I.2 LA GOUVERNANCE DANS L'HOPITAL
I.2.1 Perceptions et conceptions de la
gouvernance
Nous avons essayé au début de la partie
relative à la gouvernance de recueillir les définitions et
conceptions qu'ont les personnes questionnées de cette notion, en
posant une question ouverte, laissant au répondant la liberté de
s'exprimer.
Cependant nous avons constaté que souvent les
personnes questionnées avaient des difficultés et des
ambiguïtés à définir la notion. Nous avons aussi
constaté que les répondants confondaient souvent la gouvernance
avec le management en général.
Pour ce qui est des réponses obtenues, la notion de
gouvernance a été définie de plusieurs manières
selon les personnes interviewées :
Dans le secteur public, la majorité des définitions
font référence au processus de prise de décision :
« La collégialité dans la prise de
décision ».
« L'art et la manière permettant à un
décideur de prévoir, organiser, administrer et évaluer
la
gestion de l'organisation d'une façon cohérente,
pertinente et éthique ».
« Unicité du commandement avec la consultation
des parties concernées par une prise de décision ».
L'accent mis par ces définitions sur la prise
de décision, comme axe central de la gouvernance , nous
renseigne sur la complexité de ce processus dans les
hôpitaux publics, notamment à cause de la multitude des
intervenants et des rapports de forces existant entre les acteurs hospitaliers
notamment le corps médical et le dirigeant de l'établissement.
D'autres définitions associent le concept de
développement durable (Sustained growth) :
« Gestion du présent et du futur à travers la
constitution d'une vision pour l'organisation ».
« Le contrôle de la gestion et la planification de
l'avenir de l'établissement ».
Pour d'autres personnes la gouvernance est :
« La garantie d'une gestion saine ou s'assurer que
l'entité est managée correctement ».
105
« Gérer les hommes, collaborer et rechercher le
compromis pour réaliser la mission et les
objectifs».
« Le partage des pouvoirs et des responsabilités
».
Concernant les définitions énoncées par
les enquêtés appartenant au secteur privé, la
gouvernance est :
« La capacité de résolution des
problèmes ».
« La coordination des centres de responsabilités
».
« La gestion des intérêts en présence
sous contraintes ».
« L'exercice d'une autorité légitime
».
Ces définitions, confirment la théorie et
montrent les acceptations multiples et le caractère dynamique de la
notion de gouvernance. Par ailleurs, la majorité des définitions
évoquent les concepts de pouvoir, d'autorité et
d'intérêts en présence.
I.2.2 Appréciation des définitions
théoriques de la gouvernance
I.2.2.1 Analyse globale
Définition
|
Système
normatif
|
Pratique
usuelle
|
Pratique
envisagée
|
Le ralliement des intérêts des parties prenantes
|
29 ,8%
|
48,9%
|
21,3%
|
La surveillance et le contrôle de la gestion du
dirigeant
|
27,7%
|
63,8%
|
8,5%
|
La participation des parties prenantes à la prise de
décision
|
44,7%
|
40,4%
|
14,9%
|
La responsabilisation des professionnels envers
l'amélioration continue de la qualité des
prestations
|
38,3%
|
27,7%
|
34%
|
L'appréciation des définitions théoriques de
la gouvernance a révélé que le ralliement des
intérêts en présence est une pratique
usuelle dans les établissements de soins (48,9%), cependant nous
remarquons que la majorité des personnes enquêtées
associent le mot recherche au ralliement des intérêts.
Ces personnes affirment qu'au sein du conseil d'administration, du
comité médical et de toute instance de prise de décision,
on recherche la résolution des problèmes et les conflits
d'intérêts. De même, la gouvernance, comme
mécanisme de surveillance et de contrôle du dirigeant, est une
pratique vécue (63,8%).
Par ailleurs, la participation des parties
prenantes à la prise de décision et la
responsabilisation des professionnels envers l'amélioration
continue de la qualité des prestations, qui n'est autre que la
gouvernance clinique, ont été jugées de l'ordre du
normatif.
(44,7% et 38,3% respectivement).
