PARTIE II : La lutte
contre l'exclusion sociale en milieu urbain
Chapitre
préliminaire : L'exclusion sociale en milieu urbain
Section1:Définition et
concept.
Au sens large du terme, l'exclusion sociale peut
être considérée comme "un échec de socialisation,
une rupture avec le lien social, au sens où l'entend Durkheim, le lien
social étant défini comme le mode structurant propre à
chaque société. Comme tel, il en assure la cohésion et
maintient les formes de solidarité.
Le phénomène d'exclusion tel qu'il sera
étudié ici concerne davantage la société moderne,
urbaine puisqu'il y est fait référence à l'individu pris
isolément c'est à dire socialement détaché de son
groupe d'origine." (MICHÈLE KASRIEL 2005,60)
Démarche paradoxale s'il en est car si le
phénomène d'exclusion est davantage une succession de cas
individuels, il ne peut être appréhendé cependant que dans
sa dimension macro sociale, celle de l'individu
attaché/détaché d'une réalité sociale
globale. Le phénomène d'exclusion en tant que fait social total
se situe donc à deux niveaux qui agissent interactivement : à un
niveau particulier, c'est l'incapacité d'un individu de
s'intégrer dans une société donnée, à un
niveau global, preuve d'un dysfonctionnement, c'est l'incapacité de
cette même société d'intégrer certaines
catégories d'individus considérés comme « socialement
inutiles » telles que les chômeurs, les handicapés, les
enfants des rues, etc...
L'exclusion, c'est le déni de l'individu en tant
qu'être socialisé, sa marginalisation par rapport à un
système social qui ne lui octroie aucune place lorsqu'il est
considéré comme économiquement et socialement inutile.
Si le phénomène d'exclusion produit toujours les
mêmes effets : le rejet, les facteurs qui le génèrent sont
à l'inverse très variables car ils sont concomitants de
l'organisation sociale, de la culture, de l'histoire et du niveau de
développement d'un pays.
L'exclusion sociale, telle que nous l'entendons le plus
généralement est subie puisqu'elle concerne des sujets
marginalisés parce que ne pouvant répondre aux normes et valeurs
érigées en ordre social, que ce soit au niveau économique,
idéologique ou socioculturel. C'est généralement le cas du
Maroc où les principaux groupes laissés à la marge ne
répondent ni au « politiquement correct » ni à «
l'économiquement utile ». On peut ranger dans cette
catégorie les chômeurs, les enfants des rues, les
handicapés, les personnes âgées ....
L'exclusion peut donc être monétaire (plus ou
moins grande insuffisance de capital économique), socioculturelle
(altération des formes relationnelles et déficit en
matière d'éducation et de formation), ou psychologique
(problèmes liés à la santé physique et mentale tel
que le handicap).
Dans les sociétés à économie de
marché, elle se définit essentiellement par rapport à des
critères économiques : le niveau de revenu moyen, le seuil de
pauvreté ou le revenu disponible, ce dernier induisant le domaine des
choix, en d'autres termes ce qu'un individu peut acquérir.
On comprend dès lors toute la complexité du
concept d'exclusion sociale. C'est un processus en constante évolution
car les principaux facteurs reconnus qui génèrent l'exclusion,
à quelque niveau que ce soit (exode rural, analphabétisme,
chômage, etc.), sont des phénomènes qui interfèrent
de manière fluctuante dans un cadre spatio-temporel en continuelle
mutation.
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