B) La cause des interdictions avant 2004
Avant 2004, plusieurs secteurs se voyaient interdire les
espaces publicitaires sur le petit écran pour des raisons bien
différentes.
Ø L'édition littéraire : avant,
l'interdiction de promotion télévisuelle évitait un
accès exclusif des grandes maisons d'édition au détriment
des petites structures. Cette interdiction est partiellement
levée : la publicité pour une édition
littéraire est limitée aux chaînes du câble et du
satellite.
Ø La presse écrite : Sa publicité
est autorisée si elle ne contient pas de message illégal
(1ère de couverture sur l'alcool, le tabac...). Elle
était interdite pour les mêmes raisons que l'édition
littéraire.
Ø Le cinéma : La pub TV était
interdite pour protéger les créations françaises
(exception culturelle). Elle est désormais autorisée sur les
chaînes spécialisées.
Ø Les médicaments remboursables : c'est un
secteur interdit afin de limiter une demande excessive des patients pour ces
produits spécifiques.
Ø L'assistance juridique : La cause de cette
interdiction est flou pour de nombreux acteurs de la communication. Il semble
que le législateur ne souhaite pas voir des organes juridiques se lancer
dans une bataille commerciale.
Ø L'alcool, le tabac, et les armes à feu ne
peuvent être mis en avant dans des spots télévisés
pour des raisons évidentes de santé publique et de bonne
moeurs.
Ø Distribution : Elle était interdite pour
respecter les règles de concurrence et surtout pour ne pas
déplaire à la presse et à la radio, puissantes et
respectées des politiciens... Elle est aujourd'hui autorisée sous
réserve de ne pas porter sur des offres commerciales de promotion.
Là encore il s'agit d'une soupape pour ne pas heurter ces 2
médias, tout en respectant la convergence européenne qui
dénonce l'interdiction à la télévision de ce
secteur.
Suite aux pressions des acteurs économiques interdits
de pub TV, ainsi qu'aux chaînes de télévision (soutenue par
le CSA) dont les recettes publicitaires permettent d'exister, la
télévision s'ouvre à de nouveaux annonceurs en janvier
2004.
c) Les conséquences controversées de
l'ouverture
En ce qui concerne l'ouverture des spots sur le petit
écran à l'édition littéraire et le cinéma,
la mesure de déréglementation semble être bien
perçue par l'ensemble des acteurs économiques.
Ainsi, en 2004, la publicité à la
télévision a battu de nouveaux records.
Les investissements publicitaires en télévision
ont en effet progressé de près de 5%, en grande partie
grâce à l'arrivée de nouveaux annonceurs.
Selon le bilan délivré par le Syndicat National
de la Publicité Télévisée, les investissements sur
les six chaînes hertziennes ont progressé en 2004 de 243,6
millions d'euros, soit 4,9 % par rapport à 2003, pour s'établir
autour de 5,2 milliards d'euros.
Les nouveaux annonceurs qui se voyaient quelques mois
auparavant refuser l'accès au petit écran, auraient investi 92
millions d'euros, soit 1,6 % du total de la publicité TV.
La presse écrite a largement été
séduite par ce média : 68 éditeurs avaient investi 75
millions d'euros en écrans publicitaires fin novembre 2004.
"La télévision est un média puissant qui
fait gagner du temps, qui permet de construire plus vite la
notoriété d'un titre ; mais à la condition que l'offre
soit très forte", explique Loïc Guilloux, directeur commercial
diffusion et marketing média chez Prisma Presse (22 millions d'euros
à la télévision en 2004, notamment pour les lancements de
Télé 2 Semaines puis de Télé Grandes
Chaînes).
Chez Hachette Filipacchi Médias (Lagardère),
Bruno Lesouef, directeur général adjoint presse magazine, se
félicite également de "l'efficacité du média
télé en période de lancement, de relancement et, plus
ponctuellement, en appui d'une opération promotionnelle". Grâce
à une campagne TV le magazine Public a fait décollé sa
diffusion estivale de 30 % au lieu des 15 % à 20 %,
généralement observés à cette période.
En ce qui concerne la grande distribution, la situation est
bien différente car les enjeux économiques sont beaucoup plus
importants. En effet, les enseignes de distribution sont le premier secteur
annonceur, elles dépassent les 2 milliards d'euros bruts
d'investissement dans les grands médias.
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Acteurs favorables à une ouverture plus large
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Acteurs satisfait de l'ouverture partielle
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Acteurs favorables au statu quo
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Distribution
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Toute la grande distribution alimentaire (Carrefour, Leclerc,
Auchan...), certaines enseignes spécialisées (But, Leroy
Merlin)
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Certaine enseignes spécialisées pratiquant
aujourd'hui uniquement une communication purement institutionnelle (Darty,
Fnac)
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Commerce indépendant
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Médias et autres
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Régies TV
Chaînes thématiques
Chaînes locales
Acteurs de la publicité
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Presse
Radio
Affichage
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Depuis le 1er janvier 2004, en ce qui concerne le
secteur de la distribution, la publicité télévisuelle est
autorisée à l'exception « des opérations
commerciales et de promotion » sur les chaînes du câble
et du satellite. A partir du 1er janvier 2007, ces messages pourront
être diffusés sur les chaînes hertziennes.
C'est un pas en avant pour le secteur leader de l'investissement
média mais cette déréglementation est loin d'être
totale puisqu'elle exclut tous les messages axés sur le prix des
produits.
Comme le souligne Denis Caminade, directeur de l'agence
Décollage Vertical : « dans le secteur de la
distribution, les petites enseignes ont tendance à ne communiquer que
sur le prix...mettre en avant les valeurs d'une enseigne suppose que celles-ci
soient suffisamment fortes pour qu'elles se démarquent du lot ».
Or actuellement 95% des distributeurs ne communiquent que sur le
prix. C'est donc toute une nouvelle stratégie de communication qu'il va
falloir mettre en place.
Cette ouverture de la télévision aux distributeurs
va également causer un sérieux manque à gagner pour les
autres supports multi média et en particulier l'affichage qui
prévoit un manque à gagner de 30% suite à cette ouverture
partielle.
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