106
I.2.2.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
Définition
|
Système
normatif
|
Pratique
usuelle
|
Pratique
envisagée
|
Le ralliement des intérêts des parties prenantes
|
32%
|
36%
|
32%
|
La surveillance et le contrôle de la gestion du
dirigeant
|
28%
|
56%
|
16%
|
La participation des parties prenantes à la prise de
décision
|
32%
|
48%
|
20%
|
La responsabilisation envers l'amélioration continue de
la
qualité des prestations
|
36%
|
24%
|
40%
|
Le ralliement des intérêts des parties prenantes est
une pratique usuelle dans les hôpitaux
publics (36%), de même pour la surveillance et le
contrôle de la gestion du dirigeant (56%) et pour la participation des
parties prenantes à la prise de décision (48%), cela peut
être expliqué par le cadre juridique qui a
précisé théoriquement la représentation des
principaux stakeholders dans le conseil d'administration. Cependant, dans
2/3 des hôpitaux constituant l'échantillon, toutes les
personnes interrogées mettent l'accent sur le
désintéressement des membres, notamment les représentants
des usagers qui n'assistent même pas aux sessions du conseil
d'administration.
Pour ce qui concerne la gouvernance clinique, elle est une
pratique envisagée. Ceci est dû à
la nouvelle situation de l'hôpital public. Privé
des subventions de l'Etat, ce dernier devra se prendre en charge en
responsabilisant les professionnels et les soignants à la
maîtrise des coûts engagés et à
l'amélioration de la qualité des prestations.
b. Le secteur privé
Définition
|
Système
normatif
|
Pratique
usuelle
|
Pratique
envisagée
|
Le ralliement des intérêts des parties prenantes
|
27,3%
|
63,6%
|
9,1%
|
La surveillance et le contrôle du dirigeant
|
27,3%
|
72,7%
|
0%
|
La participation des parties prenantes à la prise de
décision
|
59,1%
|
31,8%
|
9,1%
|
La responsabilisation envers l'amélioration continue de la
qualité des prestations
|
40,9%
|
31,8%
|
27,3%
|
A l'instar de ce qui se passe dans le secteur public, Le
ralliement des intérêts des parties
prenantes ainsi que La surveillance et le contrôle du
dirigeant, relèvent du vécu des cliniques privées (63,6%
et 72,7% respectivement). Cependant 59,1% des répondants ont
jugé que la participation des parties prenantes à la prise
de décision est un système normatif. Cela s'explique par
le fait que la clinique privée se présente
généralement, sous la forme d'une coopérative de
médecins. Ces derniers sont à la fois praticiens et actionnaires.
Par conséquent,
107
le pouvoir de prise de décision aussi bien médicale
que managériale est centralisé entre les
mains des médecins propriétaires et il n'y a
pas lieux de participation d'autres parties
prenantes à la prise de décision.
Concernant la gouvernance clinique, 40,9% des personnes
enquêtées considèrent que c'est
un système normatif. En effet, les médecins
étant les clients de la clinique et témoignant d'une grande
mobilité dans le choix des structures, rendent la mise en
place d'une gouvernance clinique problématique.
I.2.3 Appréciation des intérêts des
stakeholders
I.2.3.1 Analyse globale
Importance
|
Prioritaire
|
Secondaire
|
Aléatoire
|
Partie prenante
|
Actionnaire / Tutelle
|
66%
|
19,1%
|
14,9%
|
Dirigeant
|
59,6%
|
31,9%
|
8,5%
|
Corps médical
|
61,7%
|
38 ,3%
|
0%
|
Personnel paramédical et non
médical
|
4,3%
|
55,3%
|
40,4%
|
Patients
|
40,4%
|
40 ,4%
|
19,1%
|
La collectivité
|
10,6%
|
25,5%
|
63,8%
|
De manière générale, les
intérêts des financeurs, du dirigeant et du corps
médical sont
prioritaires dans le système de gouvernance et
le management de l'établissement de soins. Cette importance
accordée à leurs intérêts s'explique par les
positions de forces de ces stakeholders. En effet, les financeurs apportent
des ressources indispensables au fonctionnement de l'établissement,
d'où la priorité de leurs intérêts (66%). De leurs
parts, les médecins ont des intérêts prioritaires (61,7%)
car ils sont détenteurs de savoir faire spécifique
et exercent un métier symbolique, où la
charge émotionnelle est assez élevée. En ce qui
concerne l'intérêt du dirigeant, il a
été jugé prioritaire (59,6%), vu la position dominante de
celui ci sur le management de l'organisation et sur le partage des
ressources.
