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Quel est le profil de la pauvreté au Cameroun ?
L'enquête sur les conditions de vie des ménages menée en 1996 fournit des indications sur l'ampleur et les manifestations de la pauvreté au sein des populations camerounaises. Les résultats de cette opération révèlent que la pauvreté, en 1996, touchait 50,5 % environ de la population camerounaise. Depuis cette date, il n'y a plus eu d'opération statistique permettant de mesurer la pauvreté au Cameroun. Cependant, le gouvernement a engagé en mars/avril 2000, un processus de consultations participatives qui a permis de percevoir les manifestations de la pauvreté chez les populations à la base. Les résultats de ces consultations ont permis l'élaboration du document intérimaire de stratégies de réduction de la pauvreté au Cameroun. D'après ce document, la pauvreté au Cameroun se dessine dans divers secteurs, notamment les secteurs sociaux parmi lesquels la santé, l'éducation, l'emploi et le logement. Deux ans après, précisément en janvier 2002, ces consultations ont été reprises. Et, « de manière générale, les maux décriés lors des consultations participatives de mars/avril 2000 pour caractériser la pauvreté ont à nouveau été relevés, voire renforcés » (MINEFI, 2002 :16)
Au plan de la santé, on relève une baisse de fréquentation des centres de santé. Parmi les personnes qui se sont déclarées malades en 1996, moins de la moitié (48,7 %) a pu se faire consulter alors que parmi les populations pauvres, 36,1 % seulement des consultations ont été effectuées dans une structure sanitaire formelle. Le niveau de dépenses de santé des ménages révèle qu'un individu dépense en moyenne 13.000 francs par an. Cette dépense est de 5.600 francs par personne dans les ménages pauvres alors qu'elle atteint 37.000 francs dans les ménages non pauvres. Le ratio médecin/habitants se situe autour de 8 médecins pour 100.000 habitants. (MINEFI, 2000 : 9)
Au plan de l'éducation, la sous-scolarisation et l'analphabétisme sont des vecteurs de la pauvreté chez les adultes et les jeunes. Le profil de scolarisation se caractérise par un taux brut de scolarisation de 74,9 % pour les enfants âgés de 6 à 14 ans dans les ménages pauvres contre 82,9 % chez les riches. La confirmation de ce phénomène est faite par la dépense annuelle moyenne par élève qui varie de 11.000 francs CFA dans les ménages pauvres à 55.000 francs CFA pour les ménages riches. Les taux d'analphabétisme des personnes de 15 ans et plus qui se situent respectivement à 52,6 % et 23,3 % pour les deux groupes confirment la nécessité de concevoir et de mettre en oeuvre des programmes d'alphabétisation en leur faveur (Op.cit.:9).
Au niveau de l'emploi, le taux d'activité, est plus élevé chez les pauvres que chez les riches. ce qui traduit une forte présence sur le marché du travail des pauvres qui ont, plus que les riches, besoin d'accroître leurs revenus. Le chômage frappe plus les pauvres que les riches. En 1996, 41,5 % des ménages pauvres sont dirigés par un inactif ou un chômeur. Parmi les actifs occupés, le secteur informel est le refuge des pauvres et des jeunes diplômés. Les pauvres occupent des emplois à 92,7 % informels, alors que le taux d'informalité est de 61,7 % chez les riches (Ibid.: 9).
Au plan du logement, les problèmes sont liés aux coûts de matériaux de construction et aux difficultés d'accès à la propriété foncière. En 1996, les ménages pauvres sont à 89,5 % propriétaires de logements essentiellement précaires. Dans ce cadre de vie, 26,2 % ont accès à l'eau potable, 98 % font la cuisine au feu de bois ou au charbon de bois et moins de 1% bénéficient d'un éclairage à l'électricité. Les ménages riches sont 67,8 % à être raccordés au réseau d'eau potable et 24,4 % s'éclairent à l'électricité (MINEFI, 2000 :9).
Cette présentation du profil de la pauvreté au Cameroun suscite des interrogations sur les déterminants de cette pauvreté.