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L'économie camerounaise, jusqu'en 1985, affichait une situation enviable parmi les pays de l'Afrique subsaharienne. Au développement continu de la production et les exportations agricoles s'était ajoutée, à partir de la deuxième moitié des années 70, l'exploitation des ressources pétrolières (MINEFI, 2000:5)
Au cours de l'exercice 1985/1986, l'économie enregistre une baisse brutale des revenues d'exportation. Cette baisse concerne aussi bien le pétrole que les autres produits d'exportation. La dégradation de l'activité économique s'accélère en 1986/1987, en raison de la baisse persistance des cours des principaux produits d'exportation (pétrole, café, cacao et coton). Les taux de croissance deviennent négatifs. De 1985 à 1988, les termes de l'échange se dégradent de moitié.
En réaction à la crise qui s'est ainsi installée, le gouvernement a mis en oeuvre une politique d'ajustement interne qui « montrera très vite ses limites » (Op. cit. :5). La réduction du train de vie de l'État et du poids du secteur public dans l'économie s'avère insuffisante pour enrayer le mal qui est profond. Les indicateurs économiques continuent de se dégrader. La baisse continue des revenus induit une chute de 40 % de la consommation par habitant entre 1985/86 et 1992/93. L'encours de la dette extérieure passe de moins de 1/3 à plus de 3/4 du PIB entre 1984/1985 et 1992/1993.Au cours de la même période, le taux d'investissement quant à lui passe de 27 % à moins de 11 % du PIB. (Ibid.: 5)
Pour faire face à la dégradation marquée de la situation des finances publiques, caractérisée par des « tensions de trésorerie intenables », des baisses drastiques de salaires sont opérées dans la fonction publique en 1993.
De manière générale, la situation sociale se trouve fortement détériorée. S'agissant de l'emploi, la restructuration du secteur des entreprises du secteur public et parapublic, qui entraîne la fermeture de certains établissements d'une part, le gel des recrutements à la fonction publique et les mesures d'allégement des effectifs d'autre part, a engendré une forte montée du chômage. L'offre publique des services sociaux de base est particulièrement affectée par les difficultés financières auxquelles l'État fait face. Dans le secteur de l'éducation, le ratio élèves/enseignants se dégrade, sous l'effet conjugué de l'accroissement continu des effectifs et du gel des recrutements d'enseignants. Dans le domaine de santé, les difficultés sont identiques. L'infrastructure routière se dégrade également, faute d'entretien.
Des études révèlent une paupérisation croissante des ménages camerounais :
« En 1993, 39,6 % de l'ensemble des ménages étaient considérés comme pauvres, 40 % des ménages correspondaient à la catégorie des ménages dite « intermédiaires » et 20,4 % des ménages étaient considérés comme riches ou « aisés » ». (PNUD, 1998 a : 11)
D'après le Rapport mondial sur le développement humain du PNUD (éditions 97 et 98), l'indice de pauvreté humaine est passée de 31,4 % en 1997 à 30,9 % en 1998. ce qui revient à dire, d'après le même rapport, que près d'un tiers de la population camerounaise souffre de trois formes de dénuement sur les aspects de la vie que constituent la longévité, le savoir et les conditions de vie. De plus, s'agissant de l'indice de développement humain (IDH), le Cameroun occupait en 1998 le 132ème rang (sur 175 pays), après avoir été 133ème en 1997 et 124ème en 1994 (sur 173 pays) ; ce qui corrobore l'aggravation de la pauvreté au Cameroun (PNUD, 1998 a : 13).
Après cette présentation succincte de l'évolution de la pauvreté au Cameroun, que dire de son profil ?