L'intérêt du personnel paramédical et non
médical a été estimé secondaire (55,3%)
malgré que c'est le stakeholder qui connaît le plus le
processus de soins et qui assure une prise en charge globale du patient.
Concernant les patients, leur intérêt est
variable, tiraillé entre prioritaire et secondaire
(40,49%). Enfin l'intérêt de la collectivité
a été jugé aléatoire (63,8%), ce qui peut
s'expliquer
par le rôle passif que joue la communauté, les ONG
et les représentants de la commune dans
la gouvernance et le management de l'établissement de
soins.
108
I.2.3.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
Importance
|
Prioritaire
|
Secondaire
|
Aléatoire
|
Partie prenante
|
Tutelle
|
76%
|
8%
|
16%
|
Dirigeant
|
72%
|
20%
|
8%
|
Corps médical
|
44%
|
56%
|
0%
|
Personnel paramédical et non
médical
|
4%
|
52%
|
44%
|
Patients
|
28%
|
48%
|
24%
|
La collectivité
|
16%
|
32%
|
52%
|
L'intérêt de la tutelle est jugé
prioritaire (76%) confirmant l'importance accordée à la
performance verticale comme il a été
montré précédemment. De même pour le
dirigeant
(72%), qui est en position de force, engendrée par
l'influence qu'il exerce sur les autres
stakeholders à travers la répartition du budget et
des moyens sur les centres de responsabilités.
Concernant les intérêts des professionnels et
des soignants, ils sont estimés secondaires
(56% et 52% respectivement), malgré le fait
qu'ils sont sureprésentés au conseil d'administration.
Les patients quant à eux ont des intérêts
secondaires (48%), pouvant s'expliquer par le fait qu'ils sont
généralement des indigents, ne revendiquant pas leurs
intérêts et dépourvus d'organismes compétents et
adéquats défendant leurs intérêts. Cependant
l'intérêt de la collectivité est aléatoire (52%)
témoignant du rôle minime de celle-ci dans la gouvernance et
la gestion de l'établissement.
b. Le secteur privé
Importance
|
Prioritaire
|
Secondaire
|
Aléatoire
|
Partie prenante
|
Actionnaire
|
54,5%
|
31,8%
|
13,6%
|
Dirigeant
|
45,5%
|
45,5%
|
9,1%
|
Corps médical
|
81,8%
|
18,2%
|
0%
|
Personnel paramédical et non
médical
|
4,5%
|
59,1%
|
36,4%
|
Patients
|
54,5%
|
31,8%
|
13,6%
|
La collectivité
|
4,5%
|
18,2%
|
77,3%
|
Les intérêts de l'actionnaire, du corps
médical et des patients ont été jugés
prioritaires
(respectivement 54,5%, 81,8% et 54,5%), ce qui confirme les
définitions de la performance citées précédemment
comme satisfaction des intérêts des médecins, des
patients et des actionnaires.
109
L'intérêt du dirigeant contrairement au secteur
public est tiraillé entre le prioritaire et le
secondaire, vu que ce dernier peut être salarié de
l'établissement ou actionnaire ou médecin
praticien dans la clinique.
L'intérêt du personnel paramédical et
non médical est secondaire (59,1%). Selon une personne
enquêtée, cette importance secondaire est due à leur
position sur le marché de travail, où il existe une offre
importante et supérieure à la demande des cliniques. Concernant
l'intérêt de la collectivité, à l'instar du
secteur public, il est considéré comme aléatoire
(77,3%).
