation de l'amitié
franco-allemande,
Reconnaissant qu'un renforcement de la coopération
entre les deux pays constitue une étape indispensable sur la voie de
l'Europe unie, qui est le but des deux peuples,
Ont donné leur accord à l'organisation et aux
principes de la coopération entre les deux Etats tels qu'ils sont repris
dans le Traité signé en date de ce jour.
Fait à Paris, le 22 janvier 1963, en double exemplaire
en langue allemande et en langue française.
Le Président de la République
française
Le Chancelier fédéral de la République
fédérale d'Allemagne
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