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Gouvernance et performance dans les établissements de soins en Tunisie


par Wadji Ben Rejeb
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis - DEA Management 2003
  

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II.3 LA GOUVERNANCE NORMATIVE

II.3.1 Appréciation de la représentation normative des stakeholders

II.3.1.1 Analyse globale

Stakeholders

D'accord

Pas d'accord

Patients

91,5%

8,5%

Personnel para et juxta- médical

63,8%

36,2%

Corps médical

83%

17%

Collectivité et commune

48,9%

51,1%

Organismes d'assurance maladie

55,3%

44,7%

Direction et management

83%

17%

Personnes indépendantes compétentes

51,1%

48,9%

D'une manière générale, les répondants acceptent la représentation de tous les stakeholders

à l'exception de la collectivité et la commune. Nous remarquons aussi que les avis sont assez partagés quant à l'adhésion des organismes d'assurance maladie et des personnes indépendantes et compétentes au conseil d'administration.

II.3.1.2 Analyse sectorielle

a. Le secteur public

Stakeholders

D'accord

Pas d'accord

Patients

100%

0%

Personnel para et juxta- médical

76%

24%

Corps médical

72%

28%

Collectivité et commune

80%

20%

Organismes d'assurance maladie

56%

44%

Direction et management

72%

28%

Personnes indépendantes compétentes

52%

48%

La représentation des patients par les ligues et associations compétentes a été unanimement

acceptée par les répondants représentant le secteur public (100%). Selon ces derniers, la représentation des patients, souvent des indigents et en position de faiblesse, va leur permettre

de revendiquer de meilleurs prestations et sensibiliser les professionnels aux problèmes

rencontrés et à l'amélioration de la qualité des soins.

Par ailleurs, la majorité des sondés acceptent la représentation du personnel para et juxta - médical et du corps médical dans le conseil d'administration des hôpitaux (76 et 72% respectivement) et affirment que le conseil bénéficiera de leur connaissance du terrain. 80% des enquêtés sont favorables à ce que des représentants de la collectivité et de la commune

132

siègent dans le conseil d'administration, afin de sensibiliser les acteurs aux attentes des

citoyens et de la société en général.

Pour ce qui est du représentant du management, la majorité des sondés sont favorables qu'il

siège au conseil d'administration (72%).

Concernant la représentation des organismes d'assurance maladie et des personnes indépendantes et compétentes au conseil d'administration et même si la majorité des répondants l'approuvent (56% et 52% respectivement), certains par contre insistent sur le risque d'interventionnisme des organismes d'assurance maladie et de la déconnexion des personnes indépendantes de la réalité et du vécu de l'hôpital.

b. Le secteur privé

Stakeholders

D'accord

Pas d'accord

Patients

81,8%

18,2%

Personnel para et juxta- médical

50%

50%

Corps médical

95,5%

4,5%

Collectivité et commune

13,6%

86,4%

Organismes d'assurance maladie

54,5%

45,5%

Direction et management

95,5%

4,5%

Personnes indépendantes compétentes

50%

50%

Pour le secteur privé, 81,8% des enquêtés approuvent le siège des représentants des patients

dans le conseil d'administration. Ceci va leur permettre d'exprimer leurs attentes et désirs et contribuer par la suite à l'amélioration des prestations. Cependant les répondants sont partagés

sur la représentation éventuelle du personnel para et juxta - médical, pour certains cette

adhésion bénéficiera à la clinique par la mise en contribution du savoir faire opérationnel et de

la connaissance du terrain des paramédicaux, pour d'autres ces derniers ne présentent pas un intérêt particulier.

Par ailleurs 95,5% des répondants acceptent la représentation du corps médical, ceci a été expliqué par le fait qu'ils sont aussi clients de la clinique et apporteront une évaluation de la qualité des services. De même pour le management (95,5%) qui, selon les répondants, a une contribution complémentaire par la sensibilisation des autres acteurs à la maîtrise des coûts.

Toutefois, la majorité des personnes enquêtées, rejettent l'adhésion des représentants de la collectivité et de la commune car ils les jugent incompétents. En ce qui concerne les organismes d'assurance maladie, 54,5% des sondés approuvent qu'ils siègent au conseil

133

d'administration. Cette représentation aura pour effet de suggérer des améliorations

engendrant une rentabilité meilleure de la clinique. Par contre 45,5% des enquêtés rejettent

l'idée et trouvent que ces organismes joueront un rôle de créancier et pourront intervenir dans

la conduite de la clinique.

Au sujet de l'adhésion de personnes indépendantes et compétentes au conseil d'administration, les opinions sont partagées. Certains y sont favorables et pensent que la clinique bénéficiera de leurs expertises et compétences. Pour d'autres ces personnes, sont éloignées de la réalité de clinique et ne peuvent être d'aucun apport.

II.3.2 Appréciation de l'effet de la gouvernance normative sur la performance

II.3.2.1 Analyse globale

 

Impact favorable

Impact défavorable

Impact neutre

Gouvernance normative

85,1%

2,1%

12,8%

La majorité des répondants (85,1%) trouvent que la gouvernance normative aura un impact

favorable sur la performance en fournissant un terrain propice au dialogue et au consensus et

en prenant en compte les intérêts particuliers des stakeholders, ce qui aura pour effet de définir, organiser et récompenser la participation de chacun à un objectif collectif.