I.2.4 Appréciation des rapports entre les
stakeholders
I.2.4.1 Analyse globale
|
Concertation
|
Négociation
|
Entente
|
Conflit
|
Hôpital - financeurs
|
25,5%
|
31,9%
|
34%
|
8,5%
|
Dirigeant - financeurs
|
21,3%
|
27,7%
|
46,8%
|
4,3%
|
Corps médical- dirigeant
|
17%
|
27,7%
|
10,6%
|
44,7%
|
Corps médical - patients
|
23,4%
|
6,4%
|
61,7%
|
8,5%
|
En général, les rapports entre
établissement de soins et financeurs sont des rapports
d'entente (34%) même si les rapports de
négociation sont assez importants (31,9%). De même pour ce qui
concerne les rapports entre le dirigeant et les financeurs (46,8%) et
pour les rapports entre les patients et le corps médical (61,7%).
Cependant les rapports entre le corps médical et le
dirigeant sont conflictuels (44,7%) ce qui confirme les idées
avancées dans la partie théorique.
I.2.4.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
|
Concertation
|
Négociation
|
Entente
|
Conflit
|
Hôpital - Tutelle
|
20%
|
40%
|
32%
|
8%
|
Dirigeant - Tutelle
|
28%
|
16%
|
52%
|
4%
|
Corps médical- dirigeant
|
16%
|
24%
|
12%
|
48%
|
Corps médical - patients
|
24%
|
8%
|
64%
|
4%
|
Les rapports existants entre la tutelle et l'hôpital sont
de négociation (40%). Toutefois la
majorité des répondants notent la position
de faiblesse de l'établissement face à la tutelle. Cette
dernière intervient dans la détermination du budget, dans
le recrutement en imposant des recrues pour des postes donnés et dans
la création de services, des fois même contre l'avis
110
du conseil d'administration. En ce sens les
négociations portent essentiellement sur
l'obtention des ressources indispensables au fonctionnement de
l'hôpital.
Concernant les rapports du dirigeant avec la tutelle,
c'est l'entente (52%), cependant la majorité des personnes
enquêtées associent le mot soumission avec celui d'entente. Selon
eux,
le dirigeant est en position de faiblesse par rapport à la
tutelle et en plus, il puise sa légitimité
d'elle.
Pour ce qui est des rapports entre le dirigeant et le corps
médical, il s'agit de conflit (48%), qui s'expliquent par la
question de partage des ressources d'une part et par la divergence
d'expertise, de culture et des perceptions de coûts et de qualité.
L'entente domine les rapports existants entre le corps médical et
les patients (64%). Comme nous l'avons mentionné
précédemment, ces derniers, sont en position de faiblesse devant
les producteurs de soins et
ont plutôt des rapports de soumission avec les
médecins.
b. Le secteur privé
|
Concertation
|
Négociation
|
Entente
|
Conflit
|
Hôpital - Actionnaire
|
31,8%
|
22,7%
|
36,4%
|
9,1%
|
Dirigeant - Actionnaires
|
13,6%
|
40,6%
|
40,9%
|
4,5%
|
Corps médical- dirigeant
|
18,2%
|
31,8%
|
9,1%
|
40,9%
|
Corps médical - patients
|
22,7%
|
4,5%
|
59,1%
|
13,6%
|
Si la majorité des répondants affirment
qu'ils existent des rapports d'entente entre la
clinique et les actionnaires (36,4%), les rapports de
concertation sont assez importants
(31,8%). En effet, les concertations portent souvent sur le
montant des dividendes distribués
et les objectifs de croissance de l'entité. Des
rapports d'entente dominent les relations
dirigeant - actionnaires (40,9%) expliqués par le fait que
souvent le dirigeant est un médecin
- actionnaire dans la clinique.
A l'instar, de ce qui se passe dans le secteur public,
les rapports entre le dirigeant et le
corps médical sont conflictuels (40,9%). Ces conflits
concernent généralement les échéances
et les modalités de payement, selon les personnes
interviewées.
Concernant les rapports entre le corps médical et les
patients, il existe une entente (59,1%),
vu la position de force du patient qui paye la prestation de
soins.
111
I.2.5 Justification du recours à
l'éthique
I.2.5.1 Analyse globale
Ethique
|
Toujours
|
Parfois
|
Rarement
|
l'éthique des compétences
|
59,6%
|
27,7%
|
12,8%
|
l'éthique de la répartition des
ressources
|
29,8%
|
44,7%
|
25 ,5%
|
l'éthique des responsabilités
|
40,4%
|
46,8%
|
12,8%
|
l'éthique des pratiques
médicales
|
27 ,7%
|
59,6%
|
12,8%
|
L'éthique de communication
|
17%
|
31,9%
|
51,1%
|
Les acteurs hospitaliers ne recourent toujours qu'à
l'éthique des compétences (59 ,6%). En
effet, c'est au comité médical que le souci de
crédibilité professionnelle est le plus pondérant.
Concernant l'éthique de la répartition des ressources, des
responsabilités et des pratiques médicales, le recours
se justifie parfois dans certains cas (44,7%, 46,8% et 59,6%
respectivement) , reflétant la sous préoccupation des
professionnels de la maîtrise des coûts et
de l'allocation optimale des ressources ainsi que
l'absence de procédures d'évaluation des
pratiques, de la qualité des soins et des coûts
engagés.
Le rare recours à l'éthique de communication
(51,1%) confirme les idées avancées dans la partie
théoriques au sujet de l'asymétrie d'informations existante
entre les stakeholders de l'hôpital, notamment : le corps
médical et les patients, le corps médical et le
dirigeant, et l'hôpital et la tutelle.
I.2.5.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
Ethique
|
Toujours
|
Parfois
|
Rarement
|
l'éthique des compétences
|
56%
|
20%
|
24%
|
l'éthique de la répartition des
ressources
|
20%
|
52%
|
28%
|
l'éthique des responsabilités
|
40%
|
40%
|
20%
|
l'éthique des pratiques
médicales
|
16%
|
72%
|
12%
|
L'éthique de communication
|
8%
|
48%
|
44%
|
b. Le secteur privé
Ethique
|
Toujours
|
Parfois
|
Rarement
|
l'éthique des compétences
|
63,6%
|
36,4%
|
0%
|
l'éthique de la répartition des
ressources
|
40,9%
|
36,4%
|
22,7%
|
l'éthique des responsabilités
|
40,9%
|
54,5%
|
4,5%
|
l'éthique des pratiques
médicales
|
40,9%
|
45,5%
|
13,6%
|
L'éthique de communication
|
27,3%
|
13,6%
|
59,1%
|
Les résultats de l'analyse sectorielle convergent vers
ceux de l'analyse globale, notons que
dans le secteur privé l'éthique de la
répartition des ressources est importante (40,9%), ceci
112
s'explique par la recherche de la compression des coûts
tout en sauvegardant le niveau de la
qualité, afin de dégager une rente
bénéficiaire. Par ailleurs l'éthique de communication
reste
secondaire voire limitée, aussi bien dans le secteur
public que privé.
I.2.6 Création de valeur dans
l'établissement de soins
I.2.6.1 Analyse globale
Dimensions de la création de valeur
|
Importante
|
Importance Secondaire
|
Limitée
|
Valeur économique
|
46,8%
|
44,7%
|
8,5%
|
Valeur sociale
|
40,4%
|
46,8%
|
12,8%
|
Valeur institutionnelle
|
29,8%
|
12,8%
|
57,4%
|
La création de la valeur économique est
importante dans les établissements de soins
(46,8%), elle se traduit par une capacité
d'accueil et par un niveau de qualité satisfaisant permettant
à l'établissement de satisfaire la demande et d'obtenir
un retour sur les moyens engagés.
La valeur sociale revêt une importance secondaire (46,8%)
et la valeur institutionnelle est
assez limitée dans l'ensemble (57,4%). Cela s'explique par
le fait que l'aspect économique de
la valeur n'est pas encore satisfait et aussi par le fait qu'il
n'y a pas d'associations d'usagers et
de bénéficiaires compétentes et
revendiquant la création davantage de valeur sociale et
institutionnelle.
