Section6: Les ONG et la Lutte
contre la Pauvreté au Maroc:
Le mouvement associatif connaît un grand essor au Maroc. Il
attire de plus en plus d'individus, de communautés, d'organismes... Aux
associations professionnelles, sportives, culturelles ... s'ajoutent de
très nombreuses associations de développement à
caractère social.
Parallèlement à cette forte progression
quantitative des ONG, leurs domaines d'intervention s'élargit et se
diversifie particulièrement en matière de lutte contre la
pauvreté et d'intégration des couches sociales démunies
dans le processus de développement économique et social. Il faut
dire que la création de la Fondation Mohamed V pour la solidarité
a donné un véritable coup de fouet aux associations de
développement social au Maroc.
Dans cet important domaine, ces ONG adoptent une véritable
politique de proximité et une démarche participative impliquant
directement les populations bénéficiaires dans le cadre d'une
dynamique locale. Leur stratégie d'action embrasse plusieurs axes qui
visent à apporter des aides directes et ponctuelles aux pauvres et /ou
à améliorer leurs conditions de vie en agissant directement sur
les causes de la pauvreté et de l'exclusion.
Ce qui explique largement l'efficacité de leur action, le
caractère fondamental de leur contribution et la pertinence de leur
démarche. Elles constituent désormais, et de plus en plus, un
partenaire privilégié des différents acteurs sociaux et en
particulier de l'Etat en créant les synergies nécessaires et les
complémentarités indispensables entre eux dans le cadre d'une
stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.
La réussite d'une telle stratégie nécessite
entre autre le renforcement de l'action des ONG à travers le
dépassement des multiples contraintes qu'elles subissent. Il s'agit en
particulier de la modicité ainsi que de l'irrégularité de
leurs ressources financières, de la faiblesse quantitative et
qualitative de leurs ressources humaines, de leur conception classique du
travail basé toujours sur le volontariat et l'amateurisme... Autant
d'handicaps qui continuent de peser négativement sur leur action et
limitent fortement l'efficacité et l'efficience de leurs programmes dans
le domaine de la lutte contre la pauvreté.
Conclusion
Si tout le monde est d'accord sur
le fait que le développement économique et social du pays ne peut
plus être envisagé sans la participation active de la
société civile, et que le rôle des associations est
désormais le pilier de toute réforme, il faut admettre
l'existence d'une hétérogénéité des
comportements des acteurs. Les contingences qui pèsent sur l'action des
ONG, leurs logiques de comportement devraient recevoir beaucoup plus
d'attention. En effet, parallèlement à des associations qui
déploient des efforts considérables pour le bien être
social, on assiste à des comportements opportunistes de certaines
personnes impliquées qui cherchent plutôt à maximiser leurs
propres intérêts (amélioration de leur image, course vers
l'accumulation des aides).
L'accent mis sur le comportement des acteurs se justifie dans le
contexte marocain dans la mesure où des travaux similaires portant sur
la politique de l'emploi ont montré que l'action des acteurs n'est pas
toujours neutre (Ibourk, 2003). Les objectifs privés des acteurs
impliqués dans une action peuvent converger entre eux tout en divergeant
de l'objectif général de cette action. Les agents peuvent former
des coalitions d'intérêt qui peuvent détourner l'objectif
initial de l'action. De même dans ce domaine qui est devenu une
priorité déclarée des pouvoirs publics marocains les
besoins d'indicateurs d'aide à la décision sont plus pressants.
Toutefois l'absence de données appropriées ne
permet pas d'aller au-delà de la rhétorique du discours
dominant.
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