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Internationalisation économique du sport. Les clubs de football sur les traces des entreprises multinationales

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par Arnauld Kayembe Tabu Nkang'Adi Nzu
Université d'Anvers - Master en Management international et développement 2000
  

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Chapitre 1. LES OPERATIONS PROPRES AU FOOTBALL.

Les opérations propres concernent, à l'opposé des opérations induites qui sont la conséquence du développement économique de la pratique du football, l'ensemble d'activités ci-dessous reprises qui sont effectuées en vue de la survie et de la rentabilisation du sport. Elles sont telles, parce qu'elles sont l'oeuvre directe des dirigeants du football et dictées de la sorte par la logique sportive.

Section 1. LE TRANSFERT INTERNATIONAL DES JOUEURS.

Si le football se veut une discipline sportive, le transfert, lui, en a constitué au long des âges la branche marchande qui lui confère aujourd'hui le caractère de business. Il en est devenu le fer de lance de l'internationalisation. En fait, considéré déjà par la Cour européenne de justice comme une activité économique, et donc devant se soumettre à l'application des dispositions légales posées par le traité constitutif de ce qui est devenu l'Union européenne (Affaires 36/74 Walrave contre UCI, in Rec. 1974, p. 1405 ; Affaire 13/76 Donà contre Mantero, Rec. 1976, p. 1333 ; Affaire 222/86 Heylens contre Unctef, Rec. 1987, p. 4097 et l'affaire C-415/93 dite Bosman du 15 décembre 1995), le sport, et partant le football, sait intégrer toutes les lois économiques en vue de l'accroissement du profit et du succès. Le cas particulier du football est assez éloquent. Il a su mettre sur pied un système de transfert qui, bien que sujet à controverses ces derniers temps, lui a toujours réussi. Le Président de la FIFA, M. Sepp Blatter ne l'a-t-il pas reconnu à maintes reprises, en réaction aux propositions de la Commission européenne tendant à faire réformer complètement le fonctionnement de ce système actuellement en vigueur, jugé contraire aux dispositions de droit communautaire européen.( http://fr.sports. Yahoo.com/000901/1/mblz.html).

Le transfert est, aujourd'hui, un thème inépuisable de discussions et de réflexion. Que l'on parle de fédérations internationales, continentales ou nationales d'automobile, de base-ball, de basket, de cyclisme, de football, de hockey, de ski ou d'autres sports de cette envergure, qu'il soit question du système de marketing des ligues de football et ou des clubs sportifs en général, de la puissance financière des équipes sportives ou de certains sportifs, individuellement, de la une de certains quotidiens relayant à longueur des journées les événements sportifs ou des dossiers déchirants les clubs, des fusions et acquisitions dans le monde sportif, sans cesse revient la question de transfert des joueurs. Ce n'est pas là une simple question de mode.

Les problèmes posés par l'existence et le fonctionnement du système de transfert des joueurs de football sont l'occasion, ces derniers temps, de débats, souvent âpres et bien pertinents. En fait, la commission européenne considère le système en vigueur des indemnités, de plus en plus mirobolantes, de transfert comme dégradant pour les joueurs et inhumain pour les plus jeunes d'entre eux, jetés à la rue quand ils ne promettent pas de juteuses plus-values financières. Pour la Commission, les footballeurs doivent être régis par la loi commune voulant qu'un travailleur en contrat à durée déterminée puisse le rompre quand il le désire contre versement d'une indemnité égale au montant des salaires qui lui resteraient à percevoir à la date de la résiliation. Cependant, face aux critiques des commissaires européens jugeant scandaleuses les pratiques actuelles du football où les joueurs sont traités en marchandises, le Président de la FIFA Joseph Sepp Blatter a prédit « la fin des indemnités exorbitantes de transfert ». Mais, le sport bénéficie d'un large soutien de certaines autorités politiques.

1. 1. L'INTERVENTION DES POLITIQUES :

Le football business compte toujours sur son allié et fidèle milieu politique. Malgré la pression de l'Union européenne sur les instances du football envue de modifier le système des transferts des joueurs, celles-ci n'ont pas perdu leur vieux réflexe de solliciter l'appui des autorités politiques de la même union. Mais, l'unanimité dans la manière d'aborder le sujet est loin d'être acquise. C'est ainsi qu'à côté du soutien ouvert et déclaré des autorités politiques allemande et britannique, on peut aussi noter la prudence remarquable du Ministre français de la Jeunesse et du Sport.