I.2.6.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
Dimensions de la création de valeur
|
Important
|
Importance Secondaire
|
Limité
|
Valeur économique
|
44%
|
44%
|
12%
|
Valeur sociale
|
44%
|
44%
|
12%
|
Valeur institutionnelle
|
32%
|
12%
|
56%
|
Le tiraillement entre le niveau importance accordée
à la valeur économique et sociale
(44%) nous renseigne sur la transition que vie
l'hôpital public, écartelé entre sa mission de service
social et la logique lucrative, après la suppression des
subventions de l'Etat. Ce dernier doit se prendre en charge et assurer son
équilibre financier.
Pour ce qui est de la valeur institutionnelle, elle
reste assez limitée (56%) reflétant l'actuelle absence de
considérations pour la valeur de l'institution ainsi que
l'inexistence d'une culture organisationnelle.
113
b. Le secteur privé
Dimensions de la création de valeur
|
Important
|
Importance Secondaire
|
Limité
|
Valeur économique
|
50%
|
45,5%
|
4,5%
|
Valeur sociale
|
36,4%
|
50%
|
13,6%
|
Valeur institutionnelle
|
27,3%
|
13,6%
|
59,1%
|
A l'instar de l'importance accordée à la
création des différents types de valeur dans
l'hôpital public, la valeur économique est
importante dans la clinique privée (50%), la valeur
sociale bénéficie d'une importance secondaire
alors que la valeur institutionnelle est limitée
(59,1%). Cette importance s'explique par le caractère
marchand de l'activité et l'esprit lucratif
de la clinique, qui est plutôt préoccupée de
rentabilité financière.
I.2.7 Répartition de la valeur créée
dans l'établissement de soins
I.2.7.1 Analyse globale
Dimensions de la
valeur
|
Répartition
Egalitaire
|
Répartition suivant
l'effort fourni
|
Répartition
suivant le mérite
|
Répartition
Equitable
|
Valeur économique
|
25,5%
|
21,3%
|
31,9%
|
21,3%
|
Valeur sociale
|
21,3%
|
25,5%
|
23,4%
|
29,8%
|
Valeur institutionnelle
|
29,8%
|
21,3%
|
25,5%
|
23,4%
|
La répartition de la valeur créée ou le
revenu, est un axe important de la gouvernance. C'est
dans cette perspective que nous avons essayé
d'étudier la répartition de la valeur créée :
§ La valeur économique est répartie
suivant le mérite (31,9%), c'est à dire la
capacité d'obtenir des résultats, pour certains
répondants, le mérite peut être aussi assimilé
à l'existence d'intérêts commun entre les
répartiteurs et les bénéficiaires. Pour eux la valeur
économique est répartie en fonction des intérêts et
des positions de forces.
§ La valeur sociale est répartie de manière
équitable (29,8%), c'est à dire en fonction de la
contribution de chacun à la création de valeur.
§ La valeur institutionnelle est répartie d'une
façon égalitaire (29,8%), pour que tout un chacun soit fier
d'appartenir à l'établissement de soins et de traiter avec
lui.
I.2.7.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
Dimensions de la
valeur
|
Répartition
Egalitaire
|
Répartition suivant
l'effort fourni
|
Répartition
suivant le mérite
|
Répartition
Equitable
|
Valeur économique
|
44%
|
12%
|
20%
|
24%
|
Valeur sociale
|
24%
|
28%
|
28%
|
20%
|
Valeur institutionnelle
|
36%
|
12%
|
32%
|
20%
|
114
Dans le secteur public, la valeur économique est
répartie d'une manière égalitaire. La
valeur économique été assimilée
par plusieurs répondants à la répartition du budget entre
les différents centres de responsabilités. Ils expliquent la
répartition égalitaire par l'interdépendance existante
entre les centres de responsabilité dans le processus de prise en
charge du patient.
La répartition de la valeur sociale est tiraillée
entre l'effort et le mér ite (28%), elle concerne
les rapports avec les autres établissements de soins, avec
les fournisseurs, avec la commune...