Cependant 12,8% des enquêtés pensent qu'elle aura un impact neutre et 2,1% impact défavorable sur la performance. Selon ces personnes une gouvernance normative pourra voir pour effet de :

§ Rendre les délibérations et la prise de décisions du conseil d'administration moins

efficaces.

§ Gaspiller le temps dans la recherche de consensus difficiles.

§ Empêcher le Conseil d'administration, de faire preuve d'un leadership vigoureux et décisif au sein de l'organisation.

II.3.2.2 Analyse sectorielle

a. Le secteur public

 

Impact favorable

Impact défavorable

Impact neutre

Gouvernance normative

88%

0%

12%

134

Selon la majorité des personnes enquêtées représentants le secteur public, la gouvernance

normative aura un effet favorable sur la performance (88%). 12% affirment qu'elle aura un

impact neutre.

b. Le secteur privé

 

Impact favorable

Impact défavorable

Impact neutre

Gouvernance normative

81,8%

4,5%

13,6%

Selon la majorité des personnes enquêtées représentants le secteur privé, la gouvernance

normative aura un effet favorable sur la performance (81,8%). 13,6% affirment qu'elle aura

un impact neutre et 4,5% pensent qu'elle aura un impact défavorable sur la performance.

II.3.3 Gouvernance normative versus Gouvernance constatée

G Normative è

Favorise

Bloque

Neutre

Total

G Constatée ê

Favorise

72,22%

0%

27,78%

100%

Défavorise

100%

0%

0%

100%

Relation ambiguë

88,24%

5,88%

5,8%

100%

Total

85 ,11%

2,13%

12,77%

100%

Cette analyse croisée montre que :

§ 72,22% des personnes affirmant que la gouvernance constatée favorise la performance, continuent à le penser pour la gouvernance normative. Contre 27,7% qui changent d'opinion et trouvent que la gouvernance normative aura un effet neutre sur la performance.

§ 100% des personnes affirmant que la gouvernance constatée bloque la performance, trouvent que la gouvernance normative aura un impact favorable sur la performance.

§ Pour 88,24% des enquêtés trouvant la relation entre la gouvernance constatée et la performance ambiguë, la gouvernance normative aura un impact favorable sur la performance. Cependant 5,88% pensent qu'elle aura un impact défavorable et neutre respectivement.

Nous avons cherché auprès des membres du conseil d'administrations des cliniques privées, généralement des médecins actionnaires, ayant répondu que la gouvernance normative favoriserait la performance, à savoir pourquoi cette dernière n'était pas en vigueur dans leurs établissement puisqu'ils pensent qu'elle aura un effet positif sur la performance.

135

Nous avons recueilli plusieurs types de réponses, parmi les plus citées est « faute de

personnes compétentes ». Certains répondants nous ont affirmé qu'ils ont essayé de mettre en place des systèmes similaires mais les parties concernées n'étaient pas intéressées et motivées pour siéger au sein du conseil d'administration.

Par ailleurs plusieurs personnes enquêtées nous ont répondu que « parce que ce n'était pas

nécessaire » ou « parce que les autres ne le font pas ».

Ces réponses peuvent s'expliquer par l'état du marché privé des soins qui n'est pas assez concurrentiel et compétitif, où l'information concernant la qualité de la gestion des cliniques n'est pas disponible aux patients. Ces derniers ne revendiquent pas assez leurs attentes et leurs intérêts et manquent de représentation par les organisations et ligues compétentes pouvant exercer une pression sur les prestataires de soins.

II.3.4 Quelle gouvernance pour atteindre la performance ?

Nous nous proposons dans ce qui suit de déterminer les traits de la gouvernance permettant d'atteindre la performance escomptée dans les établissements de soins en Tunisie, pour cela une analyse croisée a été effectuée entre les personnes trouvant que la gouvernance normative favoriserait la performance et leur appréciation de la représentation des stakeholders :

Stakeholders

D'accord

Pas d'accord

Patients

97,5%

2,5%

Personnel para et juxta- médical

70%

30%

Corps médical

85%

15%

Collectivité et commune

52,5%

47,5%

Organismes d'assurance maladie

57,5%

42,5%

Direction et management

85%

15%

Personnes indépendantes compétentes

55%

45%

Par conséquent, la gouvernance permettant d'atteindre la performance escomptée dans les

établissements de soins en Tunisie est celle qui permet aux stakeholders suivants de siéger au

conseil d'administration :

§ Les représentants des patients (97,5%) ;

§ Les représentants du corps médical (85%) ;

§ Les représentants de la direction et du management (85%) ;

§ Les représentants du personnel para et juxta- médical (70%) ;

§ Les représentants des organismes d'assurance maladie (57,5%) ;

136

§ Des personnes indépendantes compétentes (55%) ;

§ Les représentants de la Collectivité et de la commune (52%).

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