1.1. a. LA DECLARATION DE SOUTIEN AU SYSTEME DES TRANSFERTS.

Et surprenante semble demeurer la déclaration commune du Chancelier allemand et du Premier Ministre anglais ci-après reproduite : «  Le football professionnel jouit dans nos deux pays d'une fière tradition. Tous les clubs sont profondément enracinés dans leurs villes d'origine, et les habitants sont, tous, fiers de `leur' club. Le football est source d'enthousiasme. Les fans s'identifient avec leurs clubs. Nous ne voulons pas que cela change. La Commission européenne n'est pas d'accord avec le système de transfert et les modalités des contrats de travail actuels dans le football rémunéré. Dans la perspective de la libre circulation des travailleurs, elle envisage des modifications de ce système auxquelles les clubs sont opposés. Le système existant n'est certainement pas parfait. Nous craignons cependant qu'une réforme radicale ait des effets négatifs sur la structure du football européen. Nous nous faisons du souci en particulier pour les petits clubs dont l'existence risque d'être menacée. C'est pourquoi nous pensons qu'il faut trouver une solution qui tienne compte des intérêts justifiés tant des joueurs que des clubs et des fédérations. Naturellement, nos fédérations de football doivent présenter des propositions alternatives à la Commission. Nous nous réjouissons que la Commission leur ait accordé le temps nécessaire. Nous nous félicitons du fait que la Commission soit prête à coopérer avec les représentants du football pour trouver une solution qui puisse satisfaire tout le monde. Nous sommes prêts à apporter une aide dans la recherche de solutions. Les clubs ont besoin d'une sécurité de planification pour la promotion des jeunes footballeurs et pour la constitution de leurs équipes. Ils ont besoin d'un système qui garantisse un équilibre sain et donne des chances égales à tous. Nous espérons que la Commission tiendra compte de la situation particulière dans le football professionnel dans la recherche d'un règlement du système de transfert. »( Gerhard Schröder et Tony Blair, Communiqué n° 425).

1.1.b. LES RESERVES PRUDENTES DES FRANCAIS.

Pareillement, madame Buffet» (2000), Ministre français de la Jeunesse et des Sports, et présidente en exercice du Conseil des ministres européens du Sport s'est montrée prudente en se prononçant à la fois contre le statu quo et contre une déréglementation hâtive du système des transferts dans le football. « Je crois, dit-elle, qu'un statu quo dans ce domaine (des transferts) serait inacceptable. Je crois tout autant qu'il serait préjudiciable de supprimer le système existant sans en avoir évalué toutes les conséquences au plan sportif...Je partage l'exaspération de la Commission quant au montant indécent de certaines indemnités de transfert. Je suis convaincue qu'il faut substituer au système actuel un régime indemnitaire fondé sur une base économique et sportive réelle. Je crois aussi qu'il faut protéger les mineurs contre des transactions commerciales abusives ».

Toute cette rhétorique autour du transfert renseigne ne serait-ce qu'en partie les enjeux d'un secteur qui donne assez de souffle aux clubs et aux fédérations sportifs. Loin pour nous l'audace de trancher une question aussi complexe qu'elle n'apparaît, et où les aspects positifs et négatifs n'en présagent pas, en tout cas, la disparition immédiate. A mieux interpréter la définition du transfert, l'on s'aperçoit tout de suite que le système passe pour une étape inhérente au football. Ce débat passionne autant qu'il empoisonne parfois les relations entre autorités politiques et sportives. L'Afrique, pourtant plus que jamais concernée, semble s'en être volontairement écartée.

1.2. LE MUTISME AFRICAIN.

Alors que l'actualité sur le changement ou non de l'actuel système des transferts fait la chronique de la quasi-totalité des informations sur le football ces derniers temps, l'Afrique n'a pas toujours réagi. Cela est d'autant plus surprenant que ce continent, bien que doté de jeunes

talentueux, subit encore d'énormes discriminations au niveau du coût du transfert d'un de ses ressortissants de l'Afrique vers l'Europe. Il est donc temps que tous ces problèmes fassent connaître aussi le point de vue du continent noir.

Paragraphe 1. Définition du transfert.