La valeur institutionnelle est répartie d'une
manière égalitaire (36%) comme c'est le cas pour l'analyse
globale.
b. Le secteur privé
Dimensions de la
valeur
|
Répartition
Egalitaire
|
Répartition suivant
l'effort fourni
|
Répartition
suivant le mérite
|
Répartition
Equitable
|
Valeur économique
|
4,5%
|
31,8%
|
45,5%
|
18,2%
|
Valeur sociale
|
18,2%
|
22,7%
|
18,2%
|
40,9%
|
Valeur institutionnelle
|
22,7%
|
31,8%
|
18,2%
|
27,3%
|
L'intéressement des stakeholders à travers la
répartition de la valeur économique s'opère
sur la base du mérite (45,5%), c'est à dire en
fonction des résultats obtenus, ce qui confirme l'importance
accordée aux résultats dans le secteur privé pour
évaluer la performance. Concernant la valeur sociale, elle est
répartie de façon équitable (40,9%). Comme l'ont
expliqué plusieurs personnes enquêtées, cette
répartition concerne la qualité des rapports de la clinique avec
les organismes de sécurité sociale et d'assurance maladie ainsi
que les sociétés avec les quelles ils existent des
conventions de service. Pour ce qui est de la valeur institutionnelle,
elle est répartie selon l'effort (31,8%).
En conclusion, les critères de répartition
nous renseignent sur l'existence de systèmes d'incitations, de
récompenses et de gratification dans les cliniques privées
contrairement aux hôpitaux publics, où l'intéressement ne
dépasse pas 7% du revenu.
I.2.8 Appréciation des axes de la
gouvernance
I.2.8.1 Analyse globale
|
Essentiellement
|
Dans certains cas
|
Rarement
|
Le pouvoir
|
42%
|
31,9%
|
25,5%
|
L'éthique
|
29,8%
|
40,4%
|
29,8%
|
Le revenu
|
27,7%
|
27,7%
|
44,7%
|
115
L'analyse globale montre que la gouvernance s'articule
essentiellement autour de la notion
de pouvoir (42%), c'est à dire la répartition du
pouvoir de décision et de contrôle.
L'éthique, présentée comme la prise
en compte des intérêts en présence ainsi que la
participation à la prise de décision, est secondaire
(40,4%). Enfin le revenu, qui est le processus de création et de
répartition de la valeur créée, a été
jugé comme un aspect rare de
la gouvernance (44,7%).
I.2.8.2 Analyse sectorielle
a. Le secteur public
|
Essentiellement
|
Dans certains cas
|
Rarement
|
Le pouvoir
|
56%
|
28%
|
16%
|
L'éthique
|
28%
|
44%
|
28%
|
Le revenu
|
16%
|
28%
|
56%
|
La gouvernance dans les hôpitaux publics correspond
essentiellement au pouvoir (56%),
l'éthique y est secondaire (44%) et l'aspect revenu
est rarement présent (56%). Ceci s'explique par la lutte pour
le pouvoir existante entre les différents centres de
décisions
(compétition inter - services et
inter-médecins) et entre la sphère médicale et
managériale pour le partage des ressources. Le niveau
d'importance accordé au revenu s'explique par l'indépendance
de la rémunération monétaire des acteurs de leurs
performances, par la suite c'est le pouvoir qui domine pour satisfaire la
partie non monétaire des fonctions d'utilités du corps
médical et du dirigeant, confirmant par conséquent la
théorie.
b. Le secteur privé
|
Essentiellement
|
Dans certains cas
|
Rarement
|
Le pouvoir
|
27,3%
|
36,4%
|
36,4%
|
L'éthique
|
31,8%
|
36,4%
|
31,8%
|
Le revenu
|
40,9%
|
27,3%
|
31,8%
|
Pour la clinique privée, la gouvernance est
essentiellement appréhendée comme le
processus de création de valeur et de la
répartition des fruits de l'activité sur les
bénéficiaires
de continuité (40,9%). Cependant la gouvernance est
rarement appréhendée comme la répartition du pouvoir de
décision et de contrôle (36,4%).
L'éthique est secondaire et intervient dans certains cas
(36,4%), ce qui converge avec les résultats obtenus pour le secteur
public.
116
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