Section 2 : Le concept de la Poste.
De la période coloniale au lendemain des
indépendances politiques, les statuts et les missions de la Poste
étaient incompatibles avec un quelconque objectif de rentabilité
ou d'équilibre financier.
De 1940 à 1950, la Poste était un simple
service de l'administration coloniale au même titre que le Trésor,
la Douane etc....Les directions de tous ces services étaient
centralisés à Dakar, pour l'AOF, et à Brazzaville pour
l'AEF. De 1951 à 1959, tous les dossiers des services des PTT des
colonies d'Afrique occidentale française étaient
gérés par un Office central des PTT à Dakar.
A partir de 1960, année d'accession à la
souveraineté nationale, les pays africains notamment le Bénin,
pouvaient désormais disposer de leur propre service des PTT.
Comme les autres services de l'Etat, le service des PTT
était une administration de type classique et recevait ainsi ses moyens
de fonctionnement et d'investissement du budget de l'Etat. Son budget figurait
bien dans la loi des finances qui prévoit et autorise les
dépenses et recettes de l'Etat. Durant cette période, la gestion
du service postal se limitait en réalité à une gestion des
dépenses. Par ailleurs, les investissements en infrastructures postales
obéissaient beaucoup plus à des choix politiques qu'à des
impératifs de rentabilité.
Aujourd'hui, la plupart des bureaux de poste construits dans
ces conditions, sont chroniquement déficitaires. De toutes les
façons, le statut juridique de la Poste se prêtait mal à
une gestion rationnelle et rentable. La Poste est perçue comme un
service principalement à caractère social. Comment et quand
est-on amené à introduire la notion de rentabilité dans
les objectifs de la Poste ?
La rentabilité comme objectif de la Poste n'est
apparue qu'à la faveur d'un certain nombre de facteurs externes et du
changement du statut de la Poste.
La politique de réhabilitation du secteur public
entreprise à partir des années 80 par les gouvernements africains
avec l'appui technique et financier des grandes institutions de Bretton Woods
(Banque Mondiale, FMI) incite les Etats à s'intéresser davantage
au secteur des PTT, notamment à la Poste. Les Etats font appel au
financement international, en contrepartie, les institutions internationales
proposent des programmes d'ajustement structurel en vue d'assainir la
situation des entreprises publiques. Il fallait supprimer un certain nombre
d'entreprises publiques, modifier le fonctionnement des autres pour que l'Etat
ne soit plus appelé à subventionner leur déficit. Cette
politique a abouti au Bénin à la création des entreprises
publiques à caractère industriel et commercial ( loi
n°88-005 du 26 avril 1988).
L'apparition au grand jour d'une concurrence active pour le
courrier, pose désormais aux Etats le problème du rôle et
du fonctionnement de la Poste. Il en est de même des chèques
postaux et la caisse d'épargne face aux réseaux bancaires qui ont
développé ces dernières années des points de
contact et offrent de nouveaux produits (livrets d'épargne, prêts
sans aval,
distributeurs automatiques de billets etc.). L'action de la
concurrence à laquelle doit faire face la Poste, appelle des solutions
particulièrement énergiques.
Devant le développement fulgurant de la
télématique entraînant de mutations technologiques rapides
sans précédent dans le secteur des
Télécommunications, nécessitant d'investissements
colossaux, les bailleurs de fonds vont exiger des gouvernements africains que
les Télécommunications soient gérées de
façon autonome pour bénéficier des financements
extérieurs, d'où leur séparation complète avec la
Poste.
Cette séparation, déjà
réalisée dans beaucoup de pays africains (Togo,
Sénégal, Burkina-Faso, Mali, Niger, Côte d'Ivoire), va
poser en clair à l'Etat Béninois le problème du
déficit d'exploitation de la Poste, le problème de la nature et
de la dimension de son réseau, de sa faible productivité et de
son bas niveau tarifaire. Elle va contraindre à une gestion plus saine
et constituer par elle-même une incitation très forte à la
rentabilisation des services postaux.
La Poste Béninoise doit désormais survivre et
se développer par elle-même, elle doit équilibrer son
budget par ses propres ressources.
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