Pour mieux comprendre ce qu'est le transfert des joueurs de football, nous empruntons la terminologie qu'en ont forgée les instances dirigeantes de ce sport. Dans le jargon footbalistique, c'est au sommet de la hiérarchie de la discipline qu'apparaît le concept. La FIFA ( 1999) règle, à son article 34 l'opération de transfert. Cet article, relatif aux attributions de la Commission du statut du joueur, dispose que celle-ci a notamment pour mandat de donner préavis, à l'intention du Comité exécutif, sur l'interprétation des dispositions statutaires et réglementaires ayant trait à la qualification, au statut ou au transfert des joueurs. Charte constitutive de l'institution du football mondial, les statuts de la FIFA n'ont pas défini le transfert, au tour duquel, pourtant, se conçoit toute la dimension de l'internationalisation du football.

En revanche, le règlement de la FIFA concernant le statut et les transferts des joueurs, qui pose le principe de transfert sans le définir non plus, a, néanmoins, le mérite de brosser le cadre du déroulement de cette opération et d'en préciser la nature. Il prévoit que les joueurs peuvent quitter leurs associations nationales respectives pour aller jouer dans des clubs de football affiliés à d'autres associations nationales.

Mais la définition claire, précise et synthétique nous est proposée par l'Union royale belge des sociétés de football association, URBSFA, dans son règlement y afférent. Selon elle, « un transfert est l'opération qui permet à un affilié affecté d'obtenir un changement d'affectation ou une qualification temporaire pour un autre club ».

( Urbsf, 1996, p.1). Dans ce passage d'une association nationale vers une autre, le certificat international de transfert est la condition sine qua non (FIFA, 1997). L'acquisition des joueurs occasionne des dépenses, tout comme leur vente fait rentrer d'importantes sommes dans la caisse et l'économie du club. Le coût peut même être important.

1.1. Le coût du transfert des joueurs.

En établissant que les transferts, dont elle permet la réalisation à toutes les fédérations et autres associations de football, sont des contrats économiques (Article 5, alinéa 2, du règlement), la FIFA a ainsi institué la nature marchande de l'opération. Il suit que la faculté qu'a le joueur d'une équipe affiliée à une fédération nationale de football donnée d'évoluer désormais dans une autre équipe, elle-même affiliée à une autre fédération nationale, a des incidences financières certaines, mais dont l'ampleur vient de connaître une ascension spectaculaire ces derniers temps. A ce propos, et parlant du marché d'été français de vente et d'achat des joueurs, TELO Laurent (2000) écrit dans le journal sportif français, l'Equipe que « le cours du joueur est encore plus élevé que l'année dernière. Les prix deviennent excessifs. »

Les clubs de football se servent du transfert pour recruter leurs joueurs. La recherche de meilleurs talents n'épargne aux clubs aucun coin du monde. Les rares espèces, pure race d'ébène se vendent à grand prix. Aussitôt, sur la montée graduelle des montants des transferts, les observateurs et analystes s'inquiètent du phénomène : « Les transferts ont toujours existé. Mais, en l'an 2000, une nouvelle ère s'ouvre. Celle de la surenchère, des tentations. » ( Thibert Jacques, 2000).

Actuellement, le mot transfert rime avec «millions », comme l'indique le titre évocateur de cet article «foot...le retour des crampons et des millions » (HENNION Blandine, 2000), de sorte que malgré l'aspect mirobolant ou exorbitant des indemnités qui en découlent, cette opération ne reste pas moins une cheville huilée qui fait tourner à merveille la roue principale de toute présence à l'étranger des équipes et clubs de football. Au temps fort des procès entre l'Urbsf, le FC Liège et M. Bosman, la première souligna à maintes reprises que le système de transfert était «la pierre angulaire de la structure qui règle le football » (Blanpain Roger, 1996, p. 17).

Cela se confirme chaque jour. Aucune équipe ne pourrait, si vraiment elle se voulait professionnelle et compétitive, s'en passer. L'entrée des investisseurs dans le monde du football business n'a fait qu'amplifier la capacité des équipes de football professionnel de se doter de meilleurs joueurs. Une véritable stratégie d'acquisition se développe au sein des clubs, même les moins réputés. Ces derniers, eux, servent dans la plupart des cas à procéder au recrutement des joueurs et d'en assurer la revente auprès des plus professionnels. Ils sont considérés comme des pourvoyeurs incessants de grands clubs de football. Cependant, bien que marché florissant, il vaut la peine de signaler que le transfert est tributaire du degré de développement du football ; lui-meme dépendant de beaucoup d'autres facteurs, notamment politique, économique, social et culturel. En Afrique, il est rarement source d'entrées, la billetterie, les subventions et les dons étant toujours les sources ordinaires des recettes des clubs.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus