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La coopération internationale pour le développement a été, depuis plusieurs décennies, régentée par le réalisme classique des Relations internationales pour lequel, seuls les États sont les acteurs des relations internationales. Mais, les déboires de cette centralisation des relations internationales vont favoriser un gain d'influence considérable de la part des acteurs autres que les États. Le phénomène non gouvernemental va, de ce fait, prendre de l'ampleur. Bien que tardivement manifesté dans beaucoup de pays en développement en général et au Cameroun en particulier, du fait de l'hostilité de l'environnement socio-politique à l'expression des libertés, le phénomène non gouvernemental est devenu une réalité dans la majorité des pays en développement parmi lesquels le Cameroun. Cette situation a été rendue possible par l'ouverture démocratique qui a favorisé l'expression des libertés individuelles et collectives, lesquelles libertés ont permis l'irruption de la société civile sur le chantier du développement au Cameroun. Que faut-il entendre par coopération non gouvernementale ? Pourquoi cette forme de coopération ? Comment en est -on arrivé au Cameroun ? La coopération non gouvernementale est-elle un fait de société au Cameroun ?
Un éclairage conceptuel est nécessaire dans cette investigation relative à la compréhension de la coopération non gouvernementale. Cet éclairage passe par l'approche conceptuelle de cette coopération et son fondement théorique.
La coopération non gouvernementale est une forme de coopération internationale, laquelle coopération est une institution des relations internationales. Pour mieux appréhender le concept de coopération non gouvernementale, une définition, fut-elle une esquisse, des notions de relations internationales et de coopération internationale dont elle découle s'impose.
Les relations internationales sont traditionnellement considérées comme un ensemble de liens, de rapports et de contacts qui s'établissent entre les États et relèvent de la politique étrangère de ces derniers. (Philippe BRAILLARD et Mohammad-Reza DJIALILI, 1997 : 5). Les rapports entre États pouvant prendre la forme de conflit ou de coopération sur les plans politique, économique, stratégique, culturel et autres, la coopération internationale apparaît comme un effort conjugué de deux ou plusieurs acteurs en vue de minimiser les risques de conflits, d'atténuer les différences et de baliser les risques vers une société internationale plus équilibrée et mieux articulée.
Jean TOUSCOZ définit la coopération comme :
« Un mode de relations internationales amicales consistant à mettre en commun de façon continue certains moyens pour atteindre un objectif commun » (1973 : 17).
La coopération internationale a vu son sens se réduire progressivement.. Son usage s'est peu à peu limité aux rapports entre les pays développés et le Tiers-Monde. Pour Albert BOURGI, elle « aurait pour objectif- et justification- l'élimination du sous-développement » (1979 : 2). Et dans cette optique, poursuit-il, « la coopération permettrait au tiers-monde de franchir dans de meilleures conditions l'étape du décollage économique » (Ibid. :2). C'est ce qu'on appelle communément la coopération pour le développement.
Cette coopération a pris la forme de l'aide au développement et, les mutations survenues dans sa pratique ont diversifié son circuit de canalisation. Ainsi est-il possible de procéder à une catégorisation / classification de la coopération pour le développement en fonction du circuit de canalisation de l'aide. On parlera alors de la coopération « centralisée » ou « classique », de la coopération « décentralisée » et de la coopération « non gouvernementale ». On désigne par coopération « centralisée » ou « classique », la forme de coopération dans laquelle l'aide au développement emprunte de canal exclusif de L'Etat. Par coopération « décentralisée », on désigne la forme de coopération dans laquelle l'aide au développement a pour canal les collectivités locales décentralisées (communes ou mairies). Dans cette catégorie, on parle également de jumelage pour désigner la coopération entre les collectivités locales décentralisées du Nord et du Sud. Mais de façon générale, elle désigne la forme de coopération pour le développement qui s'oppose à la coopération « centralisée ». Enfin, la coopération « non gouvernementale » désigne la forme de coopération pour le développement dans laquelle l'aide emprunte le canal des associations ou organisations non gouvernementales. « Les ONG sont l'instrument par excellence de cette coopération » (.J. J. ANTAGANA, 1991 :: 123).
Eu égard de ce qui précède, quelle définition donnée à la coopération non gouvernementale qui nous intéresse dans le cadre de la présente étude ?
Dans l'acception de la coopération pour le développement comme aide aux pays en développement, la coopération non gouvernementale peut être définie comme des relations d'aide humanitaire et/ou caritative d'origine privée ou publique, aux fins de développement par le canal des structures ou organisations non gouvernementales.